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« Fils d'un vicomte ultra-royaliste, le cardinal de Bonald a été archevêque de Lyon pendant plus de 30 ans. Ce pragmatique va réaffirmer la présence de l'Eglise dans une ville traumatisée par la Révolution puis par l'épopée napoléonienne. En voulant rechristianiser Lyon, il lance la construction de la basilique de Fourvière et sera à l'origine de la Fête des Lumières. »
Ce faisant, Benoît Vaillot redore quelque peu l’image de sa profession…
Le Chagrin et la Pitié ?
« Arte le présente comme un documentaire qui aurait mis fin au "mythe résistancialiste" de la France gaullienne, c’est-à-dire qu’il aurait permis de rompre avec l’idée selon laquelle les Français auraient été unanimement résistants face à l’occupant nazi. […] Problème : cette interprétation est contestée depuis plus de vingt ans par les historiens, qui remettent non seulement en cause l’importance du Chagrin et la Pitié en question, mais aussi l’existence même de ce "mythe résistancialiste". L’historien Pierre Laborie, spécialiste de la Résistance, défendait même l’idée que ce film était devenu la clé de voûte d’une "vulgate" de la France collaboratrice, dans le sens où il dépeint une France qui n’aurait été que collaboratrice avec l’occupant nazi. Or, c’est précisément ça le mythe, car ça minimise l’importance de la résistance. […] Ce documentaire sur Le Chagrin et la Pitié n’est donc qu’un exemple, parmi d’autres, qui illustre comment Arte se montre souvent en retard sur le plan historiographique, et aussi, il faut le dire, souvent orienté dans ses productions. »
« Il y a quelques années par exemple, Arte avait produit un documentaire sur Mein Kampf, le livre politique programmatique qu’Adolf Hitler a rédigé en prison. Dedans, il n’y avait aucune intervention d’historien. En revanche, il était dit, en gros, que le génocide des Juifs avait été écrit et programmé dans le livre. Or, bien que l’ouvrage soit en effet antisémite jusqu’au dernier degré, il n’évoque jamais "la solution finale". Dire l’inverse, c’est aller contre cinquante ans de recherche sur la Shoah. Les historiens ont démontré tout au contraire que c’est en réalité une succession de circonstances, et surtout la guerre, qui a conduit les nazis à mettre en place une politique d’extermination de masse des juifs. C’est au fur et à mesure du conflit que ce plan a été mis en place. »
« Un autre exemple : un documentaire qui présentait une filiation directe et nécessaire entre la Shoah et le génocide des Hereros et des Namas en Namibie au début du XXe siècle par les colons allemands. Un lien complètement tiré par les cheveux, des références à des philosophes comme Hannah Arendt sans les comprendre, et donc, du gloubi-boulga pas sérieux d’un point de vue historique… »
« Les historiens ne se mobilisent pas parce qu’ils sont malheureusement occupés à faire autre chose. […] Pour autant, il y a clairement un deux poids deux mesures. Quand il s’agit de dénoncer les approximations d’émissions grand public d’un Stéphane Bern, comme Secrets d’Histoire, il y a du monde. Pour un historien universitaire, critiquer Stéphane Bern est devenu une sorte de passage obligatoire, comme se réclamer d’Hérodote et lire Marc Bloch… […] En revanche, une chaîne comme Arte, considérée comme "intello", bénéficie d’une forme de présomption de légitimité et même de qualité. »
« C’est précisément ce que je conteste. Arte diffuse en réalité un grand nombre de documentaires présentés comme historiques ou scientifiques, qui ne mobilisent pourtant aucun historien dans la réalisation, la production ou même à l’antenne. On arrive même parfois à ce paradoxe, où on voit plus d’universitaires invités dans Secrets d’Histoire que dans certains documentaires d’Arte ! Pour ma part, j’ai plus d’exigences vis-à-vis des productions présentées comme scientifiques que vis-à-vis des émissions de divertissement. »
« Je pense qu’il y a une forme de mépris de classe intellectuel au sujet de l’histoire des rois et des princesses. François Simiand en 1903, déjà, appelait à abattre les trois idoles de la tribu des historiens : l’idole politique, l’idole biographique et l’idole chronologique. Il n’a été que trop suivi à l’université, mais ce sont pourtant bien les thèmes qui continuent de susciter un intérêt de la part du grand public. Les émissions de Stéphane Bern, ce n’est clairement pas l’histoire que les historiens préfèrent et écrivent. »
« En 2013, un ouvrage intitulé Les Historiens de garde (Libertalia) dénonçait les productions de Bern, Ferrand ou Deutsch. Pour ma part, comme évoqué précédemment, je pense qu’il faut distinguer et ne pas tous les mettre dans le même panier. Pour autant, l’ouvrage a raison sur un point : ils livrent une vision de l’histoire plutôt conservatrice, voire réactionnaire pour Ferrand et Deutsch.
Et ce n’est pas un point de vue que les historiens affectionnent particulièrement, car nous sommes convaincus que l’histoire permet d’émanciper. Je ne dirais pas que c’est politique, mais on ne va pas se mentir : il y a évidemment des sensibilités qui entrent en compte dans tout ça. Les historiens sont en majorité plutôt de gauche, là où le public amateur d’histoire serait, sans doute, plutôt de droite… »
« Je me souviens avoir visité une classe de première d’histoire-géographie où l’enseignant, honnête collègue du reste, diffusait un bout de documentaire complètement daté sur le plan historiographique et contraire à l’esprit du programme qu’il devait mettre en œuvre, mais qui était paré de toute la légitimité qu’offrait sa diffusion sur Arte. »
« Les conséquences sont aussi importantes dans le monde des médias, car le documentaire d’histoire est à la croisée de deux mondes, et nombre de journalistes reprennent les documentaires estampillés comme légitimes sans les questionner, car ils ne peuvent se former à l’historiographie. Les journalistes répètent ainsi des bêtises dont on peut retracer l’origine dans un documentaire. Un exemple tout simple, qui concerne un journaliste que j’apprécie et lis particulièrement : Daniel Schneidermann. Récemment, il a publié Cinq têtes coupées. Massacres coloniaux : enquête sur la fabrication de l’oubli (Le Seuil, 2023), un livre qui dénonce les crimes coloniaux français en Afrique. Un essai coup de poing. »
« Il dit partout où on veut bien l’entendre que personne ne parle de son livre ou ne s’y intéresse parce que les massacres coloniaux de la France seraient tabous. Et pourquoi dit-il ça ? Parce que depuis des années, des militants ou pire des historiens malhonnêtes se comportant en entrepreneurs identitaires produisent pour le service public des documentaires – parfois les mêmes depuis 20 ans – qui accréditent cette thèse, selon laquelle le sujet serait tabou et que la France aurait du mal à les regarder en face, etc. Alors que ces massacres sont largement documentés et étudiés par les historiens français depuis une trentaine d’années, sinon plus. »
« Je pense que Schneidermann est l’exemple même du journaliste honnête qui a simplement un train de retard historiographique, à cause des contre-vérités répétées à longueur de temps dans certains documentaires portés sur des chaînes légitimes comme Arte et par certains historiens malhonnêtes, mais médiatiques qui se sont proclamés spécialistes de la colonisation, par exemple, alors qu’ils n’ont rien écrit ou produit à ce sujet depuis 20 ans, et qui ne se sont jamais penchés sur l’histoire des sociétés coloniales. La vulgate du "documentaire historique qui lève un tabou sur un sujet d’histoire" permet de vendre un documentaire. Mais c’est rarement juste sur le plan historiographique… »
Le Chagrin et la Pitié ?
« Arte le présente comme un documentaire qui aurait mis fin au "mythe résistancialiste" de la France gaullienne, c’est-à-dire qu’il aurait permis de rompre avec l’idée selon laquelle les Français auraient été unanimement résistants face à l’occupant nazi. […] Problème : cette interprétation est contestée depuis plus de vingt ans par les historiens, qui remettent non seulement en cause l’importance du Chagrin et la Pitié en question, mais aussi l’existence même de ce "mythe résistancialiste". L’historien Pierre Laborie, spécialiste de la Résistance, défendait même l’idée que ce film était devenu la clé de voûte d’une "vulgate" de la France collaboratrice, dans le sens où il dépeint une France qui n’aurait été que collaboratrice avec l’occupant nazi. Or, c’est précisément ça le mythe, car ça minimise l’importance de la résistance. […] Ce documentaire sur Le Chagrin et la Pitié n’est donc qu’un exemple, parmi d’autres, qui illustre comment Arte se montre souvent en retard sur le plan historiographique, et aussi, il faut le dire, souvent orienté dans ses productions. »
« Il y a quelques années par exemple, Arte avait produit un documentaire sur Mein Kampf, le livre politique programmatique qu’Adolf Hitler a rédigé en prison. Dedans, il n’y avait aucune intervention d’historien. En revanche, il était dit, en gros, que le génocide des Juifs avait été écrit et programmé dans le livre. Or, bien que l’ouvrage soit en effet antisémite jusqu’au dernier degré, il n’évoque jamais "la solution finale". Dire l’inverse, c’est aller contre cinquante ans de recherche sur la Shoah. Les historiens ont démontré tout au contraire que c’est en réalité une succession de circonstances, et surtout la guerre, qui a conduit les nazis à mettre en place une politique d’extermination de masse des juifs. C’est au fur et à mesure du conflit que ce plan a été mis en place. »
« Un autre exemple : un documentaire qui présentait une filiation directe et nécessaire entre la Shoah et le génocide des Hereros et des Namas en Namibie au début du XXe siècle par les colons allemands. Un lien complètement tiré par les cheveux, des références à des philosophes comme Hannah Arendt sans les comprendre, et donc, du gloubi-boulga pas sérieux d’un point de vue historique… »
« Les historiens ne se mobilisent pas parce qu’ils sont malheureusement occupés à faire autre chose. […] Pour autant, il y a clairement un deux poids deux mesures. Quand il s’agit de dénoncer les approximations d’émissions grand public d’un Stéphane Bern, comme Secrets d’Histoire, il y a du monde. Pour un historien universitaire, critiquer Stéphane Bern est devenu une sorte de passage obligatoire, comme se réclamer d’Hérodote et lire Marc Bloch… […] En revanche, une chaîne comme Arte, considérée comme "intello", bénéficie d’une forme de présomption de légitimité et même de qualité. »
« C’est précisément ce que je conteste. Arte diffuse en réalité un grand nombre de documentaires présentés comme historiques ou scientifiques, qui ne mobilisent pourtant aucun historien dans la réalisation, la production ou même à l’antenne. On arrive même parfois à ce paradoxe, où on voit plus d’universitaires invités dans Secrets d’Histoire que dans certains documentaires d’Arte ! Pour ma part, j’ai plus d’exigences vis-à-vis des productions présentées comme scientifiques que vis-à-vis des émissions de divertissement. »
« Je pense qu’il y a une forme de mépris de classe intellectuel au sujet de l’histoire des rois et des princesses. François Simiand en 1903, déjà, appelait à abattre les trois idoles de la tribu des historiens : l’idole politique, l’idole biographique et l’idole chronologique. Il n’a été que trop suivi à l’université, mais ce sont pourtant bien les thèmes qui continuent de susciter un intérêt de la part du grand public. Les émissions de Stéphane Bern, ce n’est clairement pas l’histoire que les historiens préfèrent et écrivent. »
« En 2013, un ouvrage intitulé Les Historiens de garde (Libertalia) dénonçait les productions de Bern, Ferrand ou Deutsch. Pour ma part, comme évoqué précédemment, je pense qu’il faut distinguer et ne pas tous les mettre dans le même panier. Pour autant, l’ouvrage a raison sur un point : ils livrent une vision de l’histoire plutôt conservatrice, voire réactionnaire pour Ferrand et Deutsch.
Et ce n’est pas un point de vue que les historiens affectionnent particulièrement, car nous sommes convaincus que l’histoire permet d’émanciper. Je ne dirais pas que c’est politique, mais on ne va pas se mentir : il y a évidemment des sensibilités qui entrent en compte dans tout ça. Les historiens sont en majorité plutôt de gauche, là où le public amateur d’histoire serait, sans doute, plutôt de droite… »
« Je me souviens avoir visité une classe de première d’histoire-géographie où l’enseignant, honnête collègue du reste, diffusait un bout de documentaire complètement daté sur le plan historiographique et contraire à l’esprit du programme qu’il devait mettre en œuvre, mais qui était paré de toute la légitimité qu’offrait sa diffusion sur Arte. »
« Les conséquences sont aussi importantes dans le monde des médias, car le documentaire d’histoire est à la croisée de deux mondes, et nombre de journalistes reprennent les documentaires estampillés comme légitimes sans les questionner, car ils ne peuvent se former à l’historiographie. Les journalistes répètent ainsi des bêtises dont on peut retracer l’origine dans un documentaire. Un exemple tout simple, qui concerne un journaliste que j’apprécie et lis particulièrement : Daniel Schneidermann. Récemment, il a publié Cinq têtes coupées. Massacres coloniaux : enquête sur la fabrication de l’oubli (Le Seuil, 2023), un livre qui dénonce les crimes coloniaux français en Afrique. Un essai coup de poing. »
« Il dit partout où on veut bien l’entendre que personne ne parle de son livre ou ne s’y intéresse parce que les massacres coloniaux de la France seraient tabous. Et pourquoi dit-il ça ? Parce que depuis des années, des militants ou pire des historiens malhonnêtes se comportant en entrepreneurs identitaires produisent pour le service public des documentaires – parfois les mêmes depuis 20 ans – qui accréditent cette thèse, selon laquelle le sujet serait tabou et que la France aurait du mal à les regarder en face, etc. Alors que ces massacres sont largement documentés et étudiés par les historiens français depuis une trentaine d’années, sinon plus. »
« Je pense que Schneidermann est l’exemple même du journaliste honnête qui a simplement un train de retard historiographique, à cause des contre-vérités répétées à longueur de temps dans certains documentaires portés sur des chaînes légitimes comme Arte et par certains historiens malhonnêtes, mais médiatiques qui se sont proclamés spécialistes de la colonisation, par exemple, alors qu’ils n’ont rien écrit ou produit à ce sujet depuis 20 ans, et qui ne se sont jamais penchés sur l’histoire des sociétés coloniales. La vulgate du "documentaire historique qui lève un tabou sur un sujet d’histoire" permet de vendre un documentaire. Mais c’est rarement juste sur le plan historiographique… »
« "Pourquoi ce combat est le premier de mes combats ? Je le vis comme le déni absolu de la France", souligne Jean-Michel Apathie. "Je suis Basque. Nous n’avons pas été concernés par la guerre d’Algérie, je n’ai pas de famille pied-noir. Je ne suis rattaché à rien, par amitié personnelle, dans cette histoire", souligne le journaliste, interrogé par téléphone. »
« "Entre 1840 et 1870, durant la colonisation algérienne, il y a eu des centaines d’Oradour-sur-Glane, une période de conquête d’une sauvagerie incroyable. L’armée française tue tout le monde dans les villages", ajoute Jean-Michel Apathie. "Je pense que c’est l’erreur la plus importante qu’aient faite les dirigeants français. Et ce n’est pas un problème d’histoire, mais un problème d’espace public aujourd’hui. Tout le monde est d’accord pour dire que Bugeaud était un salaud. La question est à qui faisons-nous l’honneur de notre mémoire. En France, il n’y a pas de rue Pétain, ça n’existe pas, mais il y a encore des rues Bugeaud, et des maternelles Lamoricière, son adjoint. C’est comme si en Allemagne, on avait des écoles Rudolf Hess." »
D’une part, non, ce n’est pas pareil. Et d’autre part, il y a des rue Lénine, le nom de Louis-Marie Turreau figure sous l’Arc de Triomphe… Que Jean-Michel Apathie dirige contre Bugeaud « le premier » de ses combats en dit long sur son rapport à l’histoire. Tout comme sa suggestion de raser Versailles…
« "Entre 1840 et 1870, durant la colonisation algérienne, il y a eu des centaines d’Oradour-sur-Glane, une période de conquête d’une sauvagerie incroyable. L’armée française tue tout le monde dans les villages", ajoute Jean-Michel Apathie. "Je pense que c’est l’erreur la plus importante qu’aient faite les dirigeants français. Et ce n’est pas un problème d’histoire, mais un problème d’espace public aujourd’hui. Tout le monde est d’accord pour dire que Bugeaud était un salaud. La question est à qui faisons-nous l’honneur de notre mémoire. En France, il n’y a pas de rue Pétain, ça n’existe pas, mais il y a encore des rues Bugeaud, et des maternelles Lamoricière, son adjoint. C’est comme si en Allemagne, on avait des écoles Rudolf Hess." »
D’une part, non, ce n’est pas pareil. Et d’autre part, il y a des rue Lénine, le nom de Louis-Marie Turreau figure sous l’Arc de Triomphe… Que Jean-Michel Apathie dirige contre Bugeaud « le premier » de ses combats en dit long sur son rapport à l’histoire. Tout comme sa suggestion de raser Versailles…
« Deux associations se sont […] illustrées dans l’indignation surjouée : l’ARAC, l’Association républicaine des anciens combattants, et l’ANACR, l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance, il est vrai, toutes deux très très proches du Parti communiste. »
« On comprendra mieux pourquoi la première "a des peines (sic) à comprendre comment un camp de formation de l’Action française a pu se tenir au château de Fourchaud à Besson, lieu emblématique de la Résistance". En effet, notre mouvement "qui embrigade les jeunes dès 15 ans à l’idéologie fasciste […] a été très actif dans la collaboration avec la Gestapo" (sic). »
« Quant à l’ANACR, sa secrétaire, Hélène Daviet, n’a pas hésité à instrumentaliser l’hommage rendu à Cesset à trois FTPF (Francs-tireurs et partisans français) pour dénoncer l’Action française : "La bête immonde" – encore elle ! – "qui a sévi pendant cinq ans sur notre pays est-elle en train de renaître lorsque l’on apprend que l’Action française, mouvement politique qui s’est rallié à Pétain, très actif dans la collaboration avec la Gestapo, a tenu son camp estival dans l’Allier ? Nous devons cultiver l’esprit de résistance face au danger du totalitarisme." »
« Décidément, la Gestapo est très en vogue chez nos professionnels de l’indignation. Nous qui nous demandions pourquoi Maurras, durant la guerre, avait interdit aux militants d’Action française d’adhérer à la Milice, devenue très vite une police supplétive des Allemands : mais oui, bien sûr, c’était pour qu’ils aillent directement s’engager dans la Gestapo ! Une Gestapo qui vint toutefois arrêter en juin 1944 Maurice Pujo, fondateur de l’AF, et Georges Calzant, un cadre du mouvement, et les envoya à la prison de Montluc en raison de leur hostilité à la politique de collaboration de Laval. »
« On comprendra mieux pourquoi la première "a des peines (sic) à comprendre comment un camp de formation de l’Action française a pu se tenir au château de Fourchaud à Besson, lieu emblématique de la Résistance". En effet, notre mouvement "qui embrigade les jeunes dès 15 ans à l’idéologie fasciste […] a été très actif dans la collaboration avec la Gestapo" (sic). »
« Quant à l’ANACR, sa secrétaire, Hélène Daviet, n’a pas hésité à instrumentaliser l’hommage rendu à Cesset à trois FTPF (Francs-tireurs et partisans français) pour dénoncer l’Action française : "La bête immonde" – encore elle ! – "qui a sévi pendant cinq ans sur notre pays est-elle en train de renaître lorsque l’on apprend que l’Action française, mouvement politique qui s’est rallié à Pétain, très actif dans la collaboration avec la Gestapo, a tenu son camp estival dans l’Allier ? Nous devons cultiver l’esprit de résistance face au danger du totalitarisme." »
« Décidément, la Gestapo est très en vogue chez nos professionnels de l’indignation. Nous qui nous demandions pourquoi Maurras, durant la guerre, avait interdit aux militants d’Action française d’adhérer à la Milice, devenue très vite une police supplétive des Allemands : mais oui, bien sûr, c’était pour qu’ils aillent directement s’engager dans la Gestapo ! Une Gestapo qui vint toutefois arrêter en juin 1944 Maurice Pujo, fondateur de l’AF, et Georges Calzant, un cadre du mouvement, et les envoya à la prison de Montluc en raison de leur hostilité à la politique de collaboration de Laval. »
L’appel du 18 juin ? D’après L’Indépendant, « il insuffle surtout l’espoir au cœur de tous ceux qui refusent Pétain, Vichy et les nazis ». Des visionnaires, assurément, quand on sait que le gouvernement siégeait alors à Bordeaux, et que l’État français (le régime de Vichy) ne sera institué que le mois suivant. Le devoir de mémoire produit manifestement des fruits remarquables.
« "C'est un geste culturel très différent de celui qu'il y a dans des jeux sur l'histoire, dans les films et séries Netflix ou Apple", explique Guillaume Lancereau. "Ce n'est pas nouveau d'avoir des dégradations de la vérité historique ou des anachronismes dans la production culturelle. La différence c'est vraiment le caractère politique de cette entreprise culturelle là". »
« "Ce qui nous inquiète, c'est la puissance du discours politique et surtout d'un discours politique qui ne s'assume pas", développe Pauline Ducret. "Ça ne peut pas être compté dans un temps de parole puisqu'on nous dit 'mais non, on ne fait que s'amuser c'est du divertissement'». Guillaume Lancereau s'alarme lui de la "monopolisation du divertissement historique" par le Puy du Fou "qui en a les moyens" et s'en sert pour véhiculer certaines idées. »
« "Ce qui nous inquiète, c'est la puissance du discours politique et surtout d'un discours politique qui ne s'assume pas", développe Pauline Ducret. "Ça ne peut pas être compté dans un temps de parole puisqu'on nous dit 'mais non, on ne fait que s'amuser c'est du divertissement'». Guillaume Lancereau s'alarme lui de la "monopolisation du divertissement historique" par le Puy du Fou "qui en a les moyens" et s'en sert pour véhiculer certaines idées. »
« L'histoire n'est pas nouvelle, l'ancien maire démocrate de New York Bill de Blasio ayant promis de retirer la plaque honorant Pétain à l'été 2017, sur fond de mouvement de déboulonnage de statues de généraux confédérés, symboles de soutien à l'esclavage. Mais une commission spéciale avait justifié leur maintien en suggérant d'y ajouter du "contexte historique", ce qui n'apparaissait pas sur place vendredi [27 janvier 2023]. »
« Près de Wall Street, les plaques qui honorent "Pierre Laval, Premier ministre de France" et "Henri Philippe Pétain, maréchal de France" portent des dates de 1931. Elles rappellent qu'à l'époque, New York avait accueilli avec une parade sur Broadway et sous une pluie de confettis le chef du gouvernement français puis celui qui était encore considéré comme un héros de la Première Guerre mondiale. »
« Cette tradition a vu défiler nombre de chefs d'État, soldats revenus du front, astronautes de retour d'une mission historique ou des champions sportifs au XXe siècle, du sprinter Jesse Owens à Nelson Mandela, qui ont aussi leur nom sur le trottoir. Mais les plaques elles-mêmes n'ont été posées au sol qu'en 2004. »
« Près de Wall Street, les plaques qui honorent "Pierre Laval, Premier ministre de France" et "Henri Philippe Pétain, maréchal de France" portent des dates de 1931. Elles rappellent qu'à l'époque, New York avait accueilli avec une parade sur Broadway et sous une pluie de confettis le chef du gouvernement français puis celui qui était encore considéré comme un héros de la Première Guerre mondiale. »
« Cette tradition a vu défiler nombre de chefs d'État, soldats revenus du front, astronautes de retour d'une mission historique ou des champions sportifs au XXe siècle, du sprinter Jesse Owens à Nelson Mandela, qui ont aussi leur nom sur le trottoir. Mais les plaques elles-mêmes n'ont été posées au sol qu'en 2004. »
« Dans le sillage du parc de loisirs du Puy du Fou, le film semble être surtout un prétexte à grand spectacle avec un message idéologique assez clair, catholique et critique des dimensions criminelles et terroristes de l'idéologie révolutionnaire. On y parle de la résistance face à la levée en masse ou encore des menées criminelles des colonnes infernales, ainsi que de l'entreprise de destruction systématique de la Vendée, ce qui peut déplaire mais reste néanmoins vrai. »
« Le film de chouans aurait sans doute fini noyé dans la médiocre production ordinaire française si certains commentateurs n'y avaient pas vu une atteinte intolérable à la vérité historique, un outil de propagande insidieux des intégristes catholiques et un signe des temps apocalyptique. »
« Il est assez drôle de voir Libération, Mediapart ou Le Monde s'insurger contre les approximations ou biais historiques dudit film, eux qui à longueur de colonnes glorifient le moindre navet dès lors que celui-ci "va dans le bon sens", c'est-à-dire du progrès infini, du wokisme dominant ou du socialisme de centre-ville. Il suffit de voir comment Libé a encensé The Women King, monument de révisionnisme historique au nom de la cause des femmes et des minorités qui réussit le tour de force de présenter un État esclavagiste comme un exemple d'émancipation à suivre. »
« Vaincre ou Mourir ne marquera pas l'histoire du cinéma mais agit comme le révélateur de la mentalité paranoïaque et obsidionale de la gauche médiatique. Un petit film de droite de qualité très moyenne suffit à convoquer tout le ban et l'arrière-ban de l'éditocratie pour le dézinguer : on y voit la main cachée de Bolloré, le grand complot zemmouro-lepéniste pour reconquérir les esprits et les cœurs, et on oublie que la production ordinaire est majoritairement à gauche. »
« Le film de chouans aurait sans doute fini noyé dans la médiocre production ordinaire française si certains commentateurs n'y avaient pas vu une atteinte intolérable à la vérité historique, un outil de propagande insidieux des intégristes catholiques et un signe des temps apocalyptique. »
« Il est assez drôle de voir Libération, Mediapart ou Le Monde s'insurger contre les approximations ou biais historiques dudit film, eux qui à longueur de colonnes glorifient le moindre navet dès lors que celui-ci "va dans le bon sens", c'est-à-dire du progrès infini, du wokisme dominant ou du socialisme de centre-ville. Il suffit de voir comment Libé a encensé The Women King, monument de révisionnisme historique au nom de la cause des femmes et des minorités qui réussit le tour de force de présenter un État esclavagiste comme un exemple d'émancipation à suivre. »
« Vaincre ou Mourir ne marquera pas l'histoire du cinéma mais agit comme le révélateur de la mentalité paranoïaque et obsidionale de la gauche médiatique. Un petit film de droite de qualité très moyenne suffit à convoquer tout le ban et l'arrière-ban de l'éditocratie pour le dézinguer : on y voit la main cachée de Bolloré, le grand complot zemmouro-lepéniste pour reconquérir les esprits et les cœurs, et on oublie que la production ordinaire est majoritairement à gauche. »
« Comment les constructions romaines, par exemple les aqueducs ou le Panthéon de Rome, ont-elles si bien résisté au temps? […] Des chercheurs américains et européens pensent avoir enfin découvert le secret de longévité de ces merveilles d'architecture, vieilles d'environ deux mille ans : un béton capable de se réparer lui-même. »
« Jusqu'ici, la solidité du béton romain était attribuée à un ingrédient : des cendres volcaniques de la région de la baie de Naples, en Italie, qui étaient envoyées un peu partout dans l'Empire romain pour servir à la construction. Mais les chercheurs ont cette fois focalisé leur attention sur la présence d'une autre caractéristique: de tout petits morceaux blancs brillants, provenant de la chaux, un autre ingrédient utilisé pour la conception du béton. »
« Les experts pensaient jusqu'ici que ces minuscules morceaux résultaient d'un mauvais mélange de la mixture, ou de matières premières de mauvaise qualité. Mais en examinant, grâce à de techniques d'imagerie poussées, le béton d'un mur d'enceinte de la ville de Privernum en Italie, les chercheurs ont découvert que ces petits morceaux blancs étaient en réalité du carbonate de calcium, formé à de très fortes températures. Ils en ont conclu que la chaux n'était pas (ou pas seulement) incorporée en étant mélangée à de l'eau, comme on le pensait jusqu'ici, mais sous forme de chaux vive. »
« Selon les chercheurs, c'est ce "mélange à chaud" qui donne à ce béton son étonnante solidité. En effet, lorsque des fissures apparaissent, l'eau de pluie entrant en contact avec le béton produit une solution saturée en calcium, qui se recristallise ensuite en carbonate de calcium, permettant ainsi de combler les fissures. Pour vérifier cette hypothèse, l'équipe de scientifiques a réalisé des échantillons de béton selon le même procédé, qu'ils ont ensuite délibérément fissuré et sur lequel ils ont fait couler de l'eau. Résultat : au bout de deux semaines, le béton était complètement réparé. Un autre échantillon produit sans chaux vive est lui resté fissuré. »
« Une découverte qui a donné naissance à une start-up à Udine, DMAT, qui veut promouvoir du béton qui aurait une durée de vie 50 % plus longue que le béton traditionnel avec des émissions de CO2, 20 % plus basses . »
« Jusqu'ici, la solidité du béton romain était attribuée à un ingrédient : des cendres volcaniques de la région de la baie de Naples, en Italie, qui étaient envoyées un peu partout dans l'Empire romain pour servir à la construction. Mais les chercheurs ont cette fois focalisé leur attention sur la présence d'une autre caractéristique: de tout petits morceaux blancs brillants, provenant de la chaux, un autre ingrédient utilisé pour la conception du béton. »
« Les experts pensaient jusqu'ici que ces minuscules morceaux résultaient d'un mauvais mélange de la mixture, ou de matières premières de mauvaise qualité. Mais en examinant, grâce à de techniques d'imagerie poussées, le béton d'un mur d'enceinte de la ville de Privernum en Italie, les chercheurs ont découvert que ces petits morceaux blancs étaient en réalité du carbonate de calcium, formé à de très fortes températures. Ils en ont conclu que la chaux n'était pas (ou pas seulement) incorporée en étant mélangée à de l'eau, comme on le pensait jusqu'ici, mais sous forme de chaux vive. »
« Selon les chercheurs, c'est ce "mélange à chaud" qui donne à ce béton son étonnante solidité. En effet, lorsque des fissures apparaissent, l'eau de pluie entrant en contact avec le béton produit une solution saturée en calcium, qui se recristallise ensuite en carbonate de calcium, permettant ainsi de combler les fissures. Pour vérifier cette hypothèse, l'équipe de scientifiques a réalisé des échantillons de béton selon le même procédé, qu'ils ont ensuite délibérément fissuré et sur lequel ils ont fait couler de l'eau. Résultat : au bout de deux semaines, le béton était complètement réparé. Un autre échantillon produit sans chaux vive est lui resté fissuré. »
« Une découverte qui a donné naissance à une start-up à Udine, DMAT, qui veut promouvoir du béton qui aurait une durée de vie 50 % plus longue que le béton traditionnel avec des émissions de CO2, 20 % plus basses . »
« Le dernier livre de Daniel Chirot montre brillamment, à travers de multiples exemples historiques – la Révolution française comme cas archétypal, mais aussi les révolutions marxistes russe et chinoise, la montée du nazisme, la révolution iranienne et quelques autres –, que les utopies politiques radicales mènent presque inexorablement à des catastrophes, à la dictature et à des massacres de masse. »
« Ces faits sont aujourd'hui bien connus. L'intérêt du livre de Daniel Chirot n'est pas d'en raconter à nouveau l'histoire, mais de montrer que ces errements dramatiques à partir d'un modèle supposément idéal, ne sont pas des dérives mais ont un caractère systémique. »
« Daniel Chirot montre, exemples historiques à l'appui, que les élites révolutionnaires, au moins au début, croient dans leur projet messianique. Elles ne sont pas cyniques et c'est ce qui les rend d'autant plus dangereuses. Les Khmers rouges avaient un projet délirant d'une société agraire idéale et étaient convaincus de sa justesse ce qui les a conduit à mettre en œuvre une émigration forcée des populations urbaines qui a occasionné à peu près de deux millions de morts, un quart de la population totale du pays. »
« Un des enseignements du livre de Chirot est également que les libéraux ou les conservateurs qui ont fait alliance avec les révolutionnaires en pensant pouvoir les contrôler ont toujours fini par être éliminés. »
« Pour se prémunir contre le risque des utopies politiques radicales, il faut, dit Daniel Chirot, lire les ouvrages de leurs promoteurs et les prendre au sérieux. Ces derniers annoncent le plus souvent explicitement ce qu'ils comptent faire, comme l'a fait Hitler dans Mein Kampf publié en 1925. Le tort des démocrates et des modérés est bien souvent de ne pas prendre les extrémistes au sérieux. »
« Le "grand bond en avant" de Mao est un autre exemple de folie révolutionnaire ayant conduit à la mort des millions de personnes. Mao "était convaincu qu'un engagement idéologique indéfectible en faveur de sa propre version de la théorie marxiste pouvait venir à bout […] des obstacles naturels et humains limitant le production agricole". Pour arriver à ce but Mao détruisit les liens familiaux traditionnels – les enfants furent séparés de leurs parents, les familles dispersées – au profit de lieux de vie collectifs, les communes populaires. Comme l'idéologie devait faire plier la réalité, des objectifs de production inatteignables furent assignés aux communes populaires. Les cadres locaux, craignant eux-mêmes pour leur vie, s'efforçaient de satisfaire aux quotas de production, au détriment des populations locales qui mourraient de faim. Le désastre fut complet et se solda par plusieurs dizaines de millions de mort de malnutrition et de famine. »
« Si les idéalistes révolutionnaires ont foi dans leur programme radical, cette foi finit néanmoins par s'éroder et par disparaître complètement, chez eux ou chez leurs successeurs. La corruption finit alors par s'installer tandis que les institutions répressives se maintiennent et se renforcent. »
« Quelles leçons tirer pour aujourd'hui du vaste panorama historique des utopies révolutionnaires que livre Daniel Chirot ? L'auteur en propose lui-même plusieurs dans la conclusion de son ouvrage en mettant notamment en garde contre la tentation "de croire que ce qui nous semble extrémiste n'est guère qu'une exagération opportuniste". "C'est encore vrai aujourd'hui", poursuit-il. "Il suffit de scruter attentivement ce que les leaders politiques du moment écrivent ou déclarent : si leurs propos semblent excessifs, il ne faut jamais y voir une simple gesticulation politique sans conséquence, mais partir au contraire du principe que tout encouragement à la violence laisse entrevoir ce que sera la réalité de leur politique." »
« On peut en évoquer une autre leçon pour aujourd'hui dont il ne parle pas. […] La nouvelle utopie qui émerge est l'utopie écologiste. Elle est séduisante, car comme les doctrines socialistes autrefois avec la question sociale, elle repose sur des faits avérés concernant l'environnement et la nature. […] Pour peu que des prêtres émergent pour célébrer ce culte et faire respecter ses lois, on risque fort de se trouver sous la domination de nouveaux dictateurs ou du moins sous la férule d'une société autoritaire. Il faut donc suivre le conseil de Daniel Chirot et lire attentivement ce que disent et annoncent les nouveaux prêtres les plus fervents de l'écologie profonde, pour au besoin s'en prémunir. »
« Ces faits sont aujourd'hui bien connus. L'intérêt du livre de Daniel Chirot n'est pas d'en raconter à nouveau l'histoire, mais de montrer que ces errements dramatiques à partir d'un modèle supposément idéal, ne sont pas des dérives mais ont un caractère systémique. »
« Daniel Chirot montre, exemples historiques à l'appui, que les élites révolutionnaires, au moins au début, croient dans leur projet messianique. Elles ne sont pas cyniques et c'est ce qui les rend d'autant plus dangereuses. Les Khmers rouges avaient un projet délirant d'une société agraire idéale et étaient convaincus de sa justesse ce qui les a conduit à mettre en œuvre une émigration forcée des populations urbaines qui a occasionné à peu près de deux millions de morts, un quart de la population totale du pays. »
« Un des enseignements du livre de Chirot est également que les libéraux ou les conservateurs qui ont fait alliance avec les révolutionnaires en pensant pouvoir les contrôler ont toujours fini par être éliminés. »
« Pour se prémunir contre le risque des utopies politiques radicales, il faut, dit Daniel Chirot, lire les ouvrages de leurs promoteurs et les prendre au sérieux. Ces derniers annoncent le plus souvent explicitement ce qu'ils comptent faire, comme l'a fait Hitler dans Mein Kampf publié en 1925. Le tort des démocrates et des modérés est bien souvent de ne pas prendre les extrémistes au sérieux. »
« Le "grand bond en avant" de Mao est un autre exemple de folie révolutionnaire ayant conduit à la mort des millions de personnes. Mao "était convaincu qu'un engagement idéologique indéfectible en faveur de sa propre version de la théorie marxiste pouvait venir à bout […] des obstacles naturels et humains limitant le production agricole". Pour arriver à ce but Mao détruisit les liens familiaux traditionnels – les enfants furent séparés de leurs parents, les familles dispersées – au profit de lieux de vie collectifs, les communes populaires. Comme l'idéologie devait faire plier la réalité, des objectifs de production inatteignables furent assignés aux communes populaires. Les cadres locaux, craignant eux-mêmes pour leur vie, s'efforçaient de satisfaire aux quotas de production, au détriment des populations locales qui mourraient de faim. Le désastre fut complet et se solda par plusieurs dizaines de millions de mort de malnutrition et de famine. »
« Si les idéalistes révolutionnaires ont foi dans leur programme radical, cette foi finit néanmoins par s'éroder et par disparaître complètement, chez eux ou chez leurs successeurs. La corruption finit alors par s'installer tandis que les institutions répressives se maintiennent et se renforcent. »
« Quelles leçons tirer pour aujourd'hui du vaste panorama historique des utopies révolutionnaires que livre Daniel Chirot ? L'auteur en propose lui-même plusieurs dans la conclusion de son ouvrage en mettant notamment en garde contre la tentation "de croire que ce qui nous semble extrémiste n'est guère qu'une exagération opportuniste". "C'est encore vrai aujourd'hui", poursuit-il. "Il suffit de scruter attentivement ce que les leaders politiques du moment écrivent ou déclarent : si leurs propos semblent excessifs, il ne faut jamais y voir une simple gesticulation politique sans conséquence, mais partir au contraire du principe que tout encouragement à la violence laisse entrevoir ce que sera la réalité de leur politique." »
« On peut en évoquer une autre leçon pour aujourd'hui dont il ne parle pas. […] La nouvelle utopie qui émerge est l'utopie écologiste. Elle est séduisante, car comme les doctrines socialistes autrefois avec la question sociale, elle repose sur des faits avérés concernant l'environnement et la nature. […] Pour peu que des prêtres émergent pour célébrer ce culte et faire respecter ses lois, on risque fort de se trouver sous la domination de nouveaux dictateurs ou du moins sous la férule d'une société autoritaire. Il faut donc suivre le conseil de Daniel Chirot et lire attentivement ce que disent et annoncent les nouveaux prêtres les plus fervents de l'écologie profonde, pour au besoin s'en prémunir. »
De la part d'un quotidien de référence comme Le Monde, on n'attendait bien l'expression d'un minimum de dédain ! François Angelier revient sur l'Histoire de France de Jacques Bainville, à l'occasion d'une réédition chez Tempus.
« Quand on veut peser sur le destin de la France, autant en connaître l'histoire, celle de ses égarements avoués et de ses triomphes supposés. Si les maurrassiens attendirent en vain le "coup de force" qui allait rendre "le pays réel" à ses rois, ils eurent en revanche l'opportunité de s'entendre conter le passé du "récit national" par quelques bardes autorisés. Best-seller paru en 1924 chez Fayard, l'Histoire de France, de Jacques Bainville (1879-1936), spécialiste des affaires étrangères au quotidien L'Action française, en reste le parangon. Loin du tranchant polémique de Maurras (1868-1952) ou de l'euphorie sanguine d'un Léon Daudet (1867-1942), usant d'une clarté de propos apaisée (Michelet, étonnamment, est vanté pour son "impression juste" des faits) et rectiligne, le monarchiste Bainville vulgarise, de roi en crise, de bataille en réforme, la gestation française. Il évoque l'émergence d'une France toujours en chantier, idéale dans son principe et son étendue, terre dont l'avènement est accéléré ou retardé selon que l'heure est à la stricte gestion ou à la démence, aux devoirs du trône ou au règne de la rue. »
« Mais ce qui frappe le plus est bien sa vision du temps historique. Pour lui, "la vie des peuples a comme des lois fixes", des événements archétypaux qui se réactualisent au fil des siècles, l'affaire Dreyfus "répétant" la Réforme, la Fronde ou 1789. Rééditée avec les illustrations de Job (1858-1931), l'Histoire de France, de Bainville, tient aujourd'hui de l'Atlantide et du "lieu de mémoire". »
« Quand on veut peser sur le destin de la France, autant en connaître l'histoire, celle de ses égarements avoués et de ses triomphes supposés. Si les maurrassiens attendirent en vain le "coup de force" qui allait rendre "le pays réel" à ses rois, ils eurent en revanche l'opportunité de s'entendre conter le passé du "récit national" par quelques bardes autorisés. Best-seller paru en 1924 chez Fayard, l'Histoire de France, de Jacques Bainville (1879-1936), spécialiste des affaires étrangères au quotidien L'Action française, en reste le parangon. Loin du tranchant polémique de Maurras (1868-1952) ou de l'euphorie sanguine d'un Léon Daudet (1867-1942), usant d'une clarté de propos apaisée (Michelet, étonnamment, est vanté pour son "impression juste" des faits) et rectiligne, le monarchiste Bainville vulgarise, de roi en crise, de bataille en réforme, la gestation française. Il évoque l'émergence d'une France toujours en chantier, idéale dans son principe et son étendue, terre dont l'avènement est accéléré ou retardé selon que l'heure est à la stricte gestion ou à la démence, aux devoirs du trône ou au règne de la rue. »
« Mais ce qui frappe le plus est bien sa vision du temps historique. Pour lui, "la vie des peuples a comme des lois fixes", des événements archétypaux qui se réactualisent au fil des siècles, l'affaire Dreyfus "répétant" la Réforme, la Fronde ou 1789. Rééditée avec les illustrations de Job (1858-1931), l'Histoire de France, de Bainville, tient aujourd'hui de l'Atlantide et du "lieu de mémoire". »
« Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20 % de la population française totale. Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73 000 Français d'Algérie, soit 20 % de toute la population "pied-noir". Les pertes parmi les Français métropolitains furent de 1 300 000 morts, soit 16,67 % des effectifs. Les pertes des Français d'Algérie furent de 12 000 morts, soit 16,44 % des effectifs. »
« Le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) fournit 218 000 hommes (dont 178 000 Algériens), soit 2,65 % de tous les effectifs de l'armée française. Les colonies d'Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189 000 hommes, soit 2,3 % de tous les effectifs de l'armée française. »
« Les pertes des Maghrébins combattant dans l'armée française furent de 35 900 hommes, soit 16,47 % des effectifs. Les chiffres des pertes au sein des unités composées d'Africains sud-sahariens (les Tirailleurs) sont imprécis. L'estimation haute est de 35 000 morts, soit 18,51 % des effectifs ; l'estimation basse est de 30 000 morts, soit 15,87 %. »
« Ces chiffres contredisent donc l'idée-reçue de "chair à canon" africaine d'autant plus qu'au minimum, un tiers des pertes des Tirailleurs "sénégalais" furent la conséquence de pneumonies et autres maladies dues au froid, et non à des combats. »
« Le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) fournit 218 000 hommes (dont 178 000 Algériens), soit 2,65 % de tous les effectifs de l'armée française. Les colonies d'Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189 000 hommes, soit 2,3 % de tous les effectifs de l'armée française. »
« Les pertes des Maghrébins combattant dans l'armée française furent de 35 900 hommes, soit 16,47 % des effectifs. Les chiffres des pertes au sein des unités composées d'Africains sud-sahariens (les Tirailleurs) sont imprécis. L'estimation haute est de 35 000 morts, soit 18,51 % des effectifs ; l'estimation basse est de 30 000 morts, soit 15,87 %. »
« Ces chiffres contredisent donc l'idée-reçue de "chair à canon" africaine d'autant plus qu'au minimum, un tiers des pertes des Tirailleurs "sénégalais" furent la conséquence de pneumonies et autres maladies dues au froid, et non à des combats. »
La Librairie de l'éco est une excellente émission… mais ce passage-là n'en est pas le meilleur exemple. Ne parler de Bainville que pour faire un parallèle avec Zemmour, c'est réducteur. D'autant que le propos est un peu confus.
« Cela fait "une douzaine d'années" que Jacques Dallest s'est pris de passion pour cet événement trouble et tragique. Cet événement, c'est le procès du Grand-Bornand, en août 1944, où près d'une centaine de miliciens […], qui venaient de se rendre aux Résistants, avaient été jugés, puis pour la plupart d'entre eux fusillés dans la foulée. »
« Un intérêt si vif pour ce procès historique, que le magistrat annécien en a écrit un livre, publié en février 2022 : "L'Épuration, une histoire interdite", aux éditions du Cerf. Ce qui l'a passionné, c'est de revisiter cet événement hors norme, méconnu, avec son regard de magistrat. D'aucuns l'ignorent mais le procès du Grand-Bornand est le plus important de cette période en France, de par le nombre d'accusés jugés. Il s'y est tenu une justice "expéditive" pour punir ceux qui étaient perçus comme des traîtres. »
« Un intérêt si vif pour ce procès historique, que le magistrat annécien en a écrit un livre, publié en février 2022 : "L'Épuration, une histoire interdite", aux éditions du Cerf. Ce qui l'a passionné, c'est de revisiter cet événement hors norme, méconnu, avec son regard de magistrat. D'aucuns l'ignorent mais le procès du Grand-Bornand est le plus important de cette période en France, de par le nombre d'accusés jugés. Il s'y est tenu une justice "expéditive" pour punir ceux qui étaient perçus comme des traîtres. »
« Après s'être intéressé à Napoléon et à Molière, Philippe Collin se penche sur Philippe Pétain (1856-1951), et c'est remarquable. Parce que riche de centaines d'heures d'interview avec les plus grands historiens de la période. Parce que enrichi d'incroyables archives : celles fournies par le précieux Institut national de l'audiovisuel ou encore celles issues de la correspondance privée du maréchal, et ici si bien lue par Charles Berling. Parce que remarquablement réalisé par Violaine Ballet. Parce que ensemble – il faudrait ajouter les éditions Flammarion, qui publient le 2 mars Le Fantôme de Philippe Pétain (320 pages, 22,90 euros), qui accompagne et complète ce podcast –, ils ont réussi un véritable tour de force : celui de le rendre intelligible par tous. »
Sous la plume d'Émilie Grangeray, Le Monde ne cache pas son enthousiasme ! Après avoir écouté quelques épisodes, nous sommes plus réservé. La musique entache l'authenticité des archives. De plus, leur mélange avec des extraits de films ou téléfilms sème une certaine confusion. Enfin, et surtout, on n'évite pas totalement cet écueil typique : relire l'histoire sous l'impulsion d'un jugement a posteriori. Exemple : on cherche avec un certain zèle, dans le Pétain des années trente, les indices de la défiance qu'il manifestera plus tard à l'égard de la République, et qui suscite aujourd'hui la réprobation…. mais sans contextualiser suffisamment – de toute façon, était-il possible de maintenir la démocratie dans un pays sous occupation étrangère ? – ni mentionner les projets constitutionnels du chef de l'État français à plus long terme.
Sous la plume d'Émilie Grangeray, Le Monde ne cache pas son enthousiasme ! Après avoir écouté quelques épisodes, nous sommes plus réservé. La musique entache l'authenticité des archives. De plus, leur mélange avec des extraits de films ou téléfilms sème une certaine confusion. Enfin, et surtout, on n'évite pas totalement cet écueil typique : relire l'histoire sous l'impulsion d'un jugement a posteriori. Exemple : on cherche avec un certain zèle, dans le Pétain des années trente, les indices de la défiance qu'il manifestera plus tard à l'égard de la République, et qui suscite aujourd'hui la réprobation…. mais sans contextualiser suffisamment – de toute façon, était-il possible de maintenir la démocratie dans un pays sous occupation étrangère ? – ni mentionner les projets constitutionnels du chef de l'État français à plus long terme.
« La journaliste Natacha Polony s'est défendue mardi [1er mars 2022] devant le tribunal correctionnel de Paris d'avoir remis en cause le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. "À aucun moment je n'ai minimisé ce qui m'apparaît comme une horreur absolue", a martelé la chroniqueuse, également directrice de la rédaction de l'hebdomadaire Marianne. »
« Le 18 mars 2018 sur France Inter, elle avait évoqué le génocide rwandais en estimant "nécessaire de regarder en face ce qui s'est passé à ce moment-là et qui n'a rien finalement d'une distinction entre des méchants et des gentils". "Malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait des salauds face à d'autres salauds. (...) C'est-à-dire que je pense qu'il n'y avait pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants dans cette histoire", avait-elle ajouté. »
« Or, depuis 2017, la loi sur la liberté de la presse punit le fait de nier, minorer ou banaliser de façon outrancière tous les génocides reconnus par la France, et pas seulement celui des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Fin 2020 et contre l'avis du parquet, un juge d'instruction avait renvoyé en procès la chroniqueuse pour "contestation de l'existence de crime contre l'humanité". »
« "Est-ce qu'évoquer la violence du FPR revient à nier le génocide?", a interrogé Me Jean-Yves Dupeux, défendant la journaliste. Ce à quoi l'historien Stéphane Audoin-Rousseau, cité comme témoin, a répondu en détaillant la "spécificité" du négationnisme du génocide des Tutsi lié, entre autres, au fait que "le groupe cible (du génocide) a pris le pouvoir" et mené ensuite "une guerre civile avec toute la violence d'une guerre". "Nous ne sommes plus dans le cas d'une victime parfaite. Nous sommes dans une complexité qui ouvre une porte permanente à la thèse du double génocide. Le problème c'est que ce ne sont pas les mêmes violences", a-t-il argumenté. »
Affaire à suivre.
« Le 18 mars 2018 sur France Inter, elle avait évoqué le génocide rwandais en estimant "nécessaire de regarder en face ce qui s'est passé à ce moment-là et qui n'a rien finalement d'une distinction entre des méchants et des gentils". "Malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait des salauds face à d'autres salauds. (...) C'est-à-dire que je pense qu'il n'y avait pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants dans cette histoire", avait-elle ajouté. »
« Or, depuis 2017, la loi sur la liberté de la presse punit le fait de nier, minorer ou banaliser de façon outrancière tous les génocides reconnus par la France, et pas seulement celui des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Fin 2020 et contre l'avis du parquet, un juge d'instruction avait renvoyé en procès la chroniqueuse pour "contestation de l'existence de crime contre l'humanité". »
« "Est-ce qu'évoquer la violence du FPR revient à nier le génocide?", a interrogé Me Jean-Yves Dupeux, défendant la journaliste. Ce à quoi l'historien Stéphane Audoin-Rousseau, cité comme témoin, a répondu en détaillant la "spécificité" du négationnisme du génocide des Tutsi lié, entre autres, au fait que "le groupe cible (du génocide) a pris le pouvoir" et mené ensuite "une guerre civile avec toute la violence d'une guerre". "Nous ne sommes plus dans le cas d'une victime parfaite. Nous sommes dans une complexité qui ouvre une porte permanente à la thèse du double génocide. Le problème c'est que ce ne sont pas les mêmes violences", a-t-il argumenté. »
Affaire à suivre.
Drame des Juifs sous l'Occupation : Jacques Chirac a dit la vérité une fois pour toutes selon l'UEJF
« Ce n'est pas un débat historique. Ce débat a été réglé, notamment par la déclaration de Jacques Chirac au Vel d'hiv qui a reconnu la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Ce n'est pas un débat d'historiens. Ce n'est pas parce qu'il y a eu ou ou deux historien extrêmement controversés qui ont remis en cause des centaines de travaux qu'on entre tout d'un coup dans un débat historique. »
Selon Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France, interrogé par Jean-Marc Morandini le 31 janvier 2022, c'est donc à des hommes politiques qu'il appartiendrait d'écrire l'histoire !
Dans ce cas, pourquoi un autre locataire de l'Élysée ne pourrait-il pas la changer ? D'ailleurs, sur cette question, Jacques Chirac n'avait-il pas lui-même pris le contrepied de ses prédécesseurs ? Cela n'a aucun sens…
En niant la nature de cette controverse, au moins ce militant reconnaît-il incidemment qu'il l'instrumentalise (comme tout le monde) à des fins clairement politiques.
Selon Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France, interrogé par Jean-Marc Morandini le 31 janvier 2022, c'est donc à des hommes politiques qu'il appartiendrait d'écrire l'histoire !
Dans ce cas, pourquoi un autre locataire de l'Élysée ne pourrait-il pas la changer ? D'ailleurs, sur cette question, Jacques Chirac n'avait-il pas lui-même pris le contrepied de ses prédécesseurs ? Cela n'a aucun sens…
En niant la nature de cette controverse, au moins ce militant reconnaît-il incidemment qu'il l'instrumentalise (comme tout le monde) à des fins clairement politiques.
Un documentaire consacré à l'amiral Darlan sera diffusé le dimanche 13 mars 2022 au Mémorial de la Shoah (Paris 4e). Et cela en présence du réalisateur, Jérôme Prieur.
Les quelques lignes qui annoncent l'événement sont étonnantes.
« Chef prestigieux d'une armée invaincue, la Marine française, Darlan se rallie pourtant à Pétain dès juin 1940 », est-il d'abord souligné. « Pourtant » ? À l'époque, n'est-ce pas le contraire qui aurait surpris ?
La suite insiste sur l'antisémitisme, ce qui est comprhénesible étant donné le contexte de la publication :
« Vice- président du Conseil de février 1941 à avril 1942, Darlan obtient quasiment les pleins pouvoirs. Il va tout faire pour mettre la France, y compris sur le plan militaire, dans le camp de la Collaboration, avec en ligne de mire la perspective de la nouvelle Europe. Artisan délibéré de la persécution des Juifs, de la répression des communistes et des résistants, et de la centralisation de l'État, il accélère la collaboration engagée et prépare ce qui va se jouer en 1942. »
En revanche, pas un mot sur le rôle qu'il a joué à Alger !
Les quelques lignes qui annoncent l'événement sont étonnantes.
« Chef prestigieux d'une armée invaincue, la Marine française, Darlan se rallie pourtant à Pétain dès juin 1940 », est-il d'abord souligné. « Pourtant » ? À l'époque, n'est-ce pas le contraire qui aurait surpris ?
La suite insiste sur l'antisémitisme, ce qui est comprhénesible étant donné le contexte de la publication :
« Vice- président du Conseil de février 1941 à avril 1942, Darlan obtient quasiment les pleins pouvoirs. Il va tout faire pour mettre la France, y compris sur le plan militaire, dans le camp de la Collaboration, avec en ligne de mire la perspective de la nouvelle Europe. Artisan délibéré de la persécution des Juifs, de la répression des communistes et des résistants, et de la centralisation de l'État, il accélère la collaboration engagée et prépare ce qui va se jouer en 1942. »
En revanche, pas un mot sur le rôle qu'il a joué à Alger !
Détail remarquable dans cette vidéo publiée sur le site Internet de France Culture le 26 novembre 2021 : tandis qu'il est rapporté que Charles Maurras « soutient les lois discriminatoires sur le statut des juifs », ce rappel historique est illustré par une étoile jaune. Un symbole de l'horreur vécue par les Juifs à cette époque, mais qui ne saurait être directement associé au statut des Juifs sans induire le public en erreur sur la réalité de l'histoire...
On sait quelles polémiques sont survenues quand Éric Zemmour ou le sénateur Étienne Blancont ont soutenu un point de vue "iconoclaste" sur ces événements. L'Observateur suscitera-t-il la même indignation, lui qui affirme ce 1er janvier 2022 qu'en « 1944, Pétain et le gouvernement de Vichy se réfugient à Sigmaringen » ? Il est pourtant admis que le Maréchal avait quitté la France contre son gré… On voit bien que c'est moins la vérité historique que son instrumentalisation à des fins politiques qui motive les réactions.
« Hiro Onoda, qui a inspiré Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, est une figure historique légendaire de ces soldats nippons "perdus" qui ont poursuivi la guerre au-delà de la fin du conflit. Envoyé sur l'île de Lubang aux Philippines avec ordre de combattre jusqu'à ce qu'on vienne le chercher, il va continuer à se battre dans la jungle, d'abord en compagnie de trois autres soldats, puis seul, jusqu'en 1974, soit presque trente ans après la reddition du Japon en 1945. Il ne déposera les armes que sur ordre de son supérieur (entre temps il refusera toute injonction de la police et tuera près de trente paysans sur l'île). Gracié, il publiera ses mémoires dans la foulée en 1974 et sera cité dans divers œuvres culturelles (roman, musique, film). »
« Le cinéaste Arthur Harari, qui désirait faire un film d’aventure, explique (cf. bonus) que c'est son père qui lui a parlé de ce "héros" extraordinaire au patriotisme exacerbé. […] Si le cinéaste s'est documenté sur le personnage et a bénéficié des recherches de Bernard Cendron, il précise ne pas avoir voulu tomber dans la reconstitution historique irréprochable au profit d'une intrigue plus universaliste […] Fascinant par son esthétique et intrigant par son histoire et la richesse de sa thématique, Onoda - 10 000 nuits dans la jungle réussit, sans jamais appliquer les codes du biopic édifiant, à conjuguer la simplicité d'un portrait nuancé et limpide, mais guère chargé d'émotion, et la grandeur de l'Histoire abordée par ce fait inconcevable. Assurément, la mise en scène sophistiquée de Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, est bien le signe d'un cinéaste avec qui il faudra compter. »
« Le cinéaste Arthur Harari, qui désirait faire un film d’aventure, explique (cf. bonus) que c'est son père qui lui a parlé de ce "héros" extraordinaire au patriotisme exacerbé. […] Si le cinéaste s'est documenté sur le personnage et a bénéficié des recherches de Bernard Cendron, il précise ne pas avoir voulu tomber dans la reconstitution historique irréprochable au profit d'une intrigue plus universaliste […] Fascinant par son esthétique et intrigant par son histoire et la richesse de sa thématique, Onoda - 10 000 nuits dans la jungle réussit, sans jamais appliquer les codes du biopic édifiant, à conjuguer la simplicité d'un portrait nuancé et limpide, mais guère chargé d'émotion, et la grandeur de l'Histoire abordée par ce fait inconcevable. Assurément, la mise en scène sophistiquée de Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, est bien le signe d'un cinéaste avec qui il faudra compter. »
« "Nos démocraties sont soumises à des vents mauvais, à une forme de négation de l'histoire et de ses heures les plus sombres, presque pour effacer notre responsabilité", a-t-elle déploré après une visite du mémorial d'Oradour, où 643 personnes furent massacrées le 10 juin 1944 par la division allemande SS Das Reich. "Si nous ne sommes pas vigilants, si on laisse l'histoire faire son travail d'oubli, d'amnésie, alors tout est possible", a-t-elle alerté face à la presse, estimant que "soit par lâcheté, soit par manque de courage", "tout peut se reproduire". […] "Quand un candidat se permet de dire que le maréchal Pétain et le général de Gaulle c'est la même chose: oui, il y a un vrai risque", a-t-elle abondé plus tard lors d'une conférence de presse, visant directement le candidat putatif d'extrême droite Éric Zemmour. »
Reste que dénoncer des « vents mauvais », a fortiori en pareille circonstance, cela fait forcément écho au discours prononcé en 1941 par le maréchal Pétain : « De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines, un vent mauvais. » Anne Hidalgo et son équipe n'étant pas suspects, à nos yeux, d'avoir voulu commettre une provocation, la conclusion s'impose : ce discours de Pétain, pourtant très connu, ils ne l'ont vraisemblablement jamais lu, ni entendu. Et sans doute ne sont-ils pas les seuls à méconnaître l'historie qu'ils instrumentalisent à des fins politiciennes. Si tel n'était pas le cas, à vrai dire, on n'attaquerait pas si volontiers Zemmour sur ce point !
Reste que dénoncer des « vents mauvais », a fortiori en pareille circonstance, cela fait forcément écho au discours prononcé en 1941 par le maréchal Pétain : « De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines, un vent mauvais. » Anne Hidalgo et son équipe n'étant pas suspects, à nos yeux, d'avoir voulu commettre une provocation, la conclusion s'impose : ce discours de Pétain, pourtant très connu, ils ne l'ont vraisemblablement jamais lu, ni entendu. Et sans doute ne sont-ils pas les seuls à méconnaître l'historie qu'ils instrumentalisent à des fins politiciennes. Si tel n'était pas le cas, à vrai dire, on n'attaquerait pas si volontiers Zemmour sur ce point !
« On peut évidemment discuter le diagnostic de Zemmour. On peut aussi considérer que, malgré sa main tendue "aux musulmans qui s'assimilent" […], il sous-estime leur diversité et ne voit pas qu'une petite majorité d'entre eux est en bonne voie d'assimilation. […] Du coup, il prend le risque de heurter beaucoup de gens et d'apparaître comme un adversaire non pas de l'islam politique, mais de la religion musulmane. […] Pour autant, est-il raisonnable d'accuser le crypto-candidat de vouloir expulser (voire pire) tous les musulmans ou fermer toutes les mosquées ? […] Ceux qui dénoncent en boucle "le candidat de la peur" n'ont pas grand-chose d'autre à vendre que la peur de Zemmour. »
« Sur la question des prénoms, sa position n'est pas exempte de critiques. Comme souvent, il refuse de partir de la réalité de la société, méconnaissant que l'individualisme a fait son œuvre et que bien peu de Français accepteraient aujourd'hui que l'État se mêle de prénommer leurs gosses. […] Mais on riposte toujours avec la même méthode. Pour commencer, on nie le problème, puisque, c'est bien connu, les petits-enfants d'immigrés s'appellent tous Nicolas. [...] Ensuite, on travestit ses propositions, puis le téléphone arabe fait le reste. De sorte que, bien qu'il ait formellement affirmé le contraire, de nombreux musulmans sont convaincus qu'il les obligerait à changer de prénom. »
« Il faut enfin s'arrêter sur le sujet sensible de "Zemmour et la question juive", qui a donné lieu à sa passe d'armes avec BHL, mais aussi à la scandaleuse intervention du CRIF dont le président a lancé "Pas une voix juive pour Zemmour", comme si le CRIF était le Parti des juifs. »
« Commençons par l'affaire Pétain, si on peut dire. Non, Zemmour ne réhabilite nullement le régime qui a privé son père de nationalité française, il parle même à son sujet d'ignominie morale. Conformément à son habitus, il n'en analyse pas moins très (trop ?) froidement sa politique. Là encore ses accusateurs sautent comme des cabris : "Le salaud, il dit que Pétain a sauvé des juifs !" Mais ils ne se demandent nullement si c'est vrai, la question même serait criminelle. Faute des connaissances suffisantes, je ne saurais le démentir ni l'approuver, mais Gil Mihaely a eu la bonne idée de demander à Stéphane Amar, notre correspondant en Israël, d'interviewer Alain Michel, le rabbin-historien dont Zemmour reprend les thèses. […] Ses propos, qui vont à l'encontre de certitudes inculquées depuis l'adolescence, ne laissent pas de troubler. Mais n'est-ce pas le propre de toute pensée stimulante ? Rappelons ce qu'écrit Raymond Aron en 1979, dans un article intitulé "Les Juifs, Vichy et Israël", où il critique un livre d'Alfred Fabre-Luce : "Fabre-Luce cite une phrase d'un historien non suspect d'antisémitisme, Léon Poliakov : 'Du sort relativement plus clément des juifs de France, Vichy fut en fait le facteur prépondérant.' On peut discuter l'adjectif prépondérant, pas réfuter les chiffres." Peut-être Raymond Aron se trompe-t-il, mais nos belles âmes résistantes d'aujourd'hui auraient-elles le front de l'accuser d'antisémitisme et de pétainisme ? On ne suivra pas Zemmour, même dans son questionnement, quand il fait de Pétain, signataire du statut des Juifs, un chantre de l'assimilation. Mais pousser le bouchon trop loin ne fait pas de lui un criminel contre l'humanité. Et s'il ébranle nos certitudes, c'est peut-être qu'elles sont fautives. »
« On ne saurait cependant passer sous silence le malaise que provoque le cas Zemmour chez nombre de juifs de France qui ne sont plus vraiment des israélites selon son cœur, ce qui ne les empêche pas d'être pleinement français. […] Si beaucoup partagent son inquiétude, et c'est un faible mot, face à l'islamisation qui en a tué certains et fait partir d'autres, en Israël ou vers des zones moins hostiles que leur banlieue, ils n'ont pas envie de voir ressurgir le soupçon de double allégeance ni de renoncer à l'attachement que beaucoup éprouvent pour Israël, refuge éventuel où la plupart n'iront jamais s'installer. Eh bien, dira-t-on, n'est-ce pas la définition même de la double-allégeance ? Sauf que, d'une part, le souci d'Israël n'emporte nullement la haine de la France et que, d'autre part, l'amour de sa patrie doit, comme celui d'un être cher, souffrir l'ambiguïté et même une certaine dose de contradiction. Or, habité par une conception quasi mathématique de la nation et de l'histoire, Zemmour refuse cette zone grise où les choses ne se démontrent pas mais se ressentent. Ce qui explique son incapacité à prendre en compte les tourments des identités minoritaires (et cela s'applique à nombre de juifs aussi bien qu'à beaucoup de musulmans) comme une partie intégrante de la réalité. Cela ne signifie pas que l'on doive accepter toutes les réclamations qui en découlent, mais qu'il faut les comprendre. »
« Sur la question des prénoms, sa position n'est pas exempte de critiques. Comme souvent, il refuse de partir de la réalité de la société, méconnaissant que l'individualisme a fait son œuvre et que bien peu de Français accepteraient aujourd'hui que l'État se mêle de prénommer leurs gosses. […] Mais on riposte toujours avec la même méthode. Pour commencer, on nie le problème, puisque, c'est bien connu, les petits-enfants d'immigrés s'appellent tous Nicolas. [...] Ensuite, on travestit ses propositions, puis le téléphone arabe fait le reste. De sorte que, bien qu'il ait formellement affirmé le contraire, de nombreux musulmans sont convaincus qu'il les obligerait à changer de prénom. »
« Il faut enfin s'arrêter sur le sujet sensible de "Zemmour et la question juive", qui a donné lieu à sa passe d'armes avec BHL, mais aussi à la scandaleuse intervention du CRIF dont le président a lancé "Pas une voix juive pour Zemmour", comme si le CRIF était le Parti des juifs. »
« Commençons par l'affaire Pétain, si on peut dire. Non, Zemmour ne réhabilite nullement le régime qui a privé son père de nationalité française, il parle même à son sujet d'ignominie morale. Conformément à son habitus, il n'en analyse pas moins très (trop ?) froidement sa politique. Là encore ses accusateurs sautent comme des cabris : "Le salaud, il dit que Pétain a sauvé des juifs !" Mais ils ne se demandent nullement si c'est vrai, la question même serait criminelle. Faute des connaissances suffisantes, je ne saurais le démentir ni l'approuver, mais Gil Mihaely a eu la bonne idée de demander à Stéphane Amar, notre correspondant en Israël, d'interviewer Alain Michel, le rabbin-historien dont Zemmour reprend les thèses. […] Ses propos, qui vont à l'encontre de certitudes inculquées depuis l'adolescence, ne laissent pas de troubler. Mais n'est-ce pas le propre de toute pensée stimulante ? Rappelons ce qu'écrit Raymond Aron en 1979, dans un article intitulé "Les Juifs, Vichy et Israël", où il critique un livre d'Alfred Fabre-Luce : "Fabre-Luce cite une phrase d'un historien non suspect d'antisémitisme, Léon Poliakov : 'Du sort relativement plus clément des juifs de France, Vichy fut en fait le facteur prépondérant.' On peut discuter l'adjectif prépondérant, pas réfuter les chiffres." Peut-être Raymond Aron se trompe-t-il, mais nos belles âmes résistantes d'aujourd'hui auraient-elles le front de l'accuser d'antisémitisme et de pétainisme ? On ne suivra pas Zemmour, même dans son questionnement, quand il fait de Pétain, signataire du statut des Juifs, un chantre de l'assimilation. Mais pousser le bouchon trop loin ne fait pas de lui un criminel contre l'humanité. Et s'il ébranle nos certitudes, c'est peut-être qu'elles sont fautives. »
« On ne saurait cependant passer sous silence le malaise que provoque le cas Zemmour chez nombre de juifs de France qui ne sont plus vraiment des israélites selon son cœur, ce qui ne les empêche pas d'être pleinement français. […] Si beaucoup partagent son inquiétude, et c'est un faible mot, face à l'islamisation qui en a tué certains et fait partir d'autres, en Israël ou vers des zones moins hostiles que leur banlieue, ils n'ont pas envie de voir ressurgir le soupçon de double allégeance ni de renoncer à l'attachement que beaucoup éprouvent pour Israël, refuge éventuel où la plupart n'iront jamais s'installer. Eh bien, dira-t-on, n'est-ce pas la définition même de la double-allégeance ? Sauf que, d'une part, le souci d'Israël n'emporte nullement la haine de la France et que, d'autre part, l'amour de sa patrie doit, comme celui d'un être cher, souffrir l'ambiguïté et même une certaine dose de contradiction. Or, habité par une conception quasi mathématique de la nation et de l'histoire, Zemmour refuse cette zone grise où les choses ne se démontrent pas mais se ressentent. Ce qui explique son incapacité à prendre en compte les tourments des identités minoritaires (et cela s'applique à nombre de juifs aussi bien qu'à beaucoup de musulmans) comme une partie intégrante de la réalité. Cela ne signifie pas que l'on doive accepter toutes les réclamations qui en découlent, mais qu'il faut les comprendre. »
C'est, à notre connaissance, la seule biographie de l'amiral Auphan. L'auteur, Jean Laplane, rerace son parcours de sa naissance jusqu'au début de la Seconde guerre mondiale. Alors que son lvire venait de paraître, en 2018, il avait accordé un entretien au Journal de l'économie.
« Le premier élément qui me semble important est son commandement de la Jeanne d'Arc, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, ce qui lui a permis de former toute une génération d'officiers. »
« Le second est sa participation au gouvernement de Vichy. Protégé de Darlan, il occupa le poste de chef de la marine marchande, rôle très important pour une France occupée qui compte beaucoup sur ses possessions d'outre-mer pour maintenir son importance géopolitique. Il a été également commandant en chef des Forces navales françaises, puis, après le départ du gouvernement de Darlan, secrétaire d'État à la Marine. Il quitta ce poste peu de temps avant le sabordage de la Flotte à Toulon, en raison de son désaccord avec la politique de Laval. »
« Enfin le troisième élément est la vision qu'il a développée de la Marine et de l'Histoire dans plusieurs livres, dont certains en collaboration avec Jacques Mordal (pseudonyme de Hervé Cras). Ces livres magnifient le rôle de la Marine et ont marqué les officiers de marine après la guerre, en proposant la vision d'une flotte qui a accompli son devoir tout au long des tribulations traversées durant cette période. »
« Le parcours de Paul Auphan est un mélange d'éléments classiques et originaux. […] Pour les points plus originaux, il faut commencer par se pencher sur le début de la carrière d'Auphan, durant la Première Guerre où ce jeune officier passe des sous-marins, arme qui acquiert sa réputation durant ce conflit, au renseignement. À l'époque des cuirassés, ces deux affectations distinguent déjà sensiblement le parcours d'Auphan, notamment l'expérience sous-marine qu'il abordera de nouveau lors de son passage en cabinet ministériel. »
« Autre point intéressant, celui de ses relations en politique. Lors de ses passages en cabinet et tout au long de sa carrière, Auphan va croiser la route de grands hommes de l'époque, comme Georges Leygues, grand artisan de la reconstitution de la flotte durant l'entre-deux-guerres, qui a influencé son parcours. On peut cependant estimer que la plus importante collaboration qu'il fera sera celle avec le futur amiral Darlan, dont il fera partie des protégés. »
« Enfin, un dernier point : Auphan n'a jamais eu de grand commandement avant son accession à l'amiralat. Il a commandé des bâtiments prestigieux comme l'Émile Bertin, des contre-torpilleurs récents et rapides type Guépard, ou enfin la Jeanne d'Arc, mais aucun commandement stratégique, comme une escadre. Il n'a commandé que des bâtiments isolés, jamais plus importants que des croiseurs. Car la carrière d'Auphan s'est développée de manière atypique, compte tenu des qualités professionnelles, personnelles et relationnelles dont il fit preuve lors de ses différents postes. »
« En plus d'une carrière rapide, brillante et menée en passant par des voies originales, on peut retenir que Paul Auphan reste le reflet de la marine de son époque, celle qui voulut se renouveler en se fondant sur certains principes stratégiques qui auront leurs limites plus tard : une marine technologiquement avancée, avec des bâtiments technologiquement puissants, rapides, adaptés aux missions de l'empire français et à la protection méditerranéenne. Mais une marine qui a manqué certaines innovations comme le sonar et l'émergence des porte-avions. Auphan a par exemple collaboré sur le sujet de l'aéronavale, souhaitant la voir se développer, mais sans envisager les possibilités que d'autres puissances navales avaient étudiées. »
« Il incarne également un archétype : celui de l'officier catholique dont la morale et la conception du monde maritime et des rapports que la Marine noue avec le pays. »
« Le premier élément qui me semble important est son commandement de la Jeanne d'Arc, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, ce qui lui a permis de former toute une génération d'officiers. »
« Le second est sa participation au gouvernement de Vichy. Protégé de Darlan, il occupa le poste de chef de la marine marchande, rôle très important pour une France occupée qui compte beaucoup sur ses possessions d'outre-mer pour maintenir son importance géopolitique. Il a été également commandant en chef des Forces navales françaises, puis, après le départ du gouvernement de Darlan, secrétaire d'État à la Marine. Il quitta ce poste peu de temps avant le sabordage de la Flotte à Toulon, en raison de son désaccord avec la politique de Laval. »
« Enfin le troisième élément est la vision qu'il a développée de la Marine et de l'Histoire dans plusieurs livres, dont certains en collaboration avec Jacques Mordal (pseudonyme de Hervé Cras). Ces livres magnifient le rôle de la Marine et ont marqué les officiers de marine après la guerre, en proposant la vision d'une flotte qui a accompli son devoir tout au long des tribulations traversées durant cette période. »
« Le parcours de Paul Auphan est un mélange d'éléments classiques et originaux. […] Pour les points plus originaux, il faut commencer par se pencher sur le début de la carrière d'Auphan, durant la Première Guerre où ce jeune officier passe des sous-marins, arme qui acquiert sa réputation durant ce conflit, au renseignement. À l'époque des cuirassés, ces deux affectations distinguent déjà sensiblement le parcours d'Auphan, notamment l'expérience sous-marine qu'il abordera de nouveau lors de son passage en cabinet ministériel. »
« Autre point intéressant, celui de ses relations en politique. Lors de ses passages en cabinet et tout au long de sa carrière, Auphan va croiser la route de grands hommes de l'époque, comme Georges Leygues, grand artisan de la reconstitution de la flotte durant l'entre-deux-guerres, qui a influencé son parcours. On peut cependant estimer que la plus importante collaboration qu'il fera sera celle avec le futur amiral Darlan, dont il fera partie des protégés. »
« Enfin, un dernier point : Auphan n'a jamais eu de grand commandement avant son accession à l'amiralat. Il a commandé des bâtiments prestigieux comme l'Émile Bertin, des contre-torpilleurs récents et rapides type Guépard, ou enfin la Jeanne d'Arc, mais aucun commandement stratégique, comme une escadre. Il n'a commandé que des bâtiments isolés, jamais plus importants que des croiseurs. Car la carrière d'Auphan s'est développée de manière atypique, compte tenu des qualités professionnelles, personnelles et relationnelles dont il fit preuve lors de ses différents postes. »
« En plus d'une carrière rapide, brillante et menée en passant par des voies originales, on peut retenir que Paul Auphan reste le reflet de la marine de son époque, celle qui voulut se renouveler en se fondant sur certains principes stratégiques qui auront leurs limites plus tard : une marine technologiquement avancée, avec des bâtiments technologiquement puissants, rapides, adaptés aux missions de l'empire français et à la protection méditerranéenne. Mais une marine qui a manqué certaines innovations comme le sonar et l'émergence des porte-avions. Auphan a par exemple collaboré sur le sujet de l'aéronavale, souhaitant la voir se développer, mais sans envisager les possibilités que d'autres puissances navales avaient étudiées. »
« Il incarne également un archétype : celui de l'officier catholique dont la morale et la conception du monde maritime et des rapports que la Marine noue avec le pays. »
« Pour le chef d'état-major de la Marine nationale (CEMM), l'amiral Pierre Vandier, il ne "faut pas se tromper de cible" dans cette affaire. C'est en effet ce qu'il a déclaré lors d'une audition à l'Assemblée nationale. »
« "Je vous invite à relire le discours du général de Gaulle, prononcé au lendemain de l'attaque de Mers-el-Kébir", a en effet dit le CEMM aux députés, qui l'interrogeaient sur l'alliance AUKUS, en faisant référence à "l'affreuse canonnade d'Oran", au cours de laquelle la Royal Navy mit hors de combat l'escadre française qui y était basée, le 3 juillet 1940. »
« "En dépit du caractère funeste de cet épisode, au cours duquel près de 1 300 marins français ont été tués alors qu'ils tentaient de contrer l'assaut des Britanniques, le général avait appelé à ne pas se tromper de cible : l'Allemagne demeurait le véritable ennemi de la France. Il convient d'aborder l'AUKUS avec la même prudence", a poursuivi l'amiral Vandier. »
« S'il a estimé que cette affaire était "inacceptable entre alliés", "tant sur le fond que sur la forme", celui-ci a fait valoir qu'elle était néanmoins un "très bon indicateur de la perception de l'accroissement des tensions par de nombreux pays dans la zone indo-pacifique". »
« "Je vous invite à relire le discours du général de Gaulle, prononcé au lendemain de l'attaque de Mers-el-Kébir", a en effet dit le CEMM aux députés, qui l'interrogeaient sur l'alliance AUKUS, en faisant référence à "l'affreuse canonnade d'Oran", au cours de laquelle la Royal Navy mit hors de combat l'escadre française qui y était basée, le 3 juillet 1940. »
« "En dépit du caractère funeste de cet épisode, au cours duquel près de 1 300 marins français ont été tués alors qu'ils tentaient de contrer l'assaut des Britanniques, le général avait appelé à ne pas se tromper de cible : l'Allemagne demeurait le véritable ennemi de la France. Il convient d'aborder l'AUKUS avec la même prudence", a poursuivi l'amiral Vandier. »
« S'il a estimé que cette affaire était "inacceptable entre alliés", "tant sur le fond que sur la forme", celui-ci a fait valoir qu'elle était néanmoins un "très bon indicateur de la perception de l'accroissement des tensions par de nombreux pays dans la zone indo-pacifique". »
« Il faut dépasser le sourire : l'enjeu est vital. Le 14 mai dernier, une équipe de scientifiques japonais a publié une étude dont on ne doit pas sous-estimer l'importance. […] Cherchant des alternatives à l'intubation dans les cas de détresse respiratoire, l'équipe s'est ingéniée à mettre à profit la vascularisation des intestins : les échanges entre la paroi intestinale et le système sanguin sont importants et rapides. L'idée de ces chercheurs était donc d'utiliser ce point d'entrée pour tenter de faire passer l'oxygène dans le sang. […] L'expérimentation sur des cochons démontra alors la possibilité d'une "respiration" intestinale, sans conséquence néfaste. »
« Il s'agit maintenant de voir dans quelles conditions et avec quel succès la technique peut être employée sur des êtres humains – et espérer que l'impact qu'elle aura, dans le monde médical et dans les médias, dépassera effectivement l'anecdote d'actualité et le sourire. L'histoire des sciences montre que le lien entre idée, efficacité et adoption d'une pratique est bien plus complexe qu'on pourrait le croire. Et le cas de la réanimation "inversée" est à ce titre exceptionnel. »
« En effet, ces chercheurs japonais ont renoué sans le savoir avec une tradition médicale européenne méconnue, qui proposait de ramener à la vie des asphyxiés en soufflant dans le derrière dès la fin du XVe siècle. Cette pratique, rarement mentionnée, ne prit une réelle importance qu'au XVIIIe siècle, lorsque la réanimation des noyés devint un véritable enjeu pour les Lumières – jusque-là, on ne pensait guère à réanimer. Les savants innovèrent en changeant l'injection d'air par l'injection de fumée de tabac : l'idée n'était pas d'injecter de l'oxygène, celui-ci, et la chimie de la respiration, ne furent découverts que dans les années 1770. Sous cette forme tabagique, l'insufflation anale fut jusqu'au milieu du XIXe siècle la pratique phare de la réanimation médicale, avant de disparaître, sans réelle explication. »
« Il serait assez tentant de voir là un récit en pointillé sur des siècles et à l'échelle mondiale : une vieille intuition médicale de la fin du Moyen Âge, développée enfin au siècle des Lumières, perdue, puis retrouvée au temps du coronavirus par des Japonais. C'est une narration possible, mais ce n'est ni la plus probable, ni surtout la plus intéressante : il faut choisir les questions que l'on pose à l'histoire. Si l'on ne cherche pas à lui faire dire que la vérité et l'efficacité scientifiques apparaissent progressivement, surmontant les obstacles que les époques leur tendent (une vision biaisée et linéaire qu'on appelle téléologique), on voit apparaître des chemins méandreux, des motifs et des interactions inattendus entre la culture et la science. »
« Toujours est-il que la pratique connut un succès incroyable : lorsque, à la fin des années 1760, les sociétés de secours aux noyés commencent à se répandre en Europe, l'insufflation anale est toujours la première technique recommandée. Comme les défibrillateurs publics de nos jours, on vit alors, à Amsterdam, Paris, Londres, Berne, Venise et dans des centaines d'autres villes, apparaître des "boîtes fumigatoires". Il s'agissait de caisses contenant le nécessaire à réanimation, c'est-à-dire, avant tout, un soufflet adapté à un brûleur de tabac. À Paris, Amsterdam et Londres, ces sociétés, plus ou moins soutenues par le pouvoir, recensèrent scrupuleusement leurs activités : noyés repêchés, techniques mises en œuvre, succès… à en croire ces documents, les cas prouvant l'efficacité de l'insufflation anale se mesurent en centaines. On ne saurait les prendre pour argent comptant cependant. […] Les cas de "réussite" peuvent correspondre à de simples réveils, dus à la douleur provoquée par l'insufflation anale. Si l'on ne peut pas apporter de réponse certaine à la question de l'efficacité ou de l'inefficacité de cette étrange pratique, les indices tendent plus vers une efficacité très modérée ou nulle. »
« Quoi qu'il en soit, et quelles que soient ses sources d'inspiration, l'équipe japonaise aboutit bien à un résultat très prometteur. Celui-ci pose une question vertigineuse. La respiration intestinale des loches n'est pas une découverte. Le perfluorocarbone non plus – on trouve dès les années 1960 des études sur la capacité de mammifères à respirer ce liquide par les poumons, un motif mis en scène dans le film Abyss (1989). Quant à la connaissance de la capacité d'absorption du rectum, cela est vieux comme les suppositoires. La question est : pourquoi ces éléments simples, parfaitement connus, n'ont pas été rassemblés plus tôt, qui plus est quand l'enjeu est celui d'une alternative à l'intubation dont les risques sont tout autant connus ? Dire ceci ne retire rien au mérite de l'étude japonaise, au contraire. Mais sur le temps long, ce sera peut-être moins cette étude qui paraîtra étonnante que sa genèse tardive. »
« Il s'agit maintenant de voir dans quelles conditions et avec quel succès la technique peut être employée sur des êtres humains – et espérer que l'impact qu'elle aura, dans le monde médical et dans les médias, dépassera effectivement l'anecdote d'actualité et le sourire. L'histoire des sciences montre que le lien entre idée, efficacité et adoption d'une pratique est bien plus complexe qu'on pourrait le croire. Et le cas de la réanimation "inversée" est à ce titre exceptionnel. »
« En effet, ces chercheurs japonais ont renoué sans le savoir avec une tradition médicale européenne méconnue, qui proposait de ramener à la vie des asphyxiés en soufflant dans le derrière dès la fin du XVe siècle. Cette pratique, rarement mentionnée, ne prit une réelle importance qu'au XVIIIe siècle, lorsque la réanimation des noyés devint un véritable enjeu pour les Lumières – jusque-là, on ne pensait guère à réanimer. Les savants innovèrent en changeant l'injection d'air par l'injection de fumée de tabac : l'idée n'était pas d'injecter de l'oxygène, celui-ci, et la chimie de la respiration, ne furent découverts que dans les années 1770. Sous cette forme tabagique, l'insufflation anale fut jusqu'au milieu du XIXe siècle la pratique phare de la réanimation médicale, avant de disparaître, sans réelle explication. »
« Il serait assez tentant de voir là un récit en pointillé sur des siècles et à l'échelle mondiale : une vieille intuition médicale de la fin du Moyen Âge, développée enfin au siècle des Lumières, perdue, puis retrouvée au temps du coronavirus par des Japonais. C'est une narration possible, mais ce n'est ni la plus probable, ni surtout la plus intéressante : il faut choisir les questions que l'on pose à l'histoire. Si l'on ne cherche pas à lui faire dire que la vérité et l'efficacité scientifiques apparaissent progressivement, surmontant les obstacles que les époques leur tendent (une vision biaisée et linéaire qu'on appelle téléologique), on voit apparaître des chemins méandreux, des motifs et des interactions inattendus entre la culture et la science. »
« Toujours est-il que la pratique connut un succès incroyable : lorsque, à la fin des années 1760, les sociétés de secours aux noyés commencent à se répandre en Europe, l'insufflation anale est toujours la première technique recommandée. Comme les défibrillateurs publics de nos jours, on vit alors, à Amsterdam, Paris, Londres, Berne, Venise et dans des centaines d'autres villes, apparaître des "boîtes fumigatoires". Il s'agissait de caisses contenant le nécessaire à réanimation, c'est-à-dire, avant tout, un soufflet adapté à un brûleur de tabac. À Paris, Amsterdam et Londres, ces sociétés, plus ou moins soutenues par le pouvoir, recensèrent scrupuleusement leurs activités : noyés repêchés, techniques mises en œuvre, succès… à en croire ces documents, les cas prouvant l'efficacité de l'insufflation anale se mesurent en centaines. On ne saurait les prendre pour argent comptant cependant. […] Les cas de "réussite" peuvent correspondre à de simples réveils, dus à la douleur provoquée par l'insufflation anale. Si l'on ne peut pas apporter de réponse certaine à la question de l'efficacité ou de l'inefficacité de cette étrange pratique, les indices tendent plus vers une efficacité très modérée ou nulle. »
« Quoi qu'il en soit, et quelles que soient ses sources d'inspiration, l'équipe japonaise aboutit bien à un résultat très prometteur. Celui-ci pose une question vertigineuse. La respiration intestinale des loches n'est pas une découverte. Le perfluorocarbone non plus – on trouve dès les années 1960 des études sur la capacité de mammifères à respirer ce liquide par les poumons, un motif mis en scène dans le film Abyss (1989). Quant à la connaissance de la capacité d'absorption du rectum, cela est vieux comme les suppositoires. La question est : pourquoi ces éléments simples, parfaitement connus, n'ont pas été rassemblés plus tôt, qui plus est quand l'enjeu est celui d'une alternative à l'intubation dont les risques sont tout autant connus ? Dire ceci ne retire rien au mérite de l'étude japonaise, au contraire. Mais sur le temps long, ce sera peut-être moins cette étude qui paraîtra étonnante que sa genèse tardive. »
« Le conseil académique de San Francisco a voté en faveur de la destitution de Lincoln, de sept autres présidents des États-Unis, de trois anciens maires de la ville et d'une vingtaine d'autres notables et pour que leurs noms soient retirés d'écoles publiques parce qu'il s'agissait soit de racistes, soit de conquistadors, ou parce qu'ils avaient un lien avec l'esclavage, le racisme ou l'oppression. »
« Le lycée Mission et le collège Presidio se sont également retrouvés sur la liste. Le couperet n'a même pas épargné ce qui est le nom d'un mythe : El Dorado. Quant à Alamo, mieux vaut l'oublier. Washington, Jefferson, Daniel Webster, Paul Revere, John Muir, Robert Louis Stevenson, Francis Scott Key et James Marshall, dont la découverte a déclenché la ruée vers l'or qui a transformé la Californie, tous sont désormais exclus. La sénatrice démocrate Dianne Feinstein est la seule personne vivante sur la liste. Quand elle était maire, elle avait ordonné qu'un drapeau confédéré arraché par des manifestants soit remis à sa place dans une salle de la mairie. C'était il y a trente-six ans. »
« Le lycée Mission et le collège Presidio se sont également retrouvés sur la liste. Le couperet n'a même pas épargné ce qui est le nom d'un mythe : El Dorado. Quant à Alamo, mieux vaut l'oublier. Washington, Jefferson, Daniel Webster, Paul Revere, John Muir, Robert Louis Stevenson, Francis Scott Key et James Marshall, dont la découverte a déclenché la ruée vers l'or qui a transformé la Californie, tous sont désormais exclus. La sénatrice démocrate Dianne Feinstein est la seule personne vivante sur la liste. Quand elle était maire, elle avait ordonné qu'un drapeau confédéré arraché par des manifestants soit remis à sa place dans une salle de la mairie. C'était il y a trente-six ans. »
« Pour éviter les débordements survenus en 2019 dans le centre-ville du Mans sur ce même thème, le préfet de la Sarthe, Patrick Dallennes, a décidé d'interdire toute manifestation ou tout rassemblement qui serait en lien avec la commémoration de la "bataille du Mans" de 1793. Pour rappel, en marge de ce temps d'hommage l'an passé, des violences avaient éclaté et des dégradations avaient eu lieu, secteur de la place de la Sirène, devant plusieurs bars. La préfecture indique qu'une déclaration a été déposée le 7 décembre pour commémorer le souvenir vendéen le 12 décembre place du Cardinal-Grente au Mans, de 19 heures à 21 heures, appel qui a été relayé sur le site de l'Action française. En réponse, des militants du collectif "anti-fasciste 72" veulent de leur côté organiser une contre-manifestation ce même jour place des Jacobins, précise-t-on. Par ailleurs, ce samedi toujours, une nouvelle manifestation contre le projet de loi "sécurité globale" est prévue au Mans devant la préfecture à 15 heures. »
Extraits d'une tribune signée Gilles Antonowicz, avocat, historien, François Garçon, historien, enseignant-chercheur, et Limore Yagil, historienne, professeur d'histoire contemporaine :
« N'ayons pas peur des mots : plus les jours passent, plus la police de la pensée fait des ravages. Dernier épisode en date, la comparution d'Éric Zemmour le mercredi 9 décembre devant le tribunal correctionnel. Son délit ? Avoir soutenu lors d'un débat télévisé que le maréchal Pétain aurait joué un rôle dans le (relatif) sauvetage des juifs de nationalité française. Ce faisant, il se serait rendu coupable de contestation de crime contre l'humanité. »
« On se frotte les yeux. On se pince. Car Zemmour ne fait que reprendre – de manière certes abrupte, lapidaire et caricaturale dans la forme – ce qu'ont soutenu et soutiennent encore, non sans raisons, quantités d'historiens, dont, entre autres, Léon Poliakov dans le Bréviaire de la haine (1951), Raul Hilberg, dans sa monumentale somme La Destruction des juifs d'Europe, l'académicien français Robert Aron dans son Histoire de Vichy et, plus récemment, le chercheur franco-israélien Alain Michel dans son livre Vichy et la Shoah (2014). »
« Le parquet a requis 10 000 euros d'amende. Mais quelle est la légitimité du parquet pour réclamer une telle peine ? Que connaît-il du sujet ? Les tribunaux sont manifestement incompétents, à tous les sens du terme, pour juger la complexité des débats historiques. »
« On aurait pourtant pu croire la question réglée depuis longtemps. Le 13 juillet 1984, Le Monde assura la publicité d'un texte dont Jacques Isorni, l'avocat historique de Pétain, était l'auteur. […] Plainte avait alors été déposée. […] Au mois de juin 1986, le siège du parquet était occupé par le jeune substitut Philippe Bilger qui, avec sagesse, requit la relaxe. […] Une semaine plus tard, le tribunal rendit son jugement. Tous les prévenus furent relaxés. Les associations résistantes firent appel. Considérant que le manifeste litigieux contenait "implicitement et nécessairement" l'apologie des crimes de collaboration, quand bien même y étaient évoquées les atrocités et persécutions nazies, Isorni fut condamné à verser un franc de dommages et intérêts. La Cour de cassation confirma cette décision. Isorni saisit alors la Cour européenne des droits de l'homme. Le 23 septembre 1998 – trois ans après la mort d'Isorni – les juges européens condamnèrent la France à verser 100 000 francs de dommages et intérêts à ses héritiers de manière à compenser le préjudice né de sa condamnation, jugée "disproportionnée dans une société démocratique". […] La Cour constatait qu'Isorni n’avait jamais tenu de propos négationnistes, ni voulu minimiser l'Holocauste. […] Que si les autorités nationales pouvaient sanctionner des paroles racistes ou négationnistes émises lors de tels débats, elles ne pouvaient pas purement et simplement interdire le débat. Heureux temps. Quelle régression ! »
« N'ayons pas peur des mots : plus les jours passent, plus la police de la pensée fait des ravages. Dernier épisode en date, la comparution d'Éric Zemmour le mercredi 9 décembre devant le tribunal correctionnel. Son délit ? Avoir soutenu lors d'un débat télévisé que le maréchal Pétain aurait joué un rôle dans le (relatif) sauvetage des juifs de nationalité française. Ce faisant, il se serait rendu coupable de contestation de crime contre l'humanité. »
« On se frotte les yeux. On se pince. Car Zemmour ne fait que reprendre – de manière certes abrupte, lapidaire et caricaturale dans la forme – ce qu'ont soutenu et soutiennent encore, non sans raisons, quantités d'historiens, dont, entre autres, Léon Poliakov dans le Bréviaire de la haine (1951), Raul Hilberg, dans sa monumentale somme La Destruction des juifs d'Europe, l'académicien français Robert Aron dans son Histoire de Vichy et, plus récemment, le chercheur franco-israélien Alain Michel dans son livre Vichy et la Shoah (2014). »
« Le parquet a requis 10 000 euros d'amende. Mais quelle est la légitimité du parquet pour réclamer une telle peine ? Que connaît-il du sujet ? Les tribunaux sont manifestement incompétents, à tous les sens du terme, pour juger la complexité des débats historiques. »
« On aurait pourtant pu croire la question réglée depuis longtemps. Le 13 juillet 1984, Le Monde assura la publicité d'un texte dont Jacques Isorni, l'avocat historique de Pétain, était l'auteur. […] Plainte avait alors été déposée. […] Au mois de juin 1986, le siège du parquet était occupé par le jeune substitut Philippe Bilger qui, avec sagesse, requit la relaxe. […] Une semaine plus tard, le tribunal rendit son jugement. Tous les prévenus furent relaxés. Les associations résistantes firent appel. Considérant que le manifeste litigieux contenait "implicitement et nécessairement" l'apologie des crimes de collaboration, quand bien même y étaient évoquées les atrocités et persécutions nazies, Isorni fut condamné à verser un franc de dommages et intérêts. La Cour de cassation confirma cette décision. Isorni saisit alors la Cour européenne des droits de l'homme. Le 23 septembre 1998 – trois ans après la mort d'Isorni – les juges européens condamnèrent la France à verser 100 000 francs de dommages et intérêts à ses héritiers de manière à compenser le préjudice né de sa condamnation, jugée "disproportionnée dans une société démocratique". […] La Cour constatait qu'Isorni n’avait jamais tenu de propos négationnistes, ni voulu minimiser l'Holocauste. […] Que si les autorités nationales pouvaient sanctionner des paroles racistes ou négationnistes émises lors de tels débats, elles ne pouvaient pas purement et simplement interdire le débat. Heureux temps. Quelle régression ! »
Pourquoi François Mitterand a-t-il accepté la privatisation de Renault ? « Je ne suis pas loin de penser que cela répond à un vieux souvenir pétainiste », répond Benjamin Cuq ; « que cela lui a permis de défaire ce que Charles de Gaulle a fait ». Donte acte. Tout l'entretien est du même tonneau. Si la critique de Carlos Ghosn est légitime, celle -ci semble peu crédible.
Une publicité exhumée par Olivier Dauvers. Comment on n'en verra plus ces jours-ci, effectivement.
« La collection Prestige des éditions ETAI publie un superbe ouvrage écrit par Christian Rouxel, consacré à l'entreprise pionnière du raffinage et de la distribution de pétrole en France, Fenaille et Despeaux, qui deviendra plus tard la célèbre Esso. »
« Au-delà de l'histoire familiale et de celle de cette entreprise, l'ouvrage nous replonge pleinement dans les débuts de l'ère du pétrole. Source de méfiance initialement dans nos contrées en raison d'une tenace réputation de "dangerosité" mais aussi de préjugés politiques (le pétrole "lampant" servi lors de la Commune à déclencher les incendies lors de la semaine sanglante), le pétrole s'impose peu à peu en raison de sa praticité, de son rendement, de son prix attractif et de la qualité des produits raffinés en France. »
« La France se caractérise longtemps par une résistance aux Américains, qui n'arrivent pas, malgré la puissance de frappe du trust de Rockfeller, à pénétrer et dominer le marché de produits raffinés jalousement gardé par des compagnies françaises. Le raffinage à la française est protégé par une politique fiscale avantageuse, une protection étatique et le choix du "premium". Mais l'État commence à y mettre son grain de sel, à la fois pour y ponctionner une manne financière juteuse mais aussi essayer d'en prendre le contrôle. La question du monopole d'État est un véritable serpent de mer qui suscite des débats passionnés tout au long de ces années, avec des arguments qui font écho à notre époque sur les profits éhontés des compagnies pétrolières. »
« C'est la guerre de 14-18 qui change radicalement la donne. Avec des besoins en pétrole croissants pour répondre à la mécanisation de la guerre moderne, l'État français profite du contexte de mobilisation pour prendre en main la filière du pétrole et surtout les approvisionnements venant essentiellement des États-Unis, faisant perdre ainsi aux compagnies privées une grande partie de leurs prérogatives. L'État […] maintient après la guerre un contrôle étatique rigoureux, tout en essayant, à la faveur des traités, d'obtenir sa "part du gâteau" notamment en Irak. Toutefois, l'après-guerre finit par marquer le triomphe des majors anglo-saxonnes, qui tirent profit de la libéralisation progressive du secteur et de leur capacité à casser les prix pour prendre d'assaut le marché français et fragiliser les indépendants. »
« Le livre est d'une grande richesse. Le récit, très détaillé, abondamment sourcé et soucieux de replacer l'histoire de cette entreprise dans le contexte national et international, s'accompagne d'une abondante iconographie et documentation »
« Au-delà de l'histoire familiale et de celle de cette entreprise, l'ouvrage nous replonge pleinement dans les débuts de l'ère du pétrole. Source de méfiance initialement dans nos contrées en raison d'une tenace réputation de "dangerosité" mais aussi de préjugés politiques (le pétrole "lampant" servi lors de la Commune à déclencher les incendies lors de la semaine sanglante), le pétrole s'impose peu à peu en raison de sa praticité, de son rendement, de son prix attractif et de la qualité des produits raffinés en France. »
« La France se caractérise longtemps par une résistance aux Américains, qui n'arrivent pas, malgré la puissance de frappe du trust de Rockfeller, à pénétrer et dominer le marché de produits raffinés jalousement gardé par des compagnies françaises. Le raffinage à la française est protégé par une politique fiscale avantageuse, une protection étatique et le choix du "premium". Mais l'État commence à y mettre son grain de sel, à la fois pour y ponctionner une manne financière juteuse mais aussi essayer d'en prendre le contrôle. La question du monopole d'État est un véritable serpent de mer qui suscite des débats passionnés tout au long de ces années, avec des arguments qui font écho à notre époque sur les profits éhontés des compagnies pétrolières. »
« C'est la guerre de 14-18 qui change radicalement la donne. Avec des besoins en pétrole croissants pour répondre à la mécanisation de la guerre moderne, l'État français profite du contexte de mobilisation pour prendre en main la filière du pétrole et surtout les approvisionnements venant essentiellement des États-Unis, faisant perdre ainsi aux compagnies privées une grande partie de leurs prérogatives. L'État […] maintient après la guerre un contrôle étatique rigoureux, tout en essayant, à la faveur des traités, d'obtenir sa "part du gâteau" notamment en Irak. Toutefois, l'après-guerre finit par marquer le triomphe des majors anglo-saxonnes, qui tirent profit de la libéralisation progressive du secteur et de leur capacité à casser les prix pour prendre d'assaut le marché français et fragiliser les indépendants. »
« Le livre est d'une grande richesse. Le récit, très détaillé, abondamment sourcé et soucieux de replacer l'histoire de cette entreprise dans le contexte national et international, s'accompagne d'une abondante iconographie et documentation »
« On ne peut en vouloir aux Français d'aujourd'hui des crimes de saint Louis, de Bugeaud, ou de Laval. Ni des crimes du commerce triangulaire, ni de ceux de la colonisation ni de ceux de la collaboration avec les Nazis. Ni même condamner ceux qui, dans le passé, ont commis légalement des actes qui seraient aujourd'hui considérés, légalement ou moralement, comme des crimes : on ne peut en vouloir à Colbert, ou à Jules Ferry, d'avoir agi conformément à la loi et à la morale de leur temps ; sinon, il faudrait aussi considérer comme des meurtriers tous les présidents de la République française, jusqu'à Valéry Giscard d'Estaing inclus, qui ont envoyé à l'échafaud des condamnés, en refusant d'exercer leur droit de grâce. »
« Par contre, on doit exiger de nos contemporains de faire disparaître les traces de tous ceux qui ont agi en violation des lois ou de la morale de leur temps. Par exemple, il ne devrait pas y avoir une avenue Bugeaud à Paris ; ni de rue Brasillach, ni d'avenue Céline à moins de remettre ces auteurs dans un contexte explicatif, distinguant l'homme, ignoble, de l'œuvre littéraire, très partiellement grandiose. »
« Enfin, après la dictature des racistes, il ne faut pas tomber dans une autre ségrégation qui, au nom de l'antiracisme, ne ferait qu'exacerber des différences imaginaires à l'intérieur de la seule race qui soit : la race humaine. »
« Par contre, on doit exiger de nos contemporains de faire disparaître les traces de tous ceux qui ont agi en violation des lois ou de la morale de leur temps. Par exemple, il ne devrait pas y avoir une avenue Bugeaud à Paris ; ni de rue Brasillach, ni d'avenue Céline à moins de remettre ces auteurs dans un contexte explicatif, distinguant l'homme, ignoble, de l'œuvre littéraire, très partiellement grandiose. »
« Enfin, après la dictature des racistes, il ne faut pas tomber dans une autre ségrégation qui, au nom de l'antiracisme, ne ferait qu'exacerber des différences imaginaires à l'intérieur de la seule race qui soit : la race humaine. »
Le site évoque des statues « destinées à célébrer ceux qui ont joué un rôle, de près ou de loin, dans la longue histoire du colonialisme et de l'esclavage ». Mais dans quels cas des monuments ont-ils été édifiés puis entretenus dans ce but ? On admire Colbert pour avoir été un grand serviteur de l'État, Jules Ferry pour avoir jeté les bases de l'École républicaine, etc. Prétendre que les statues à leur effigie étaient « destinées » à célébrer « la longue histoire du colonialisme et de l'esclavage », c'est réécrire l'histoire. Mais peut-être Daniel Schneidermann expliquera-t-il à nouveau qu'il a « factuellement tort et politiquement raison », comme il l'a dit à pour Virginie Despentes.
« Le Front populaire a-t-il désarmé le pays ? La ligne Maginot était-elle une bonne idée ? Notre armée était-elle prête ? Manquait-elle d'avions et de chars ? Les Belges sont-ils coupables ? La guerre pouvait-elle être poursuivie en Bretagne ou en Afrique du Nord ? L'appel à Pétain était-il un complot contre la République ? L'appel du 18 Juin a-t-il été entendu ? C'est à ces questions, et à quelques autres (trente au total), que répond le livre de Rémy Porte, ex-officier référent "Histoire" pour l’armée de Terre puisqu'il vient de quitter le service actif après une longue carrière de transmetteur (et de transmetteur de savoir et de culture militaire). »
« Au fil des combats et des vicissitudes du soldat au quotidien, c'est un autre visage de Gambetta qu'entrevoit André Viaud Grand Marais : le visage d'un politicien qui se veut chef militaire, alors qu'il n'a ni la formation des hommes de métier, ni le génie inné des grands conquérants ; le visage d'un obstiné de la République, qui est prêt à prendre toutes les mesures policières pour museler l'opposition ; le visage d'un arrogant, obnubilé par un Triomphe des armes qui serait un triomphe de sa personne, quitte à repousser les propositions d'armistice et à proclamer, jusqu'à la dernière minute, la guerre à outrance. »
« Il n'est pas seulement absurde, il est néfaste de s'abandonner à un danger majeur que les historiens connaissent bien. Il s'agit de l'anachronisme. Ce péché contre l'intelligence du passé consiste, à partir de nos certitudes du présent, à plaquer sur les personnages d'autrefois un jugement rétrospectif d'autant plus péremptoire qu'il est irresponsable. »
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, prétend que « la dernière statue de Pétain a été déboulonnée à Vichy en 2014 ». « Personne n'y a vu un geste totalitaire », a-t-il ajouté ; « Il n'a pas pour autant disparu de notre histoire ». De quoi légitimer les attaques contre Colbert ? Son tweet est ridicule. Comme le dit Frédéric Aguilera, maire de Vichy, « on nage en plein délire » ; de fait, rappelle-t-il, « il n'y a jamais eu de statue de Pétain à Vichy ». À l'origine, c'était un canular de Nordpress… jugé suffisamment crédible par Luarent Joffrin pour qu'il se laisse lui-même piéger en 2018, en signant un article publié par Historia. C'est du sérieux !
« On va aller contextualiser un film qui ne rapporte plus grand chose, qui n'est pas vraiment regardé par les nouveaux publics (sauf ces derniers jours, merci la pub), et en fait, qui ne touche pas trop à des problématiques chaud-patate. Par exemple, en France, demandez à insérer un encart avant chaque diffusion d'Autant en emporte le vent, vous pourrez vous poser en progressiste à peu de frais. Proposez la même chose avant le clip Jour de Paye de Booba, au motif qu'il y est question de mamans et de "fourrure avec les poils de ta chatte" (sic) et là, vous serez un vil conservateur parce que… et l'art alors, hein ? Quoi c'est violent ? T'as pas les codes ! Quoi ? Quel rapport entre ne pas avoir les codes et contextualiser ? Je… vite, une boule de fumée ninja ! »
« Vous l'aurez compris, contextualiser Autant en emporte le vent, en fait, ça n'a strictement aucun sens en tant que tel. Et si un gamin n'importe où dans le monde décide de prendre ce film comme base pour ses études d'histoire, il est peut-être temps de lui coller une mandale, de le coller dans une machine temporelle et de le renvoyer à l'époque où des ados demandaient à voir ce film, soit il y a environ quatre-vingts ans. »
« La réalité, c'est que nous sommes face à ce que nous ne connaissons que trop bien depuis bien trop longtemps : une formidable hypocrisie, dans laquelle le seul objectif de la petite troupe qui s'y engage est de montrer patte blanche dans un éternel effort de se réclamer d'une supériorité morale imaginaire. Contextualiser ce film, ce n'est ni plus ni moins que de la pub pour rappeler que "Eh les mecs, on vous a dit qu'on trouvait que l'esclavage, c'était pas bien ?" de la part de gens qui estiment souvent que graphiste, c'est pas vraiment un métier. »
« Vous l'aurez compris, contextualiser Autant en emporte le vent, en fait, ça n'a strictement aucun sens en tant que tel. Et si un gamin n'importe où dans le monde décide de prendre ce film comme base pour ses études d'histoire, il est peut-être temps de lui coller une mandale, de le coller dans une machine temporelle et de le renvoyer à l'époque où des ados demandaient à voir ce film, soit il y a environ quatre-vingts ans. »
« La réalité, c'est que nous sommes face à ce que nous ne connaissons que trop bien depuis bien trop longtemps : une formidable hypocrisie, dans laquelle le seul objectif de la petite troupe qui s'y engage est de montrer patte blanche dans un éternel effort de se réclamer d'une supériorité morale imaginaire. Contextualiser ce film, ce n'est ni plus ni moins que de la pub pour rappeler que "Eh les mecs, on vous a dit qu'on trouvait que l'esclavage, c'était pas bien ?" de la part de gens qui estiment souvent que graphiste, c'est pas vraiment un métier. »
« Le présent ouvrage […] nous propose une rigoureuse analyse de ces évènements, rendant notamment justice au courage et à l'abnégation des combattants français, qui ont infligé en l'espace de quarante-cinq jours de très lourdes pertes à l'ennemi, en hommes et en matériel : 170 224 hommes hors de combat, destruction de près du tiers de ses chars et de la moitié de son aviation. Il apparaît clairement que ce bilan a pesé lourd dans la suite du conflit : il a permis à l'Angleterre de récupérer la quasi-totalité de son corps expéditionnaire, de résister avec succès aux attaques aériennes allemandes, tout en empêchant Hitler de mettre la main sur l'Afrique du Nord. Notre auteur en revanche se montre sévère à l'égard des politiques et du haut commandement militaire, en particulier les généraux Gamelin, Georges, Huntziger, et même Weygand. […] Cependant, cet ouvrage passionnant, à recommander à la jeunesse, permet aussi de découvrir des grands soldats injustement oubliés comme le général Jacques Prioux, le vainqueur de Gembloux, les exploits des aviateurs français, et l'héroïsme des plus humbles, civils, religieux et militaires. »
« Pourquoi parler d'une plaque minéralogique ? » À l'origine, les automobiles étaient surtout des utilitaires. « Or, ces véhicules étaient très prisés dans les mines qui prospéraient alors. […] Le secteur des mines a donc mis en place un système interne d'identification des véhicules miniers. De plus, les Mines étaient chargées de vérifier les matériels roulants des mines de charbon depuis le XVIIIe siècle, puis les chemins de fer. L'État leur a alors confié la gestion de l'identification de tous les véhicules du territoire, ainsi que la vérification de la conformité au fur et à mesure des règlements. C'est pour cela que l'on parle (parlait) de réception des Mines, ou passage aux Mines. Sur les cartes grises ou certificats d'immatriculation, il y avait même, jusque à tout récemment, le "type Mines" de précisé. C'est donc de là que vient le terme de "plaque minéralogique", du service des Mines qui les délivraient. Depuis le décret n°83-568 du 27 juin 1983, le service des Mines n'existe plus et a été remplacé par les DRIRE (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) puis cette dernière par les DREAL (Directions régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement). Les Ingénieurs du corps des Mines y restent très présents. »
« Le scénario assez embrouillé situe toute l’intrigue dans la capitale japonaise au sortir de la guerre dont les conséquences économiques et psychologiques sont toujours vivaces. Un tantinet mélodramatique, Tokyo Joe est surtout intéressant pour la description de la vie à Tokyo dans cette période particulière de l’occupation américaine (SCAP) avec ce qui en découle ainsi que pour la prestation efficace, mais calibrée, d’Humphrey Bogart. […] Les extérieurs, sous la forme de transparences factices, ont été captés au Japon par une seconde équipe ayant obtenu la première autorisation d’après-guerre de filmer la ville de Tokyo : à sa sortie, le film plaira au public, car les spectateurs américains le considéraient comme une sorte de documentaire. Effectivement le tableau du Japon, miné par la défaite et la présence américaine, est intéressant : Stuart Heisler a su évoquer la morosité ambiante dans laquelle se déroule cette histoire d’amour et de trafic aérien. »
« L'alphabet latin aura connu une réussite insolente et toutes les ruptures de l'histoire qui auraient pu remettre en cause son statut l'ont au contraire renforcé dans sa domination. Aujourd'hui, il est le seul alphabet répandu sur les cinq continents habités, le seul à sortir aussi aisément de sa base religieuse du catholicisme occidental, le seul dans lequel toutes les langues importantes disposent d'une transcription. Cela est certainement dû au caractère pratique du système "un son, une lettre" qui lui permet de s'adapter à toutes les langues. Ainsi Rome survit dans la mondialisation moderne. »
« Une collision avec un autre navire : telle est la raison, jamais évoquée par le ministère de la défense, pour laquelle a coulé la Minerve. Le 21 juillet 2019, après un demi-siècle d'abandon à l'obscurité, le sous-marin français a été retrouvé gisant au fond de la Méditerranée, face à Toulon. Au terme d'un demi-siècle de silence imposé par les autorités, les familles ont pu rendre hommage à leurs cinquante-deux proches, en mer. Leur fin tragique est reconstituée par l'enquête du fils du commandant du navire, Hervé Fauve, qui publie Retrouver la Minerve, ouvrage coécrit avec le journaliste Léonard Lièvre. […] Le livre répondra aux questions des passionnés d'histoire navale ; il pourra aussi intéresser les néophytes à la manière d'un roman policier. »
« On ne peut pas mener une guerre avec des gens consensuels. Le consensus, c’est Pétain. Insupportable. » Le Pr Raoult ne croyait pas si bien dire dans son entretien à Paris Match ! En effet, une francisque est discrètement apparue sur une image diffusée par la préfecture de Police. Une bourde pour le moins inattendue.
« Dans les transports en commun, les rampes et le mobilier urbain sont régulièrement désinfectés. Bernard Thomann y voit une des manifestations de l'héritage historique de l'État-nation japonais, né au XIXe siècle au contact brutal des puissances commerciales occidentales et de leurs maladies nouvelles (choléra, peste, tuberculose…). "Dès le départ, rappelle le chercheur, le gouvernement a eu le sentiment que construire un État moderne, c'était construire non seulement une défense militaire mais également une défense contre les microbes venus de l'extérieur." »
L'analyse de la situation actuelle proposée par Olivier Faure est sujette à discussion, mais ces rappels historiques sont les bienvenus :
« Sans remonter à la peste ou au choléra, il faut savoir que la grippe de Hong Kong en 1968 a par exemple fait 31 000 morts en deux mois dans une France qui ne comptait alors que 50 millions d'habitants. Aucune mesure n'avait été prise, on n'en parlait quasiment pas. Moi-même j'étais adolescent à l'époque, et je n'en ai absolument aucun souvenir. Pour la grippe espagnole, les évaluation sérieuses pour la France font état de 128 000 morts sur 40 millions d'habitants. »
« Par ailleurs, cette épidémie n'est pas surprenante par sa propagation. Même dans un monde dans lequel les déplacements n'avaient rien de commun à ceux d'aujourd'hui, la peste, en 1348, a mis seulement deux ans à ravager l'Europe ; le choléra a mis six mois à venir de Russie pour s'étendre à l'ensemble du monde. »
« Malgré la densité de la population mondiale, pour l'instant on ne voit pas d'explosion massive du Covid-19. […] Ce qui est frappant aujourd'hui, ce n'est pas l'intensité du mal, c'est l'intensité de la réaction. »
« Il est frappant de constater que notre médecine ultra-performante et technicienne puise aujourd'hui dans l'arsenal des modes de protection les plus anciens et les plus spontanés. La philosophie est la même que celle qui prévalait au Moyen Âge : les cordons sanitaires, les lazarets, les quarantaines… Sauf qu'à l'époque ces mesures ne s'appliquaient qu'aux gens suspects, ceux qui venaient de contrées dans lesquelles sévissait la maladie. Ce qu'il faut bien remarquer, c'est que jamais dans l'histoire n'a eu lieu un confinement (et un confinement des gens chez eux) à cette échelle. C'est complètement inédit. »
« Sans remonter à la peste ou au choléra, il faut savoir que la grippe de Hong Kong en 1968 a par exemple fait 31 000 morts en deux mois dans une France qui ne comptait alors que 50 millions d'habitants. Aucune mesure n'avait été prise, on n'en parlait quasiment pas. Moi-même j'étais adolescent à l'époque, et je n'en ai absolument aucun souvenir. Pour la grippe espagnole, les évaluation sérieuses pour la France font état de 128 000 morts sur 40 millions d'habitants. »
« Par ailleurs, cette épidémie n'est pas surprenante par sa propagation. Même dans un monde dans lequel les déplacements n'avaient rien de commun à ceux d'aujourd'hui, la peste, en 1348, a mis seulement deux ans à ravager l'Europe ; le choléra a mis six mois à venir de Russie pour s'étendre à l'ensemble du monde. »
« Malgré la densité de la population mondiale, pour l'instant on ne voit pas d'explosion massive du Covid-19. […] Ce qui est frappant aujourd'hui, ce n'est pas l'intensité du mal, c'est l'intensité de la réaction. »
« Il est frappant de constater que notre médecine ultra-performante et technicienne puise aujourd'hui dans l'arsenal des modes de protection les plus anciens et les plus spontanés. La philosophie est la même que celle qui prévalait au Moyen Âge : les cordons sanitaires, les lazarets, les quarantaines… Sauf qu'à l'époque ces mesures ne s'appliquaient qu'aux gens suspects, ceux qui venaient de contrées dans lesquelles sévissait la maladie. Ce qu'il faut bien remarquer, c'est que jamais dans l'histoire n'a eu lieu un confinement (et un confinement des gens chez eux) à cette échelle. C'est complètement inédit. »
« Alors que la Révolution devient une guerre civile, le rôle de la dénonciation civique se renforce encore et devient de plus en plus ambivalent. Le 5 août 1792, tout citoyen voyant une personne vêtue de signes contre-révolutionnaires est ainsi tenu "de l'arrêter ou de la dénoncer sur-le-champ, à peine d'être réputé complice". À partir du printemps 1793, les citoyens sont invités à dénoncer les "ennemis du peuple" auprès des comités de surveillance. Exclues du vote puis des assemblées politiques, les femmes y voient néanmoins une des seules manières possibles de participer à la défense de la République. Appuyées par des lois d’exception très répressives, les dénonciations deviennent alors des armes létales. »
Extrait d'un entretien avec Olivier Dard, où sont également cités le colonel Rémy et Pierre de Bénouville.
Salazar a-t-il été formé à l'école de Maurras ? La question lui a été posée. « Salazar n'esquive pas mais précise les choses : "J'ai lu les livres politiques de Maurras ; ils séduisent par la clarté, par la logique de la construction… si on en admet les prémices. Mais entre les admirateurs inconditionnels du doctrinaire français et moi, il y a une différence, disons d'attitude, qui a une influence dominante dans le champ de l'action." En réalité, Salazar ne partage pas le primat maurrassien du "politique d'abord". Salazar explique ainsi que Maurras lui a permis de rééquilibrer la place du facteur politique dans sa réflexion générale. Il admet que "la politique a sa place, remplit sa fonction", ajoutant même : "Sans elle il n'y aurait pas de Dictature et sans doute je ne serais pas ici… ".
Mais c'est pour souligner immédiatement que "la vie d'un pays est plus complexe, plus large, échappe plus aux organes et à l'action du pouvoir que beaucoup ne pourraient le croire". Salazar en réalité, tout en étant antidémocrate, refuse de considérer que l'histoire se décide uniquement par en haut : "L'histoire d'une nation n'est pas seulement l'histoire de ses conquérants, de ses grands rois ; elle est, surtout, la résultante du travail que le milieu impose aux hommes, et des qualités et défauts des hommes qui y vivent." Ces réserves effectuées, Salazar fut toute sa vie de dirigeant en contact avec les maurrassiens français qui, à l'instar d'Henri Massis, vinrent le visiter à différentes reprises et lui dire toute leur admiration pour lui et son régime. Car si Salazar a été marqué par Maurras, ce dernier l'a été tout autant, dédicaçant ainsi son recueil de poésie la Balance intérieure à celui qui "a rendu à l'autorité le visage le plus humain des visages". »
Salazar a-t-il été formé à l'école de Maurras ? La question lui a été posée. « Salazar n'esquive pas mais précise les choses : "J'ai lu les livres politiques de Maurras ; ils séduisent par la clarté, par la logique de la construction… si on en admet les prémices. Mais entre les admirateurs inconditionnels du doctrinaire français et moi, il y a une différence, disons d'attitude, qui a une influence dominante dans le champ de l'action." En réalité, Salazar ne partage pas le primat maurrassien du "politique d'abord". Salazar explique ainsi que Maurras lui a permis de rééquilibrer la place du facteur politique dans sa réflexion générale. Il admet que "la politique a sa place, remplit sa fonction", ajoutant même : "Sans elle il n'y aurait pas de Dictature et sans doute je ne serais pas ici… ".
Mais c'est pour souligner immédiatement que "la vie d'un pays est plus complexe, plus large, échappe plus aux organes et à l'action du pouvoir que beaucoup ne pourraient le croire". Salazar en réalité, tout en étant antidémocrate, refuse de considérer que l'histoire se décide uniquement par en haut : "L'histoire d'une nation n'est pas seulement l'histoire de ses conquérants, de ses grands rois ; elle est, surtout, la résultante du travail que le milieu impose aux hommes, et des qualités et défauts des hommes qui y vivent." Ces réserves effectuées, Salazar fut toute sa vie de dirigeant en contact avec les maurrassiens français qui, à l'instar d'Henri Massis, vinrent le visiter à différentes reprises et lui dire toute leur admiration pour lui et son régime. Car si Salazar a été marqué par Maurras, ce dernier l'a été tout autant, dédicaçant ainsi son recueil de poésie la Balance intérieure à celui qui "a rendu à l'autorité le visage le plus humain des visages". »
La stupeur générale découle-t-elle de la gravité de l'épidémie, ou bien de sa médiatisation à l'échelle mondiale, et surtout de la réponse qui lui est apportée en conséquence Jadis, le coronavirus se serait vraisemblablement propagé dans une indifférence quasi-générale. Y compris en France. Le précédent historique de 1968-1969 en témoigne.