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violence
La réponse de Samuel Fitoussi :
« Le viol est […] perçu comme une affaire de "domination" : si des hommes violent, ce serait pour asseoir la domination du sexe masculin sur le sexe féminin plutôt que, plus banalement, pour avoir un rapport sexuel. Une idée devenue courante dans les mouvements féministes depuis 1975 et la parution du livre de la militante américaine Susan Brownmiller, Against Our Will: Men, Women and Rape. Elle y écrit : "L’homme a découvert que ses organes génitaux pouvaient servir d’arme pour susciter la peur […]. De la préhistoire à nos jours, le viol a joué un rôle essentiel. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un processus conscient d’intimidation par lequel tous les hommes maintiennent toutes les femmes dans un état de peur." Pour combattre les féminicides et les viols, il faudrait donc lutter contre le patriarcat. Déconstruire les stéréotypes, défaire les préjugés, augmenter les subventions à des associations (autoproclamées) féministes, rendre obligatoires les formations contre les biais sexistes inconscients, modifier le rapport des hommes aux femmes. »
« Lorsque, en revanche, on ne superpose pas nos schémas généraux sur le particulier, chaque cas, singulier, n’a en commun que l’usage de la violence par un barbare. La violence faite aux femmes serait une composante (la plus tragique) de la violence dans la société. Plus les habitants d’une société ont recours à la violence (par exemple en braquant des banques) pour parvenir à leurs fins (obtenir de l’argent)… plus ils ont recours à la violence sur des femmes (par exemple en violant) pour parvenir à d’autres fins (obtenir des rapports sexuels). On aboutit ainsi à la conclusion que la solution la plus efficace pour combattre les violences faites aux femmes n’est pas de déconstruire les stéréotypes mais de combattre la violence. C’est plutôt cette hypothèse que les données empiriques semblent confirmer, puisque au sein d’une société, la fréquence des viols est étroitement corrélée au taux de violence. »
« Le nombre de viols par habitant est bien plus faible au Japon – où les rôles sociaux restent genrés – qu’en Occident. Aux États-Unis, les femmes étaient plus en sécurité pendant les années 1950 (avant la libération féministe) que pendant les années 1970 et 1980 (après la libération). »
« Comprendre le phénomène des meurtres de femmes comme la réplique d’un combat du sexe masculin contre le sexe féminin mène à des solutions inefficaces. »
« Le chercheur Steve Stewart-Williams rappelle que chez les humains, les hommes commettent en moyenne 95 % des homicides et représentent 79 % des victimes tandis que chez les chimpanzés – qui ne possèdent pas de culture de masse permettant de propager des stéréotypes de genre ou de conditionner socialement les mâles – les chiffres sont très proches : les mâles commettent 92 % des meurtres et représentent 73 % des victimes. Plutôt que de chercher à modifier les ratios hommes/femmes parmi les auteurs et les victimes, une entreprise qui semble vaine, nous ferions sans doute mieux, pour aider les femmes, de chercher à réduire le dénominateur, c’est-à-dire de combattre la violence. Malheureusement, parce que certaines féministes oublient que les individus sont des individus avant d’être les membres d’une équipe, elles voient un continuum entre les blagues sexistes et les violences faites aux femmes, sans voir de continuum entre les violences en général et les violences faites aux femmes. »
« Le viol est […] perçu comme une affaire de "domination" : si des hommes violent, ce serait pour asseoir la domination du sexe masculin sur le sexe féminin plutôt que, plus banalement, pour avoir un rapport sexuel. Une idée devenue courante dans les mouvements féministes depuis 1975 et la parution du livre de la militante américaine Susan Brownmiller, Against Our Will: Men, Women and Rape. Elle y écrit : "L’homme a découvert que ses organes génitaux pouvaient servir d’arme pour susciter la peur […]. De la préhistoire à nos jours, le viol a joué un rôle essentiel. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un processus conscient d’intimidation par lequel tous les hommes maintiennent toutes les femmes dans un état de peur." Pour combattre les féminicides et les viols, il faudrait donc lutter contre le patriarcat. Déconstruire les stéréotypes, défaire les préjugés, augmenter les subventions à des associations (autoproclamées) féministes, rendre obligatoires les formations contre les biais sexistes inconscients, modifier le rapport des hommes aux femmes. »
« Lorsque, en revanche, on ne superpose pas nos schémas généraux sur le particulier, chaque cas, singulier, n’a en commun que l’usage de la violence par un barbare. La violence faite aux femmes serait une composante (la plus tragique) de la violence dans la société. Plus les habitants d’une société ont recours à la violence (par exemple en braquant des banques) pour parvenir à leurs fins (obtenir de l’argent)… plus ils ont recours à la violence sur des femmes (par exemple en violant) pour parvenir à d’autres fins (obtenir des rapports sexuels). On aboutit ainsi à la conclusion que la solution la plus efficace pour combattre les violences faites aux femmes n’est pas de déconstruire les stéréotypes mais de combattre la violence. C’est plutôt cette hypothèse que les données empiriques semblent confirmer, puisque au sein d’une société, la fréquence des viols est étroitement corrélée au taux de violence. »
« Le nombre de viols par habitant est bien plus faible au Japon – où les rôles sociaux restent genrés – qu’en Occident. Aux États-Unis, les femmes étaient plus en sécurité pendant les années 1950 (avant la libération féministe) que pendant les années 1970 et 1980 (après la libération). »
« Comprendre le phénomène des meurtres de femmes comme la réplique d’un combat du sexe masculin contre le sexe féminin mène à des solutions inefficaces. »
« Le chercheur Steve Stewart-Williams rappelle que chez les humains, les hommes commettent en moyenne 95 % des homicides et représentent 79 % des victimes tandis que chez les chimpanzés – qui ne possèdent pas de culture de masse permettant de propager des stéréotypes de genre ou de conditionner socialement les mâles – les chiffres sont très proches : les mâles commettent 92 % des meurtres et représentent 73 % des victimes. Plutôt que de chercher à modifier les ratios hommes/femmes parmi les auteurs et les victimes, une entreprise qui semble vaine, nous ferions sans doute mieux, pour aider les femmes, de chercher à réduire le dénominateur, c’est-à-dire de combattre la violence. Malheureusement, parce que certaines féministes oublient que les individus sont des individus avant d’être les membres d’une équipe, elles voient un continuum entre les blagues sexistes et les violences faites aux femmes, sans voir de continuum entre les violences en général et les violences faites aux femmes. »
Du moins, c'est ce que suggère Marie-Cécile Naves sur le site de l'Iris : « la masculinité toxique est un enjeu de politique publique », explique-t-elle notamment.