4214 shaares
« Après l'écriture inclusive, le code inclusif. […] Un débat est venu susciter de vives prises de position dans la communauté informatique: bannir, ou non, du développement de logiciels et du code des expressions jugées clivantes, à l'image de "whitelist" (liste blanche), "blacklist" (liste noire), mais surtout de "master" (maître) et "slave" (esclave). »
« "Il est clair que certaines personnes sont blessées par ces termes et que leur utilisation suscite chez elles un sentiment de malaise, non pas pour des raisons techniques, mais en raison de leur contexte historique et social", considérait tout récemment Google, en estimant qu'il s'agissait d'arguments suffisants pour les faire disparaître. "Master-slave est une métaphore oppressive qui ne sera et devrait jamais être totalement détachée de notre histoire", soulignait dans la foulée un développeur de Microsoft, qui appelle à leur remplacement. […] Quelques semaines auparavant, l'agence de cybersécurité du gouvernement britannique décidait de cesser d'utiliser ces mêmes notions, perçues comme "racistes". »
« "Cette discussion inexistante chez les développeurs jusqu'ici a pris une ampleur impressionnante ces dernières semaines. J'ai rarement vu les développeurs aussi divisés", confie Mehdi Zed, développeur chez Ubisoft, auprès de BFM Tech. »
« Alex Rock, développeur web et consultant en informatique, voit déjà plus loin et discerne, très sérieusement, d'autres expressions à écarter. "En informatique, un certain nombre de termes violents pourraient en réalité être modifiés : le 'kill' (tuer) qui sert à arrêter un logiciel lancé, l'expression 'violation', qui peut rappeler le viol, ou encore tout ce qui est relatif aux 'contraintes' de validation, ce qui est assez négatif en soi. Je préfère en l'occurrence le terme de 'règles'". De même pour Richard Hanna, développeur au sein de la coopérative Fairness, qui préfèrerait voir disparaître le terme "deadline", mortifère à ses yeux et facilement remplaçable par "date limite". »
« Ce combat m'apparaît secondaire, voire, dans les cas les plus radicaux, potentiellement délétère. Ce n'est en tout cas pas la meilleure manière de défendre la juste cause de la lutte contre le racisme", défend pour sa part Baptiste Mélès, philosophe des sciences chargé de recherche au CNRS. […] Historiquement, les notions de maître et d'esclave, mais aussi les connotations respectives du blanc et du noir dans la culture occidentale ne datent pas du commerce triangulaire : on les trouve dans l'Antiquité et elles n'étaient pas reliées à des questions de couleur de peau. Le statut d'esclave à Rome était un statut politique et les connotations respectives du noir et du blanc étaient liées à la luminosité. C'est donc se tromper sur l'histoire des mots de les interpréter dans le seul contexte du XVIIIe siècle américain." »
« "Il est clair que certaines personnes sont blessées par ces termes et que leur utilisation suscite chez elles un sentiment de malaise, non pas pour des raisons techniques, mais en raison de leur contexte historique et social", considérait tout récemment Google, en estimant qu'il s'agissait d'arguments suffisants pour les faire disparaître. "Master-slave est une métaphore oppressive qui ne sera et devrait jamais être totalement détachée de notre histoire", soulignait dans la foulée un développeur de Microsoft, qui appelle à leur remplacement. […] Quelques semaines auparavant, l'agence de cybersécurité du gouvernement britannique décidait de cesser d'utiliser ces mêmes notions, perçues comme "racistes". »
« "Cette discussion inexistante chez les développeurs jusqu'ici a pris une ampleur impressionnante ces dernières semaines. J'ai rarement vu les développeurs aussi divisés", confie Mehdi Zed, développeur chez Ubisoft, auprès de BFM Tech. »
« Alex Rock, développeur web et consultant en informatique, voit déjà plus loin et discerne, très sérieusement, d'autres expressions à écarter. "En informatique, un certain nombre de termes violents pourraient en réalité être modifiés : le 'kill' (tuer) qui sert à arrêter un logiciel lancé, l'expression 'violation', qui peut rappeler le viol, ou encore tout ce qui est relatif aux 'contraintes' de validation, ce qui est assez négatif en soi. Je préfère en l'occurrence le terme de 'règles'". De même pour Richard Hanna, développeur au sein de la coopérative Fairness, qui préfèrerait voir disparaître le terme "deadline", mortifère à ses yeux et facilement remplaçable par "date limite". »
« Ce combat m'apparaît secondaire, voire, dans les cas les plus radicaux, potentiellement délétère. Ce n'est en tout cas pas la meilleure manière de défendre la juste cause de la lutte contre le racisme", défend pour sa part Baptiste Mélès, philosophe des sciences chargé de recherche au CNRS. […] Historiquement, les notions de maître et d'esclave, mais aussi les connotations respectives du blanc et du noir dans la culture occidentale ne datent pas du commerce triangulaire : on les trouve dans l'Antiquité et elles n'étaient pas reliées à des questions de couleur de peau. Le statut d'esclave à Rome était un statut politique et les connotations respectives du noir et du blanc étaient liées à la luminosité. C'est donc se tromper sur l'histoire des mots de les interpréter dans le seul contexte du XVIIIe siècle américain." »