4242 shaares
« En matière de relation avec la presse, l'Élysée est en train de se tailler la réputation du pire dans les cénacles européens. […] Les coutumes habituelles […] sont mises au rebut. Ce qu'on appelle le follow-up (ou question de suivi) c'est-à-dire la possibilité pour un journaliste de reprendre sa question ou de la reposer d'une autre manière, après avoir obtenu une première réponse – un droit quasi-absolu au niveau européen comme anglo-saxon –, est considéré par le service de presse de l'Élysée comme un geste "peu aimable". Là où un porte-parole européen ira s'excuser auprès du journaliste s'il a oublié (par inadvertance ou manque de temps) de lui redonner la parole pour son follow-up, le porte-parole français l'assume sans vergogne. Pas de question de suivi. »
« Idem pour les questions. Dans une conférence de presse, c'est souvent (il faut le reconnaître) un joyeux désordre. Chacun lève la main. Et le porte-parole choisit qui il veut. Mais, en général, il essaiera de varier les différentes nationalités. […] À l'Élysée, cet impératif de la variété existe peu. On prendra d'abord les "connus" : BFM, TF1-LCI, AFP, etc. Et après, un ou deux pour voir. »
« Exemple. Lors de la conférence de presse du président Macron face à la presse européenne, au début de la présidence, en janvier, les questions avaient été soigneusement distribuées à l'avance, à un public très choisi de journalistes sensés représenter un panel de questions intéressantes pour le président. Si soigneusement distribuées que le porte-parole chargé de désigner le journaliste qui allait poser la question savait son nom, son prénom, son média (voire la question qu'il allait poser). »
« On aurait pu croire qu'il s'agissait d'un errement passager. Que nenni. Lors du voyage de presse de la présidence, organisé début janvier, quel n'a pas été l'étonnement des journalistes de voir s'approcher quand ils voulaient poser une question, un responsable du service communication pour savoir quelle question ils allaient poser ! Idem lors du gymnich, un porte-parole du Quai s'approchait pour demander quel était le sujet de la question. Une pratique qui choque la plupart des journalistes européens, français, belges, mais aussi (et surtout) les plus habitués à ce type d'entrisme du pouvoir (ceux des pays de l'Est notamment). Une pratique très soviétique en fait. »
« L'objectif n'est pas de faciliter le travail de la presse, c'est de contrôler, tout organiser, tout régenter. Avec cinq ou six questions, il estime même être fort généreux par rapport à l'habitude. Plusieurs collègues européens me l'ont rappelé : même le Hongrois Viktor Orban (lors de la présidence de 2011) ou le Slovène Janez Jansa (lors de la présidence 2021) – qui prennent parfois leurs aises avec la presse nationale et l'état de droit – n'osent pas adopter ce type de comportement. »
« On est là au summum de l'inorganisation discriminatoire. Le but inavoué est en fait de favoriser au maximum les journalistes parisiens et "élyséens" aux dépens des journalistes européens, réputés plus frondeurs et, en fait, dont l'Élysée a peur, car il ne les contrôle pas. »
« Il ne faut pas sous-estimer non plus la désorganisation totale de la PFUE 2022 qui veut tout gérer, faire du micro-management et multiplie les niveaux de commandement à un point tel que l'inefficacité et l'absence de responsabilité deviennent la règle. L'organisation des réunions informelles de la défense et des Affaires étrangères à Brest en janvier avait été un monument. Entre les Armées qui ne communiquaient pas avec le Quai d'Orsay, les gardes privés qui ne communiquaient pas avec la sécurité officielle, les prestataires privés qui n'en faisaient qu'à leur tête, et un total manque d'organisation et de savoir-vivre, des règles Covid poussées à un tel extrême… cette réunion restera dans la mémoire européenne comme la plus mal organisée et la plus mal gérée de toutes les réunions depuis trente ans. Aucune présidence n'a réussi à faire pire. »
« Pour l'Élysée, en fait, la presse se doit d'être disciplinée, organisée et structurée. Et surtout de ne pas avoir un seul poil qui dépasse du caillou. […] J'ai osé lever le doigt pour poser une troisième question. Non prévue au programme : un sacrilège. […] Pas question de rompre le scénario écrit à l'avance. La réponse du président n'a d'ailleurs pas été reprise dans le compte-rendu officiel. Un crime de lèse-majesté. »
« Idem pour les questions. Dans une conférence de presse, c'est souvent (il faut le reconnaître) un joyeux désordre. Chacun lève la main. Et le porte-parole choisit qui il veut. Mais, en général, il essaiera de varier les différentes nationalités. […] À l'Élysée, cet impératif de la variété existe peu. On prendra d'abord les "connus" : BFM, TF1-LCI, AFP, etc. Et après, un ou deux pour voir. »
« Exemple. Lors de la conférence de presse du président Macron face à la presse européenne, au début de la présidence, en janvier, les questions avaient été soigneusement distribuées à l'avance, à un public très choisi de journalistes sensés représenter un panel de questions intéressantes pour le président. Si soigneusement distribuées que le porte-parole chargé de désigner le journaliste qui allait poser la question savait son nom, son prénom, son média (voire la question qu'il allait poser). »
« On aurait pu croire qu'il s'agissait d'un errement passager. Que nenni. Lors du voyage de presse de la présidence, organisé début janvier, quel n'a pas été l'étonnement des journalistes de voir s'approcher quand ils voulaient poser une question, un responsable du service communication pour savoir quelle question ils allaient poser ! Idem lors du gymnich, un porte-parole du Quai s'approchait pour demander quel était le sujet de la question. Une pratique qui choque la plupart des journalistes européens, français, belges, mais aussi (et surtout) les plus habitués à ce type d'entrisme du pouvoir (ceux des pays de l'Est notamment). Une pratique très soviétique en fait. »
« L'objectif n'est pas de faciliter le travail de la presse, c'est de contrôler, tout organiser, tout régenter. Avec cinq ou six questions, il estime même être fort généreux par rapport à l'habitude. Plusieurs collègues européens me l'ont rappelé : même le Hongrois Viktor Orban (lors de la présidence de 2011) ou le Slovène Janez Jansa (lors de la présidence 2021) – qui prennent parfois leurs aises avec la presse nationale et l'état de droit – n'osent pas adopter ce type de comportement. »
« On est là au summum de l'inorganisation discriminatoire. Le but inavoué est en fait de favoriser au maximum les journalistes parisiens et "élyséens" aux dépens des journalistes européens, réputés plus frondeurs et, en fait, dont l'Élysée a peur, car il ne les contrôle pas. »
« Il ne faut pas sous-estimer non plus la désorganisation totale de la PFUE 2022 qui veut tout gérer, faire du micro-management et multiplie les niveaux de commandement à un point tel que l'inefficacité et l'absence de responsabilité deviennent la règle. L'organisation des réunions informelles de la défense et des Affaires étrangères à Brest en janvier avait été un monument. Entre les Armées qui ne communiquaient pas avec le Quai d'Orsay, les gardes privés qui ne communiquaient pas avec la sécurité officielle, les prestataires privés qui n'en faisaient qu'à leur tête, et un total manque d'organisation et de savoir-vivre, des règles Covid poussées à un tel extrême… cette réunion restera dans la mémoire européenne comme la plus mal organisée et la plus mal gérée de toutes les réunions depuis trente ans. Aucune présidence n'a réussi à faire pire. »
« Pour l'Élysée, en fait, la presse se doit d'être disciplinée, organisée et structurée. Et surtout de ne pas avoir un seul poil qui dépasse du caillou. […] J'ai osé lever le doigt pour poser une troisième question. Non prévue au programme : un sacrilège. […] Pas question de rompre le scénario écrit à l'avance. La réponse du président n'a d'ailleurs pas été reprise dans le compte-rendu officiel. Un crime de lèse-majesté. »