4206 shaares
« La garderie de la commune de Moreuil dans la Somme veut mettre en place un système d'amendes allant de cinq à cinquante euros pour les parents venant chercher leurs enfants en retard. En réalité, cette idée n'est pas si novatrice. […] Un petit détour par des expériences empiriques menées à plusieurs milliers de kilomètres de la France, dans le petit État d'Israël, nous rappellent que ce système fiscal d'amende est une très mauvaise idée, surtout pour le personnel de la garderie de Moreuil. »
« Les économistes Uri Gneezy et Aldo Rustichini (1998) mènent une expérience de terrain dans des crèches de la ville de Haïfa en Israël. Les parents sont supposés récupérer leurs enfants à 17 heures mais il y a beaucoup de retards, ce qui pénalise l'équipe éducative et son personnel. Pour mener à bien leur expérience, les deux économistes mettent en place un système d'amende pour les parents retardataires dans six crèches sur dix. […] De manière inattendue, les retards avaient doublé dans les crèches mettant les parents retardataires à l'amende : ils payaient les amendes et se pointaient vers 20 heures ! »
« En l'absence de pénalité monétaire, les parents en retard violent une norme sociale, celle de la ponctualité. Ils passent pour de mauvais parents et sont dans l'embarras. En revanche, le système d'amende fixe un prix sur le fait d'arriver en retard et procure le sentiment de bénéficier d'un service marchand en payant pour récupérer ses enfants plus tard. Aussi, on a l'impression de dédommager le personnel de la garderie pour le désagrément causé. »
« Cette expérience souligne qu'un programme fiscal ne doit pas avoir un objectif moral. En effet, comme le note à juste titre l'économiste Jean-Marc Daniel, professeur émérite à l'ESCP : "Fonder son raisonnement fiscal presque exclusivement sur des considérations morales ou politiques peut conduire au résultat inverse de celui recherché. Pour les économistes, ce qui illustre le mieux le fait que les bonnes intentions peuvent être déçues ou que les résultats d'une action fiscale ne sont pas toujours à la hauteur des attentes est ce que l'on appelle la parabole de la crèche d'Haïfa." »
« Les économistes Uri Gneezy et Aldo Rustichini (1998) mènent une expérience de terrain dans des crèches de la ville de Haïfa en Israël. Les parents sont supposés récupérer leurs enfants à 17 heures mais il y a beaucoup de retards, ce qui pénalise l'équipe éducative et son personnel. Pour mener à bien leur expérience, les deux économistes mettent en place un système d'amende pour les parents retardataires dans six crèches sur dix. […] De manière inattendue, les retards avaient doublé dans les crèches mettant les parents retardataires à l'amende : ils payaient les amendes et se pointaient vers 20 heures ! »
« En l'absence de pénalité monétaire, les parents en retard violent une norme sociale, celle de la ponctualité. Ils passent pour de mauvais parents et sont dans l'embarras. En revanche, le système d'amende fixe un prix sur le fait d'arriver en retard et procure le sentiment de bénéficier d'un service marchand en payant pour récupérer ses enfants plus tard. Aussi, on a l'impression de dédommager le personnel de la garderie pour le désagrément causé. »
« Cette expérience souligne qu'un programme fiscal ne doit pas avoir un objectif moral. En effet, comme le note à juste titre l'économiste Jean-Marc Daniel, professeur émérite à l'ESCP : "Fonder son raisonnement fiscal presque exclusivement sur des considérations morales ou politiques peut conduire au résultat inverse de celui recherché. Pour les économistes, ce qui illustre le mieux le fait que les bonnes intentions peuvent être déçues ou que les résultats d'une action fiscale ne sont pas toujours à la hauteur des attentes est ce que l'on appelle la parabole de la crèche d'Haïfa." »