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De la part d'un quotidien de référence comme Le Monde, on n'attendait bien l'expression d'un minimum de dédain ! François Angelier revient sur l'Histoire de France de Jacques Bainville, à l'occasion d'une réédition chez Tempus.
« Quand on veut peser sur le destin de la France, autant en connaître l'histoire, celle de ses égarements avoués et de ses triomphes supposés. Si les maurrassiens attendirent en vain le "coup de force" qui allait rendre "le pays réel" à ses rois, ils eurent en revanche l'opportunité de s'entendre conter le passé du "récit national" par quelques bardes autorisés. Best-seller paru en 1924 chez Fayard, l'Histoire de France, de Jacques Bainville (1879-1936), spécialiste des affaires étrangères au quotidien L'Action française, en reste le parangon. Loin du tranchant polémique de Maurras (1868-1952) ou de l'euphorie sanguine d'un Léon Daudet (1867-1942), usant d'une clarté de propos apaisée (Michelet, étonnamment, est vanté pour son "impression juste" des faits) et rectiligne, le monarchiste Bainville vulgarise, de roi en crise, de bataille en réforme, la gestation française. Il évoque l'émergence d'une France toujours en chantier, idéale dans son principe et son étendue, terre dont l'avènement est accéléré ou retardé selon que l'heure est à la stricte gestion ou à la démence, aux devoirs du trône ou au règne de la rue. »
« Mais ce qui frappe le plus est bien sa vision du temps historique. Pour lui, "la vie des peuples a comme des lois fixes", des événements archétypaux qui se réactualisent au fil des siècles, l'affaire Dreyfus "répétant" la Réforme, la Fronde ou 1789. Rééditée avec les illustrations de Job (1858-1931), l'Histoire de France, de Bainville, tient aujourd'hui de l'Atlantide et du "lieu de mémoire". »
« Quand on veut peser sur le destin de la France, autant en connaître l'histoire, celle de ses égarements avoués et de ses triomphes supposés. Si les maurrassiens attendirent en vain le "coup de force" qui allait rendre "le pays réel" à ses rois, ils eurent en revanche l'opportunité de s'entendre conter le passé du "récit national" par quelques bardes autorisés. Best-seller paru en 1924 chez Fayard, l'Histoire de France, de Jacques Bainville (1879-1936), spécialiste des affaires étrangères au quotidien L'Action française, en reste le parangon. Loin du tranchant polémique de Maurras (1868-1952) ou de l'euphorie sanguine d'un Léon Daudet (1867-1942), usant d'une clarté de propos apaisée (Michelet, étonnamment, est vanté pour son "impression juste" des faits) et rectiligne, le monarchiste Bainville vulgarise, de roi en crise, de bataille en réforme, la gestation française. Il évoque l'émergence d'une France toujours en chantier, idéale dans son principe et son étendue, terre dont l'avènement est accéléré ou retardé selon que l'heure est à la stricte gestion ou à la démence, aux devoirs du trône ou au règne de la rue. »
« Mais ce qui frappe le plus est bien sa vision du temps historique. Pour lui, "la vie des peuples a comme des lois fixes", des événements archétypaux qui se réactualisent au fil des siècles, l'affaire Dreyfus "répétant" la Réforme, la Fronde ou 1789. Rééditée avec les illustrations de Job (1858-1931), l'Histoire de France, de Bainville, tient aujourd'hui de l'Atlantide et du "lieu de mémoire". »