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Extrait d'un entretien avec Sophie Jehel, « chercheuse en sciences de l'information », accordé à Marianne à l'occasion des vingt ans de Loft Story :
« Il n'y a rien sans émotion : ni cinéma, ni divertissement, ni vie politique ou médiatique. C'est la nature de l'affect qui est nouvelle ici : interroger des hommes politiques sur leur intimité, faire de la publicisation de la vie privée une norme, et gommer les frontières entre privé et public. Dès les années quatre-vingt-dix, de nombreux talkshows manifestaient déjà une volonté de casser les codes et faire advenir de l'affect ou des registres d'émotion dans de nouveaux espaces de discours. Ce qui est inédit et particulièrement frappant avec le "confessionnal", c'est le degré d'individualisme qu'il propose : il devient désormais légitime de trahir ses partenaires en public. Là s'opère le tournant : de quelque chose de discret, dont on est peu fier, on fait une action à valoriser, encouragée par la mise en scène de la compétition. Construire à partir du cynisme le centre du spectacle est une première, et va effectivement se répercuter sur d'autres domaines. »
« La télé-réalité n'est pas un "genre", c'est un dispositif, une galaxie impliquant des modalités variées. Mais il est clair que son cadre général, et le succès de certains types d'émissions, ont influé sur les modalités des pratiques médiatiques : l'exhibition de l'intime est devenue une posture qui peut maintenant être valorisée dans la sphère publique. »
Exemple à nos yeux significatif tiré de l'actualité récente : le témoignage d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, livré après le Sofagate ; « je me suis sentie blessée », a-t-elle confié, traitant de façon nombriliste une question avant tout diplomatique.
« Il n'y a rien sans émotion : ni cinéma, ni divertissement, ni vie politique ou médiatique. C'est la nature de l'affect qui est nouvelle ici : interroger des hommes politiques sur leur intimité, faire de la publicisation de la vie privée une norme, et gommer les frontières entre privé et public. Dès les années quatre-vingt-dix, de nombreux talkshows manifestaient déjà une volonté de casser les codes et faire advenir de l'affect ou des registres d'émotion dans de nouveaux espaces de discours. Ce qui est inédit et particulièrement frappant avec le "confessionnal", c'est le degré d'individualisme qu'il propose : il devient désormais légitime de trahir ses partenaires en public. Là s'opère le tournant : de quelque chose de discret, dont on est peu fier, on fait une action à valoriser, encouragée par la mise en scène de la compétition. Construire à partir du cynisme le centre du spectacle est une première, et va effectivement se répercuter sur d'autres domaines. »
« La télé-réalité n'est pas un "genre", c'est un dispositif, une galaxie impliquant des modalités variées. Mais il est clair que son cadre général, et le succès de certains types d'émissions, ont influé sur les modalités des pratiques médiatiques : l'exhibition de l'intime est devenue une posture qui peut maintenant être valorisée dans la sphère publique. »
Exemple à nos yeux significatif tiré de l'actualité récente : le témoignage d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, livré après le Sofagate ; « je me suis sentie blessée », a-t-elle confié, traitant de façon nombriliste une question avant tout diplomatique.