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État-kafkaïen
« Le traitement judiciaire de cette affaire de pancarte mérite d'être examiné de près. En commençant par les imbécillités juridiques proférées en cadence par le ministre de l'intérieur. Celui-ci a immédiatement publié un tweet dont il convient de reprendre les termes : "Cette pancarte est abjecte. L'antisémitisme est un délit, en aucun cas une opinion. De tels propos ne resteront pas impunis. J'ai demandé au prefet de faire un signalement au Parquet sur la base de l'article 40." Séparation des pouvoirs connaît pas, puisque Gérald Darmanin affirme péremptoirement deux choses : que la pancarte est antisémite et que son auteur sera puni. Désolé Monsieur le ministre, mais cela relève du pouvoir du juge et de personne d'autre. »
« Et à l'appui de cette ingérence, il nous ressert l'ineptie habituelle selon laquelle l'antisémitisme ne serait pas une opinion mais par nature un délit. Eh bien si, l'antisémitisme est une opinion que l'on peut avoir dans sa tête. Et en application de l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme, la liberté d'opinion est absolue. C'est son expression publique ou privée qui peut constituer, dans les conditions prévues par la Loi, une infraction. […] S'agissant d'une liberté publique fondamentale, son contrôle est minutieusement organisé et celui du juge porte exclusivement sur le contenu du message incriminé. Et l'analyse son caractère insultant, haineux et discriminant se fait moins du point de vue de l'émetteur que de celui des récepteurs. Alors, si on ne peut avoir de doute sur les opinions antisémites de Cassandre Fristot, il n'est pas sûr que le texte de sa pancarte, qui ne vise aucune nation, race ou religion précise, se contentant d'aligner des noms dont certains ne sont pas juifs, encoure les foudres des articles 23 et 24 de la loi de 1881 qui sanctionnent la provocation à la haine. Pas plus que celles des articles 23,29 et 32 relatifs à la diffamation. »
« Il semble que le parquet, conscient de cette difficulté, ait décidé de se lancer dans la chasse aux arrière-pensées en utilisant une garde à vue prolongée et une perquisition domiciliaire, actes de procédure rarissimes en matière d'application de la loi de 1881. Histoire de débusquer les vilaines pensées de Cassandre Fristot en trouvant par exemple dans sa bibliothèque "le Protocole des sages de Sion". Ce qui, permettrait de réinjecter dans le texte de la pancarte une "provocation à la haine raciale" qui ne semble pas s'y trouver. »
« Comprenons-nous bien, il ne s'agit pas de prendre la défense particulière de l'auteur, qu'elle se débrouille. Mais de déplorer cette tendance à l'utilisation directement politique, d'une "police des arrière-pensées", qui n'a rien à faire dans les processus judiciaires. Le refus de l'arbitraire n'est pas à géométrie variable. »
« Et à l'appui de cette ingérence, il nous ressert l'ineptie habituelle selon laquelle l'antisémitisme ne serait pas une opinion mais par nature un délit. Eh bien si, l'antisémitisme est une opinion que l'on peut avoir dans sa tête. Et en application de l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme, la liberté d'opinion est absolue. C'est son expression publique ou privée qui peut constituer, dans les conditions prévues par la Loi, une infraction. […] S'agissant d'une liberté publique fondamentale, son contrôle est minutieusement organisé et celui du juge porte exclusivement sur le contenu du message incriminé. Et l'analyse son caractère insultant, haineux et discriminant se fait moins du point de vue de l'émetteur que de celui des récepteurs. Alors, si on ne peut avoir de doute sur les opinions antisémites de Cassandre Fristot, il n'est pas sûr que le texte de sa pancarte, qui ne vise aucune nation, race ou religion précise, se contentant d'aligner des noms dont certains ne sont pas juifs, encoure les foudres des articles 23 et 24 de la loi de 1881 qui sanctionnent la provocation à la haine. Pas plus que celles des articles 23,29 et 32 relatifs à la diffamation. »
« Il semble que le parquet, conscient de cette difficulté, ait décidé de se lancer dans la chasse aux arrière-pensées en utilisant une garde à vue prolongée et une perquisition domiciliaire, actes de procédure rarissimes en matière d'application de la loi de 1881. Histoire de débusquer les vilaines pensées de Cassandre Fristot en trouvant par exemple dans sa bibliothèque "le Protocole des sages de Sion". Ce qui, permettrait de réinjecter dans le texte de la pancarte une "provocation à la haine raciale" qui ne semble pas s'y trouver. »
« Comprenons-nous bien, il ne s'agit pas de prendre la défense particulière de l'auteur, qu'elle se débrouille. Mais de déplorer cette tendance à l'utilisation directement politique, d'une "police des arrière-pensées", qui n'a rien à faire dans les processus judiciaires. Le refus de l'arbitraire n'est pas à géométrie variable. »
À voir, pour mesurer à quel point certains gendarmes semblent manquer de discernement. Peut-être faudrait-il livrer leur point de vue en contrepoint… mais la Préfecture botte en touche : elle annone qu'elle « ne se livrera à aucun commentaire d’une vidéo ayant fait l’objet d’un montage, qui ne rapporte, par nature, qu’une partie des propos tenus sur le site du contrôle par les différents intervenants ». Dont acte.