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« Si certains contestent la réalité du phénomène, depuis la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015, la notion d'obsolescence programmée est définie juridiquement », rappelle Françoise Malrieu, présidente du groupe de travail enjeux climatiques à l'Institut français des administrateurs, dans un article publié par Les Échos en décembre 2019. « Il s'agit de "l'ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement" », poursuit-elle. De son point de vue, « le terme "techniques" est suffisamment vaste pour englober toutes les formes qui peuvent se manifester pour inciter à un renouvellement rapide des produits ». Même la publicité, voire le design ? En entretenant la confusion entre sabotage et incitation au renouvellement, on franchit un pas de plus que le législateur. À noter : l'auteur de cet article assimile notamment à de l'obsolescence programmée « l'arrêt de la production de pièces de rechange et de pièces détachées (automobile, appareils ménagers), ou l'impossibilité de changer des éléments : batteries de certains téléphones ou les nouvelles spécificités des consommables (imprimantes…) ».
Le Gouvernement fait la promotion, via le site Vie publique, d'une « consultation citoyenne pour préparer l'après-crise sanitaire ». Parmi les thèmes abordés : « la mesure du bien commun » et « la lutte contre l'obsolescence programmée ».
Dans cet article, Henri Rivollier salue deux initiatives censées « lutter contre l'obsolescence prématurée ». Et non contre la seule « obsolescence programmée ». C'est assez rare pour être signalé. La nuance peut sembler subtile, mais le choix des mots n'est jamais neutre.
Des entreprises agissent-elles, dans l'ombre, pour saboter leurs produits ? L'auteur de ce billet, Claude-Albéric Maetz, un universitaire, en est visiblement convaincu. Ce faisant, affirme-t-il, ces entreprises « non vertueuses » s'exposent au risque suivant : « la divulgation du secret qui entoure l'élaboration puis la mise en œuvre d'une démarche d'obsolescence programmée ». D'autant que, selon lui, « les outils qui permettent de minimiser le risque juridique lié à la dénonciation des comportements d'obsolescence programmée existent ». Peut-être faudrait-il se demander pourquoi aucun scandale de ce type n'a jamais été dénoncé…
Apple a préféré négocier avec les plaignants, auxquels il versera au moins 310 millions de dollars. « Un accord financier a été donc trouvé entre les deux parties a été trouvé vendredi 28 février 2020, après deux ans de procédure », rapporte L'Usine digitale. Ce faisant, l'entreprise évite « un procès dont les retentissements médiatiques auraient encore davantage écorné son image ». Mais elle conforte aussi ses détracteurs dans leur conviction qu'elle est coupable de saboter délibérément ses propres produits… Ce que contestent pourtant les justices italienne et française.
Constatant un dysfonctionnement sur Facetime, certains s'étaient posé la question : « S'agit-il d'un bug ou Apple a-t-il introduit ce dysfonctionnement intentionnellement afin de rendre ses anciens appareils encore plus obsolètes ? » (Voir l'édition suisse de 20 Minutes.) Quelques jours plus tard, Apple annonce qu'il a corrigé le problème : « Mises à jour correctives pour les I-Phone et I-Pad pris en charge par I-OS 13. Plusieurs soucis sont éliminés, dont celui affectant les appels Facetime qui étaient devenus impossibles avec les appareils sous iOS 9.3.6, Mac OS 10.11.6 et versions antérieures. »
Alors qu'un grave dysfonctionnement affecte toute une série de SSD, cela ne fait aucun doute pour Green IT : c'est un « nouveau cas d'obsolescence programmée ». Il y a pourtant des raisons d'en douter : HPE, notamment, a lui-même publié un communiqué pour avertir ses clients et les appeler à télécharger un correctif ; de quoi prévenir la panne, y compris dans son propre intérêt (risque de réputation, voire de poursuite en cas de perte de données essentielles au fonctionnement d'une entreprise). Ces éléments-là, l'auteur du billet ne les prend pas en considération. Il semble sûr de ses accusations… même s'il avoue ne pas pouvoir les étayer. Sa conclusion est significative : « Il est quasiment impossible de démontrer l'intentionnalité de la démarche de Western Digital. Cependant, lorsque le fabricant a racheté la branche disque dur de Samsung en 2011, il en avait déjà profité pour diviser par deux la durée de garantie, passant à l'époque de cinq à trois ans pour les disques professionnels et de deux à un ans pour les disques grand public. Rien de tel qu'un petit "bug" pour en remettre une couche ! » Inversion de la charge de la preuve ?
« Peu de cas d'obsolescence programmée ont été légalement prouvés », affirme Adrien Arnoux, cofondateur de l'entreprise roumaine Fenix Eco. En réalité, aucun cas ne l'a été jusqu'à présent. Des condamnations récentes d'Apple ou Samsung, en Italie puis en France, sont souvent citées en exemple, mais à tort : dans chacun des cas, les entreprises mises en cause ont été reconnues coupables d'un défaut d'information, mais pas d'un sabotage de leurs produits. Par ailleurs, Sonos s'est illustré dernièrement par une démarche commerciale qui pourrait davantage s'apparenter à de l'obsolescence programmée, mais sans que la Justice ne se soit prononcée.
« Le consommateur a vraiment un pouvoir d'action par ses choix d'achat », affirme Marjolaine Sicot, qui représente association Hop, sur un plateau de France 3 Bretagne (vidéo mise en ligne le 3 septmebre 2019). Cela ne tranche-t-il pas avec les propos de sa collègue Laetitia Vasseur, selon laquelle « il paraît essentiel de ne pas moraliser le consommateur, avant tout victime de l'obsolescence accélérée des produits » ?
Connaissez-vous Bernard London ? Il serait le « créateur » de l'obsolescence programmée, selon Mathieu Dejean. Peut-être ce journaliste, collaborateur des Inrockuptibles, a-t-il été abusé par la communication habile d'un éditeur. En tout cas, il prête à ce personnage une influence qu'il n'a jamais eue. Du moins, jusqu'à présent. Car la découverte contemporaine de son opuscule, publié en 1932 dans l'indifférence générale, se prête manifestement à une instrumentalisation idéologique efficace : cet article en témoigne, avec sa conclusion aux accents décroissantistes.
Pascal Perri semble embrasser la religion du Progrès. Cela nous inspire une profonde réserve. Mais la controverse sur l'obsolescence programmée s'inscrit clairement dans le débat qu'il propose : « Un mouvement de remise en question des libertés économiques fondamentales est en cours dans la société française. Il est principalement porté par des organisations non gouvernementales dont le substrat idéologique est à rechercher dans les théories de la décroissance et de la contestation du progrès. […] Deux parties s'opposent : d'un côté les tenants de la glaciation, partisans d'une surveillance rapprochée des comportements humains – forcément suspects –, de l'autre ceux qui croient dans les vertus de l'innovation et font confiance à la raison des individus. […] Derrière ces stratégies, on voit clairement se dessiner une guerre contre le marché et les échanges. »
Selon Thierry Libaert, « l'idée d'une théorie du complot d'industriels qui saboteraient leurs produits est définitivement, et heureusement, écartée » ; de son point de vue, « des pratiques très contestables subsistent, mais l'ampleur du phénomène réside ailleurs ». C'est pourtant cette idée-là qui a inspiré la loi française sur l'obsolescence programmée. Une idée qu'on entretient fatalement, à dessein ou non, dès lors qu'on reprend l'expression à son compte… Étonnement, ces propos sont publiés sur un blog rattaché à l’association Hop, qui revendique ouvertement l'opinion récusée ici.
« Depuis la crise de 1929, les industriels fabriquent toujours plus de marchandises à la longévité toujours plus limitée », lit-on dans le chapeau de cet article. Depuis la crise de 1929, très précisément ? Sans doute la rédaction du Monde diplomatique a-t-elle été mal inspirée par la découverte relativement récente de Bernard London, chantre de « l'obsolescence planifiée », auquel on prête volontiers une influence qu'il n'a jamais eue. Un peu plus loin, Razmig Keucheyan affirme que « plus on étend la durée de la garantie, plus on répare les marchandises ». Encore faudrait-il le démonter : les réparations étant coûteuses, les entreprises peuvent juger plus rentable d'échanger les produits défectueux.
Question posée par Alma Dufour, des Amis de la Terre : « À partir de quand l'absence de conception des produits textiles durables et le choix conscient d'une production de mauvaise qualité à bas prix ne s'apparente pas à de l'obsolescence programmée ? » À partir du moment où les mots ont un sens ! Est-ce que « nous manquons […] de mots pour qualifier la baisse de qualité », sans préjuger de ses causes ? Bien sûr que non. On pourrait parler d'obsolescence précoce, par exemple. Programmer une panne est une chose ; privilégier le prix, le design, les fonctionnalités ou le confort d'utilisation au détriment de la durée de vie du produit en est une autre.
L'obsolescence programmée, c'est le sabotage des produits par leur fabricant. C'est en tout cas son acception la plus courante, et c'est aussi celle que semble avoir retenu le législateur. Mais selon Émile Meunier, avocat de l'association Hop, au-delà de la « définition étroite du code de la consommation », il y aurait « une définition large », selon laquelle tous « les produits qui ne sont pas conçus pour durer longtemps et être réparables facilement » seraient conçus suivant une logique d'obsolescence programmée. Cette confusion occulte la nécessité de réaliser des compromis entre coût et qualité, fiabilité et réparabilité, etc. – ainsi que la responsabilité du consommateur, qui peut lui-même faire des arbitrages.
La Caisse d'épargne communique sur l'obsolescence programmée, au risque de cautionner toutes les ambiguïtés que recouvre cette expression. C'est la prophétie de Lénine se réalise : « Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons. »
C'est une initiative des éditions Allia. Au passage, le titre est visiblement changé. De quoi conforter les lecteurs dans l'idée fausse que cet opuscule a marqué l'histoire ? Comme l'explique Jeanne Guien, « que l'expression "planned obsolescence" y trouve sa première occurrence répertoriée ne signifie ni que cet usage a eu des effets sur les pratiques et les discours de son temps, ni que les usages antérieurs et postérieurs de l'obsolescence peuvent être comparés au sens que l'expression prend ici » ; « replacé dans son contexte, ce texte figure moins comme cause (il n'eût guère eu d'effets, vu sa faible diffusion) que comme symptôme, de l'imprégnation du planisme économique dans le contexte des années 1930 américaines ».
Un ventilateur « intelligent » vendu 800 euros ? Pourquoi pas ? « Je suis contre l'obsolescence programmée », assure son concepteur. Mais connaît-il des gens qui y sont favorables ? On veut des noms !
« Dans une société de l'obsolescence programmée, nous garantissons la qualité programmée », assure Nicolas Phlippoteau. Pourquoi ? « « Parce que, non seulement nous fournissons le mobilier urbain et les équipements. Mais nous les entretenons aussi. » Par la voix de son directeur régional pour l'Alsace et la Franche-Comté, JC Decaux rejoint donc les quelques entreprises qui invoquent ce phénomène dans leur communication.
Au Canada, des élèves planchent sur l'obsolescence programmée dans le cadre de leurs cours de français. « Je veux les amener à développer un esprit critique », affirme Simon Desjardin, leur enseignant. Vraiment ? Le sujet a, paraît-il, été traité sous différents angles. Reste à savoir lesquels.