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Une proposition de loi « interdisant les pratiques visant à modifier l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne » a été enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale le 2 juin 2020. Elle a a été déposée par Laurence Vanceunebrock, députée de l'Allier, élue sous le couleurs de la République en marche. S'agit-il de réprimer des pratiques dignes d'Orange mécanique ? En partie seulement, car son texte vise beaucoup plus large.
« Ces "thérapies" […] peuvent prendre la forme d'entretiens, de stages, d'exorcisme ou encore de traitements par électrochocs et injection d'hormones », explique-t-elle dans l'exposé des motifs ; « elles peuvent être menées discrètement par des thérapeutes autoproclamés "experts" de cette question, ou bien par certains représentants ou fidèles de cultes ou de croyances, qui se proposent de "guérir" les homosexuels et les transgenres sous couvert d'une lecture dévoyée de leur religion ou de leurs croyances », précise-t-elle.
Incidemment, Mme Vanceunebrock semble s'ériger en théologienne. Sans doute la "bonne lecture" des évangiles et autres textes religieux lui aura-t-elle été inspirée par les personnalités auditionnées à l'Assemblée nationale. Parmi celles-ci : Marina Zuccon, présidente du Carrefour des chrétiens inclusifs, ou Marie-Hélène Nouvion et Anthony Favier, coprésidents de David et Jonathan.
Après les avoir entendues, Laurence Vanceunebrock avait mis en cause, en décembre dernier, les retraites spirituelles : « À l'occasion de ces événements, des temps de prière et d'adoration succèdent à des moments d'échanges particuliers avec un "père spirituel", dont les propos mêlent souvent des éléments de psychologie et de spiritualité, et invitent les participants à se dévoiler, avouer et expliciter leurs péchés, parfois jusqu'aux confins de l'intime. Ces groupes peuvent également proposer un accompagnement récurrent avec pour objectif de mener une vie chaste, qui s'assimile grandement, pour les personnes homosexuelles, à une vie continente, c'est-à-dire sans sexualité. Ainsi, Torrents de vie propose un programme calqué sur les douze étapes des Alcooliques anonymes pour atteindre ce but, que beaucoup de personnes auditionnées jugent irréalisable. »
De fait, selon la députée, « toute allégation visant à induire intentionnellement en erreur, sur le potentiel succès de ces pratiques, doit être prohibée ». C'est pourquoi sa loi « crée une infraction spécifique dans le code pénal pour condamner les pratiques, comportements et propos répétés visant à modifier ou à réprimer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre vraie ou supposée d'une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ». À la clef : deux ou trois ans d'emprisonnement, et 30 000 ou 45 000 euros d'amende.
Pire : « lorsque l'infraction est commise par une personne titulaire de l'autorité parentale sur le mineur, la juridiction de jugement se prononce sur le retrait total ou partiel de l'autorité parentale ». De quoi retirer la garde d'un enfant à des parents qui refuseraient d'acheter des robes à leur garçon, ou bien qui s'obstineraient à appeler leur fille par son prénom de baptême, malgré son choix de revendiquer sa masculinité ?
Cependant, évidemment, les « pratiques, comportements ou propos » pris pour cible « ne comprennent pas » ceux « visant au libre développement ou à l'affirmation de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre d'une personne » ; ni ceux « visant le changement de sexe ou tout service qui s'y rapporte ».
Enfin, selon Laurence Vanceunebrock, « c'est à l'école et tout au long de leur parcours scolaire que nos enfants doivent être mis en confiance, notamment dans le cadre des enseignements portant sur la sexualité, pour s'interroger sans crainte sur leur orientation sexuelle ou sur leur identité de genre ». D'où cette disposition inscrite également dans sa loi : « Une information consacrée au respect de l'orientation sexuelle, de l'identité de genre et de leurs expressions est dispensée à tous les stades de la scolarité. Les établissements scolaires, y compris les établissements français d'enseignement scolaire à l'étranger, peuvent s'associer à cette fin avec des associations de lutte contre les discriminations à caractère homophobe ou transphobe. »
Reste à savoir quel accueil sera réservé à ce texte par l'Assemblée ou le Gouvernement, maître de l'essentiel du calendrier parlementaire. Affaire à suivre.
« Ces "thérapies" […] peuvent prendre la forme d'entretiens, de stages, d'exorcisme ou encore de traitements par électrochocs et injection d'hormones », explique-t-elle dans l'exposé des motifs ; « elles peuvent être menées discrètement par des thérapeutes autoproclamés "experts" de cette question, ou bien par certains représentants ou fidèles de cultes ou de croyances, qui se proposent de "guérir" les homosexuels et les transgenres sous couvert d'une lecture dévoyée de leur religion ou de leurs croyances », précise-t-elle.
Incidemment, Mme Vanceunebrock semble s'ériger en théologienne. Sans doute la "bonne lecture" des évangiles et autres textes religieux lui aura-t-elle été inspirée par les personnalités auditionnées à l'Assemblée nationale. Parmi celles-ci : Marina Zuccon, présidente du Carrefour des chrétiens inclusifs, ou Marie-Hélène Nouvion et Anthony Favier, coprésidents de David et Jonathan.
Après les avoir entendues, Laurence Vanceunebrock avait mis en cause, en décembre dernier, les retraites spirituelles : « À l'occasion de ces événements, des temps de prière et d'adoration succèdent à des moments d'échanges particuliers avec un "père spirituel", dont les propos mêlent souvent des éléments de psychologie et de spiritualité, et invitent les participants à se dévoiler, avouer et expliciter leurs péchés, parfois jusqu'aux confins de l'intime. Ces groupes peuvent également proposer un accompagnement récurrent avec pour objectif de mener une vie chaste, qui s'assimile grandement, pour les personnes homosexuelles, à une vie continente, c'est-à-dire sans sexualité. Ainsi, Torrents de vie propose un programme calqué sur les douze étapes des Alcooliques anonymes pour atteindre ce but, que beaucoup de personnes auditionnées jugent irréalisable. »
De fait, selon la députée, « toute allégation visant à induire intentionnellement en erreur, sur le potentiel succès de ces pratiques, doit être prohibée ». C'est pourquoi sa loi « crée une infraction spécifique dans le code pénal pour condamner les pratiques, comportements et propos répétés visant à modifier ou à réprimer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre vraie ou supposée d'une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale ». À la clef : deux ou trois ans d'emprisonnement, et 30 000 ou 45 000 euros d'amende.
Pire : « lorsque l'infraction est commise par une personne titulaire de l'autorité parentale sur le mineur, la juridiction de jugement se prononce sur le retrait total ou partiel de l'autorité parentale ». De quoi retirer la garde d'un enfant à des parents qui refuseraient d'acheter des robes à leur garçon, ou bien qui s'obstineraient à appeler leur fille par son prénom de baptême, malgré son choix de revendiquer sa masculinité ?
Cependant, évidemment, les « pratiques, comportements ou propos » pris pour cible « ne comprennent pas » ceux « visant au libre développement ou à l'affirmation de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre d'une personne » ; ni ceux « visant le changement de sexe ou tout service qui s'y rapporte ».
Enfin, selon Laurence Vanceunebrock, « c'est à l'école et tout au long de leur parcours scolaire que nos enfants doivent être mis en confiance, notamment dans le cadre des enseignements portant sur la sexualité, pour s'interroger sans crainte sur leur orientation sexuelle ou sur leur identité de genre ». D'où cette disposition inscrite également dans sa loi : « Une information consacrée au respect de l'orientation sexuelle, de l'identité de genre et de leurs expressions est dispensée à tous les stades de la scolarité. Les établissements scolaires, y compris les établissements français d'enseignement scolaire à l'étranger, peuvent s'associer à cette fin avec des associations de lutte contre les discriminations à caractère homophobe ou transphobe. »
Reste à savoir quel accueil sera réservé à ce texte par l'Assemblée ou le Gouvernement, maître de l'essentiel du calendrier parlementaire. Affaire à suivre.
France 3 brosse un long portrait de « Charlie, seize ans, non binaire ». En préambule, Anne-Corinne Moraine rapporte que « selon une étude You Gov réalisée pour l'Obs, 14 % des 18-44 ans, et 8% des plus de 44 ans se considèrent non binaires ». Ainsi aurait-elle rencontré une adolescente à l'image d'une frange non négligeable de la population.
« Troublée par ce corps et ce genre qui la dérangent, à quatorze ans, Charlie veut comprendre l'origine de son tourment intérieur. […] Charlie doit amorcer une révolution culturelle au sein de sa famille : la langue française est une langue binaire. Et on vit aussi dans un monde binaire où tout est genré : "le prénom, qu'on m'avait donné à la naissance est complètement féminin". Charlie préfère qu'on ne le cite pas : "J'ai préféré Charlie qui est unisexe. J'ai demandé à mes parents, mes amis, et mes professeurs de m'appeler comme ça. C'est mon père qui a le plus de mal. Mais pour tous les autres, il n'y a eu aucun problème." Certes Isabelle, et Yves font preuve d'une ouverture d'esprit admirable à son égard. Mais appeler son enfant avec un prénom différent de celui qu'on lui a choisi à sa naissance, c'est évidemment déstabilisant. Et cela prend du temps : "quand ils parlent de moi à Gabrielle, ils disent encore 'ta sœur'. Parfois, ils nous appellent 'Les filles à table !'. Ça m'énerve. Mais cela fait seize ans qu'ils ont cette habitude. Je sais que ce n'est pas délibérément méchant. Papa a encore du mal. Il m'appelle souvent encore par mon prénom de naissance." Pour Charlie, le plus important c'est le prénom : "mais s'il y a le pronom en plus c'est mieux". Entre il et elle, il y a "iel". C'est le pronom que certaines personnes non binaires souhaitent qu'on leur attribue. Charlie n'aime pas trop cette sonorité, et préfère "il" : "je demande souvent aux gens de me parler au masculin, pour essayer d'établir un équilibre. Car j'ai été appelée au féminin pendant 15 ans. Et aussi parce qu'en français, le neutre est masculin." »
« En septembre 2019, Charlie choisit d'intégrer la section internationale du lycée de Sèvres, dans les Hauts-de-Seine. Une décision, en partie liée à sa nouvelle identité. Au-delà de la volonté d'une éducation bilingue, il y a le choix de l'anglais : une langue non genrée. "Maintenant la moitié de mes ami.es sont bilingues. Et pour dire Charlie, là-bas ils utilisent les pronoms 'they' et 'them' : c'est le neutre de il et elle, au pluriel comme au singulier." »
« Le chemin de Charlie va croiser d'autres horizons humains : les scouts et guides de France, catholiques, contrairement à lui. Mais peu lui importe. […] "Lors d'un camp d'été, mes chefs ont vu que l'on m'appelait Charlie. Ils m'ont dit : pas de problème, on demandera aux autres de t'appeler comme cela. Les camps ne sont pas mixtes. Je dormais avec les filles , et cela m'allait très bien. Et le jour, j'étais dans une équipe de garçons. Ils ont tout de suite accepté et m'ont même demandé si je voulais des toilettes et une douche à part !" »
« Ce que Charlie déteste le plus dans son corps, c'est sa poitrine : "j'en suis venu.e à mettre des binders. Ce sont comme des brassières de sport, qui aplatissent les seins. Je me suis un peu résigné.e, je fais avec." Charlie veut trouver un remède à son malaise. Il évoque un possible traitement hormonal à base de testostérone : "je voudrais avoir des traits plus masculins, une mue de la voix, pour créer un équilibre physique entre le masculin et le féminin." Le traitement hormonal est autorisé à partir de 16 ans, avec l'accord des parents bien sûr. Mais Isabelle et Yves ne laisseront pas Charlie s'engager dans une transformation de son corps, sans un accompagnement médical et psychologique en profondeur. Car les conséquences sur son organisme, sur sa santé, peuvent évidemment être très lourds, et irréversibles. Ils s'assureront donc que son choix soit mûrement réfléchi et sans risque médical. Enfin, Charlie évoque aussi une possible opération chirurgicale : "me faire enlever la poitrine, j'y pense oui. Mais j'ai le temps, il faut que j'attende dix-huit ans..." »
« "Je n'ai jamais eu de regard négatif à mon égard, bien au contraire... Dans ma génération, LGBT+ ou pas on s'en moque...les gens font ce qu'ils veulent. Mais je sais que pour d'autres cela ne se passe pas très bien". Charlie ne clame pas sa non binarité mais ne s'en cache pas : "quand je dis que je m'appelle Charlie, les gens ne savent pas si je suis fille ou garçon. Si on me demande, j'explique. Quand je le peux, je me fais appeler 'il'. Mais parfois il faut faire des compromis, quand je dois choisir entre homme et femme." Charlie va plutôt dans les toilettes des filles, mais prône des toilettes non genrées dans espaces publics. […] Charlie fait partie de ceux et celles qui veulent bousculer les lignes administratives, pour donner aux personnes non binaires, une place officielle, au sein de la société française : "j'aimerais qu'on inclut le 3e genre, neutre, qui existe. Je souhaiterais que, comme à New York, parmi les cases de l'état civil, il y ait le F pour elle, le M pour il, et le X pour le troisième genre neutre." »
« Troublée par ce corps et ce genre qui la dérangent, à quatorze ans, Charlie veut comprendre l'origine de son tourment intérieur. […] Charlie doit amorcer une révolution culturelle au sein de sa famille : la langue française est une langue binaire. Et on vit aussi dans un monde binaire où tout est genré : "le prénom, qu'on m'avait donné à la naissance est complètement féminin". Charlie préfère qu'on ne le cite pas : "J'ai préféré Charlie qui est unisexe. J'ai demandé à mes parents, mes amis, et mes professeurs de m'appeler comme ça. C'est mon père qui a le plus de mal. Mais pour tous les autres, il n'y a eu aucun problème." Certes Isabelle, et Yves font preuve d'une ouverture d'esprit admirable à son égard. Mais appeler son enfant avec un prénom différent de celui qu'on lui a choisi à sa naissance, c'est évidemment déstabilisant. Et cela prend du temps : "quand ils parlent de moi à Gabrielle, ils disent encore 'ta sœur'. Parfois, ils nous appellent 'Les filles à table !'. Ça m'énerve. Mais cela fait seize ans qu'ils ont cette habitude. Je sais que ce n'est pas délibérément méchant. Papa a encore du mal. Il m'appelle souvent encore par mon prénom de naissance." Pour Charlie, le plus important c'est le prénom : "mais s'il y a le pronom en plus c'est mieux". Entre il et elle, il y a "iel". C'est le pronom que certaines personnes non binaires souhaitent qu'on leur attribue. Charlie n'aime pas trop cette sonorité, et préfère "il" : "je demande souvent aux gens de me parler au masculin, pour essayer d'établir un équilibre. Car j'ai été appelée au féminin pendant 15 ans. Et aussi parce qu'en français, le neutre est masculin." »
« En septembre 2019, Charlie choisit d'intégrer la section internationale du lycée de Sèvres, dans les Hauts-de-Seine. Une décision, en partie liée à sa nouvelle identité. Au-delà de la volonté d'une éducation bilingue, il y a le choix de l'anglais : une langue non genrée. "Maintenant la moitié de mes ami.es sont bilingues. Et pour dire Charlie, là-bas ils utilisent les pronoms 'they' et 'them' : c'est le neutre de il et elle, au pluriel comme au singulier." »
« Le chemin de Charlie va croiser d'autres horizons humains : les scouts et guides de France, catholiques, contrairement à lui. Mais peu lui importe. […] "Lors d'un camp d'été, mes chefs ont vu que l'on m'appelait Charlie. Ils m'ont dit : pas de problème, on demandera aux autres de t'appeler comme cela. Les camps ne sont pas mixtes. Je dormais avec les filles , et cela m'allait très bien. Et le jour, j'étais dans une équipe de garçons. Ils ont tout de suite accepté et m'ont même demandé si je voulais des toilettes et une douche à part !" »
« Ce que Charlie déteste le plus dans son corps, c'est sa poitrine : "j'en suis venu.e à mettre des binders. Ce sont comme des brassières de sport, qui aplatissent les seins. Je me suis un peu résigné.e, je fais avec." Charlie veut trouver un remède à son malaise. Il évoque un possible traitement hormonal à base de testostérone : "je voudrais avoir des traits plus masculins, une mue de la voix, pour créer un équilibre physique entre le masculin et le féminin." Le traitement hormonal est autorisé à partir de 16 ans, avec l'accord des parents bien sûr. Mais Isabelle et Yves ne laisseront pas Charlie s'engager dans une transformation de son corps, sans un accompagnement médical et psychologique en profondeur. Car les conséquences sur son organisme, sur sa santé, peuvent évidemment être très lourds, et irréversibles. Ils s'assureront donc que son choix soit mûrement réfléchi et sans risque médical. Enfin, Charlie évoque aussi une possible opération chirurgicale : "me faire enlever la poitrine, j'y pense oui. Mais j'ai le temps, il faut que j'attende dix-huit ans..." »
« "Je n'ai jamais eu de regard négatif à mon égard, bien au contraire... Dans ma génération, LGBT+ ou pas on s'en moque...les gens font ce qu'ils veulent. Mais je sais que pour d'autres cela ne se passe pas très bien". Charlie ne clame pas sa non binarité mais ne s'en cache pas : "quand je dis que je m'appelle Charlie, les gens ne savent pas si je suis fille ou garçon. Si on me demande, j'explique. Quand je le peux, je me fais appeler 'il'. Mais parfois il faut faire des compromis, quand je dois choisir entre homme et femme." Charlie va plutôt dans les toilettes des filles, mais prône des toilettes non genrées dans espaces publics. […] Charlie fait partie de ceux et celles qui veulent bousculer les lignes administratives, pour donner aux personnes non binaires, une place officielle, au sein de la société française : "j'aimerais qu'on inclut le 3e genre, neutre, qui existe. Je souhaiterais que, comme à New York, parmi les cases de l'état civil, il y ait le F pour elle, le M pour il, et le X pour le troisième genre neutre." »
La "Lettre sur la justice et un débat ouvert" serait-elle accueillie avec bienveillance par la presse française ? Nous avons déjà cité Le Point, où Denis Jeambar se réjouit qu'« une vraie réponse s'organise pour appeler à un peu plus de raison, de mesure et de bon sens face à l'absolutisme moral d'un certain camp du bien ». Le ton est à peu près le même dans Challenges, où Denis Jeambar signe cet éditorial.
« À juste titre, l'écologie et la lutte pour plus de justice sont désormais des questions centrales dans nos sociétés. […] Cette position de principe ne justifie pas, en revanche, des postures de plus en plus dogmatiques qui conduisent à étouffer le débat public. Cette menace se dessine déjà chez nous mais elle a pris une telle ampleur aux Etats-Unis avec les mouvements #Me Too et Black Lives Matter qu'un collectif de 150 écrivains de renom, d'artistes célèbres et de grands journalistes viennent de publier outre-atlantique, sur le site du mensuel Harper's, une tribune pour s'inquiéter de cette dérive menaçant purement et simplement la liberté d'expression. »
« Que disent-ils? Que ce que nous appelons "le politiquement correct" est en train de devenir une censure. De fait, une atmosphère d'intolérance est bel et bien en train de s'installer qui menace les fondements même de la démocratie. "L'échange libre des informations et des idées, qui est le moteur même des sociétés libérales, écrivent ces nouveaux résistants, devient chaque jour plus limité. La censure que l'on s'attendait plutôt à voir surgir du côté de la droite radicale se répand aussi dans notre culture: intolérance à l'égard des opinions divergentes, goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme, tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante. Nous défendons le principe d'un contre-discours solide et caustique de toutes parts." »
« Pierre-André Taguieff […] s'inquiéte lui aussi de la révolution qui s'annonce : "Des groupes de censeurs violents déboulonnnent ou souillent des statues, tandis que des intellectuels sectaires devenus des indignés professionnels, interviennent dans l'espace public pour légitimer ces violences, non sans dénoncer, condamner et intimider ceux qui leur résistent. Ils appellent à la censure et lancent des chasses aux sorcières habillées de nobles sentiments." »
« Nul ne peut nier les injustices, le racisme, l'antisémitisme mais, comme l'écrivent les signataires de la tribune publiée par Harper's, ''cette atmosphère étouffante va finir par nuire aux causes les plus vitales". »
« Comment […] se taire quand l'antiracisme défend une approche ethno-racialiste de l'histoire et de la culture contraire à notre conception universaliste de la citoyenneté et à notre refus du différencialisme et du communautarisme ! Comment, sur un tout autre terrain, ne pas être inquiet quand les membres de la Convention citoyenne pour le climat proposent de placer la protection de l'environnement au-dessus des libertés publiques ! »
« Comme l'écrivent les nouveaux résistants américains, "pour vaincre de mauvaises idées, il faut les exposer, argumenter et convaincre, et non pas essayer de les taire ou de les faire disparaître". »
« À juste titre, l'écologie et la lutte pour plus de justice sont désormais des questions centrales dans nos sociétés. […] Cette position de principe ne justifie pas, en revanche, des postures de plus en plus dogmatiques qui conduisent à étouffer le débat public. Cette menace se dessine déjà chez nous mais elle a pris une telle ampleur aux Etats-Unis avec les mouvements #Me Too et Black Lives Matter qu'un collectif de 150 écrivains de renom, d'artistes célèbres et de grands journalistes viennent de publier outre-atlantique, sur le site du mensuel Harper's, une tribune pour s'inquiéter de cette dérive menaçant purement et simplement la liberté d'expression. »
« Que disent-ils? Que ce que nous appelons "le politiquement correct" est en train de devenir une censure. De fait, une atmosphère d'intolérance est bel et bien en train de s'installer qui menace les fondements même de la démocratie. "L'échange libre des informations et des idées, qui est le moteur même des sociétés libérales, écrivent ces nouveaux résistants, devient chaque jour plus limité. La censure que l'on s'attendait plutôt à voir surgir du côté de la droite radicale se répand aussi dans notre culture: intolérance à l'égard des opinions divergentes, goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme, tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante. Nous défendons le principe d'un contre-discours solide et caustique de toutes parts." »
« Pierre-André Taguieff […] s'inquiéte lui aussi de la révolution qui s'annonce : "Des groupes de censeurs violents déboulonnnent ou souillent des statues, tandis que des intellectuels sectaires devenus des indignés professionnels, interviennent dans l'espace public pour légitimer ces violences, non sans dénoncer, condamner et intimider ceux qui leur résistent. Ils appellent à la censure et lancent des chasses aux sorcières habillées de nobles sentiments." »
« Nul ne peut nier les injustices, le racisme, l'antisémitisme mais, comme l'écrivent les signataires de la tribune publiée par Harper's, ''cette atmosphère étouffante va finir par nuire aux causes les plus vitales". »
« Comment […] se taire quand l'antiracisme défend une approche ethno-racialiste de l'histoire et de la culture contraire à notre conception universaliste de la citoyenneté et à notre refus du différencialisme et du communautarisme ! Comment, sur un tout autre terrain, ne pas être inquiet quand les membres de la Convention citoyenne pour le climat proposent de placer la protection de l'environnement au-dessus des libertés publiques ! »
« Comme l'écrivent les nouveaux résistants américains, "pour vaincre de mauvaises idées, il faut les exposer, argumenter et convaincre, et non pas essayer de les taire ou de les faire disparaître". »
« "Notre résistance à Donald Trump ne doit pas conduire au dogmatisme ou à la coercition…" Tout est dit dans l'accroche de cette importante tribune publiée, le mardi 7 juillet, sur le site du vénérable magazine d'idées Harper's Magazine – et reproduite en intégralité par nos confrères du Monde. Intitulé "Lettre sur la justice et un débat ouvert", signé par plus de cent cinquante personnalités internationales issues du monde des arts, des lettres et de l'université, le texte appelle à une prise de conscience face aux menaces que font peser (entre autres) les réseaux sociaux contre la liberté d'expression. Particulièrement aux États-Unis, nation piégée entre les dérives inquiétantes de la présidence ultra-droitière de Trump et, en face, la radicalisation fulgurante d'un progressisme devenu fou à force d'obsessions identitaires et d'intolérance viscérale au débat contradictoire. Parmi les signataires de la missive : Margaret Atwood, Salman Rushdie, Kamel Daoud, Francis Fukuyama, Bill T. Jones, Noam Chomsky, l'autrice féministe Gloria Steinem, le trompettiste de jazz Wynton Marsalis ou encore J. K. Rowling. Objet de leur mobilisation : s'opposer à tyrannie de la contrition qui, depuis quelque temps, pousse de nombreuses personnalités à des excuses publiques pour des prises de position jugées insupportables par une partie de la "twittosphère". »
« En réaction à ce climat de susceptibilités extrêmes sur de complexes questions et qui risque, à terme, de pousser tout un chacun à l'autocensure, l'éditorialiste Thomas Chatterton Williams, contributeur du New York Times et pour Harper's Magazine, s'est donc impliqué voici un mois dans la gestation de cette lettre ouverte. […] Rédigé par une vingtaine de collaborateurs, comme l'a confié Williams au Washington Post, le texte a ensuite été envoyé à des signataires aux profils très divers. "Nous voulions que ce document reflète cette réalité que beaucoup de personnes qui ne sont pas de vieux hommes blancs partagent ces inquiétudes" a déclaré au journal ce trentenaire, par ailleurs auteur en 2019 de l'ouvrage Self-Portrait in Black and White – Unlearning race (éd. W. W. Norton & Company) et lui-même fils d'un père noir et d'une mère blanche. Que contient précisément la tribune ? Elle débute par un état des lieux alarmiste tout en affirmant sans ambiguïté son combat contre les "forces illibérales" portées par Donald Trump : "Nos institutions culturelles sont aujourd'hui à l'épreuve. Les puissantes manifestations en faveur de la justice raciale et sociale revendiquent une réforme de la police trop longtemps différée et font plus largement entendre des appels pour davantage d'égalité et d'inclusion dans notre société, notamment dans l'enseignement supérieur, le journalisme, la philanthropie et les arts. Mais cette nécessaire prise en compte a aussi renforcé tout un ensemble de postures morales et d'engagements politiques qui risquent d'affaiblir les règles du débat public et l'acceptation des différences au profit d'un conformisme idéologique. Autant nous avons salué la première phase de ce mouvement, autant nous voulons nous élever contre la seconde". »
« Le texte se poursuit : "L'inclusion démocratique que nous appelons de nos vœux ne peut advenir que si nous refusons le climat d'intolérance général qui s'est installé de part et d'autre. L'échange libre des informations et des idées, qui est le moteur même des sociétés libérales, devient chaque jour plus limité. La censure, que l'on s'attendait plutôt à voir surgir du côté de la droite radicale, se répand largement aussi dans notre culture : intolérance à l'égard des opinions divergentes, goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme, tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante. Nous défendons le principe d'un contre-discours solide et même caustique de toutes parts". Évoquant "une atmosphère étouffante [qui] va finir par nuire aux causes les plus vitales de notre époque", la lettre ouverte se conclut par un ferme appel à la vigilance : "Pour vaincre de mauvaises idées, il faut les exposer, argumenter et convaincre, et non pas essayer de les taire ou espérer qu'elles disparaissent. Nous rejetons les faux choix qu'on nous présente entre la justice et la liberté : l'une n'existe pas sans l'autre. En tant qu'écrivains, notre métier repose sur la marge que la société nous accorde pour l'expérimentation, la prise de risque et même l'erreur. Nous avons besoin de préserver la possibilité d'un désaccord de bonne foi sans conséquences professionnelles désastreuses." »
« Dans les heures qui ont suivi sa publication sur le site de Harper's, ce texte n'a pas manqué à son tour de s'attirer un déluge de critiques ou remarques acerbes. […] Pour Matt Zoller Seitz, critique télé pour le New York Magazine, "Cette lettre du Harper's Magazine n'aurait jamais dû être écrite. Ses instigateurs semblent totalement inconscients du mal que certains de ses signataires ont causé", écrit-il sur Twitter, visant implicitement J. K. Rowling. En découvrant que celle-ci était leur voisine de tribune, certaines plumes ont demandé au Harper's Magazine de retirer leur nom de cette lettre ouverte, telle l'autrice transgenre Jennifer Finlay Boylan. La présence dans la liste d'une Rowling en totale disgrâce s'avère ainsi une épine majeure dans le pied de cette tribune pourtant fort pertinente au vu du contexte néomaccarthyste en cours aux États-Unis. »
« Au vu de la tempête déclenchée par la lettre du Harper's Magazine, les hostilités ne sont pas près de retomber. Mais au moins, une vraie réponse s'organise pour appeler à un peu plus de raison, de mesure et de bon sens face à l'absolutisme moral d'un certain camp du bien. »
« En réaction à ce climat de susceptibilités extrêmes sur de complexes questions et qui risque, à terme, de pousser tout un chacun à l'autocensure, l'éditorialiste Thomas Chatterton Williams, contributeur du New York Times et pour Harper's Magazine, s'est donc impliqué voici un mois dans la gestation de cette lettre ouverte. […] Rédigé par une vingtaine de collaborateurs, comme l'a confié Williams au Washington Post, le texte a ensuite été envoyé à des signataires aux profils très divers. "Nous voulions que ce document reflète cette réalité que beaucoup de personnes qui ne sont pas de vieux hommes blancs partagent ces inquiétudes" a déclaré au journal ce trentenaire, par ailleurs auteur en 2019 de l'ouvrage Self-Portrait in Black and White – Unlearning race (éd. W. W. Norton & Company) et lui-même fils d'un père noir et d'une mère blanche. Que contient précisément la tribune ? Elle débute par un état des lieux alarmiste tout en affirmant sans ambiguïté son combat contre les "forces illibérales" portées par Donald Trump : "Nos institutions culturelles sont aujourd'hui à l'épreuve. Les puissantes manifestations en faveur de la justice raciale et sociale revendiquent une réforme de la police trop longtemps différée et font plus largement entendre des appels pour davantage d'égalité et d'inclusion dans notre société, notamment dans l'enseignement supérieur, le journalisme, la philanthropie et les arts. Mais cette nécessaire prise en compte a aussi renforcé tout un ensemble de postures morales et d'engagements politiques qui risquent d'affaiblir les règles du débat public et l'acceptation des différences au profit d'un conformisme idéologique. Autant nous avons salué la première phase de ce mouvement, autant nous voulons nous élever contre la seconde". »
« Le texte se poursuit : "L'inclusion démocratique que nous appelons de nos vœux ne peut advenir que si nous refusons le climat d'intolérance général qui s'est installé de part et d'autre. L'échange libre des informations et des idées, qui est le moteur même des sociétés libérales, devient chaque jour plus limité. La censure, que l'on s'attendait plutôt à voir surgir du côté de la droite radicale, se répand largement aussi dans notre culture : intolérance à l'égard des opinions divergentes, goût pour l'humiliation publique et l'ostracisme, tendance à dissoudre des questions politiques complexes dans une certitude morale aveuglante. Nous défendons le principe d'un contre-discours solide et même caustique de toutes parts". Évoquant "une atmosphère étouffante [qui] va finir par nuire aux causes les plus vitales de notre époque", la lettre ouverte se conclut par un ferme appel à la vigilance : "Pour vaincre de mauvaises idées, il faut les exposer, argumenter et convaincre, et non pas essayer de les taire ou espérer qu'elles disparaissent. Nous rejetons les faux choix qu'on nous présente entre la justice et la liberté : l'une n'existe pas sans l'autre. En tant qu'écrivains, notre métier repose sur la marge que la société nous accorde pour l'expérimentation, la prise de risque et même l'erreur. Nous avons besoin de préserver la possibilité d'un désaccord de bonne foi sans conséquences professionnelles désastreuses." »
« Dans les heures qui ont suivi sa publication sur le site de Harper's, ce texte n'a pas manqué à son tour de s'attirer un déluge de critiques ou remarques acerbes. […] Pour Matt Zoller Seitz, critique télé pour le New York Magazine, "Cette lettre du Harper's Magazine n'aurait jamais dû être écrite. Ses instigateurs semblent totalement inconscients du mal que certains de ses signataires ont causé", écrit-il sur Twitter, visant implicitement J. K. Rowling. En découvrant que celle-ci était leur voisine de tribune, certaines plumes ont demandé au Harper's Magazine de retirer leur nom de cette lettre ouverte, telle l'autrice transgenre Jennifer Finlay Boylan. La présence dans la liste d'une Rowling en totale disgrâce s'avère ainsi une épine majeure dans le pied de cette tribune pourtant fort pertinente au vu du contexte néomaccarthyste en cours aux États-Unis. »
« Au vu de la tempête déclenchée par la lettre du Harper's Magazine, les hostilités ne sont pas près de retomber. Mais au moins, une vraie réponse s'organise pour appeler à un peu plus de raison, de mesure et de bon sens face à l'absolutisme moral d'un certain camp du bien. »
« Il y a quelques mois, j'ai commencé à m'exprimer au sujet du "transactivisme" et de la pensée dite queer sur les réseaux sociaux, estimant que ces sujets-là prenaient désormais trop de place dans le féminisme jusqu'à invisibiliser les combats des femmes. Quand je lis l'expression "colleur·euses" ou "personne à vulve", je ne peux pas m'empêcher de penser que cet outil qu'est l'écriture inclusive, et qui était au départ destiné à nous redonner une place dans le langage, a été dévoyé et qu'il sert désormais à installer la présence des hommes dans la sphère féministe. »
« Des militantes queers […] tiennent des propos haineux tels que "Les TERFS au bûcher" [TERFS pour "trans-exclusionary radical feminist" soit "féministe qui exclut les trans de sa lutte", NDLR]. Ça n'est pas normal. Ces procédés sont violents et remettent en question la base même du féminisme, c'est-à-dire l'esprit de sororité et de transmission que nous devons maintenir et développer au sein du grand peuple des femmes.Ça fait quelques années que je suis habituée à recevoir des menaces de mort. À l'époque où j'étais dans les Femen, elles venaient de l'extrême droite et des islamistes. Ce qui m'inquiète, c'est qu'aujourd'hui, elles proviennent des militant·es dites "féministes queers". Depuis l'arrivée d'Instagram, ce mouvement de pensée s'est largement développé en France et prône un libéralisme dangereux, qui commence même à envahir la sphère universitaire. »
« Ce que j'appelle "libéralisme", c'est le fameux argument du libre-arbitre. Une femme serait "libre" de porter le voile, "libre" de se prostituer, "libre" d'échapper à son genre pourtant déterminé par son sexe de naissance. Or, je pense que dans une société où l'on considère que nous sommes des objets sexuels entièrement tendus vers le désir masculin, et où règne la culture du viol, on ne peut pas dire qu'on puisse "choisir" de se prostituer. Pour celles qui l'affirment […], je pense que c'est en réalité le fruit d'une construction sociale genrée sinon 85 % des personnes en situation de prostitution ne seraient pas des femmes et 99 % des "clients" ne seraient pas des hommes. […] Or, dès que j'ose exprimer mes idées abolitionnistes sur les réseaux sociaux s'ensuit un lynchage en ligne de plus en plus violent. Le cyberharcèlement fait désormais loi, et il se poursuit dans le réel : nombre d'entre nous n'osons plus nous rendre en manifestation par peur d'être agressées. »
« On est entrées dans un nouveau règne loin de l'utopie de la sororité : celui de la terreur. Désormais, si l'on pense que le consentement ne peut pas s'acheter, que le voile est un objet de contrôle sur nos corps ou que les mouvements queers viennent réactiver la permanence des stéréotypes de genre, on se fait lyncher. […] Je vous le dis, je l'observe depuis environ deux ans, le milieu féministe en France et ailleurs est en train de devenir violent sous couvert d'inclusivité. Il est en train de se faire gangrener par des mécanismes patriarcaux et virilistes. Que nous ne soyons pas d'accord sur tout c'est une chose, mais que nous reproduisions dans nos sphères militantes les mêmes mécanismes que ceux que nous dénonçons est un non-sens complet qui finira par nous détruire. »
« Des militantes queers […] tiennent des propos haineux tels que "Les TERFS au bûcher" [TERFS pour "trans-exclusionary radical feminist" soit "féministe qui exclut les trans de sa lutte", NDLR]. Ça n'est pas normal. Ces procédés sont violents et remettent en question la base même du féminisme, c'est-à-dire l'esprit de sororité et de transmission que nous devons maintenir et développer au sein du grand peuple des femmes.Ça fait quelques années que je suis habituée à recevoir des menaces de mort. À l'époque où j'étais dans les Femen, elles venaient de l'extrême droite et des islamistes. Ce qui m'inquiète, c'est qu'aujourd'hui, elles proviennent des militant·es dites "féministes queers". Depuis l'arrivée d'Instagram, ce mouvement de pensée s'est largement développé en France et prône un libéralisme dangereux, qui commence même à envahir la sphère universitaire. »
« Ce que j'appelle "libéralisme", c'est le fameux argument du libre-arbitre. Une femme serait "libre" de porter le voile, "libre" de se prostituer, "libre" d'échapper à son genre pourtant déterminé par son sexe de naissance. Or, je pense que dans une société où l'on considère que nous sommes des objets sexuels entièrement tendus vers le désir masculin, et où règne la culture du viol, on ne peut pas dire qu'on puisse "choisir" de se prostituer. Pour celles qui l'affirment […], je pense que c'est en réalité le fruit d'une construction sociale genrée sinon 85 % des personnes en situation de prostitution ne seraient pas des femmes et 99 % des "clients" ne seraient pas des hommes. […] Or, dès que j'ose exprimer mes idées abolitionnistes sur les réseaux sociaux s'ensuit un lynchage en ligne de plus en plus violent. Le cyberharcèlement fait désormais loi, et il se poursuit dans le réel : nombre d'entre nous n'osons plus nous rendre en manifestation par peur d'être agressées. »
« On est entrées dans un nouveau règne loin de l'utopie de la sororité : celui de la terreur. Désormais, si l'on pense que le consentement ne peut pas s'acheter, que le voile est un objet de contrôle sur nos corps ou que les mouvements queers viennent réactiver la permanence des stéréotypes de genre, on se fait lyncher. […] Je vous le dis, je l'observe depuis environ deux ans, le milieu féministe en France et ailleurs est en train de devenir violent sous couvert d'inclusivité. Il est en train de se faire gangrener par des mécanismes patriarcaux et virilistes. Que nous ne soyons pas d'accord sur tout c'est une chose, mais que nous reproduisions dans nos sphères militantes les mêmes mécanismes que ceux que nous dénonçons est un non-sens complet qui finira par nous détruire. »
Cet individu trans doit-il être considéré comme le père de son enfant ? C'est bien ce rôle-à qu'il a joué quand il l'a conçu. Mais officiellement, c'est une femme ! Alors, ne s'agit-il pas de sa mère… même s'il en a déjà une ? Jusqu'à présent, la Justice a préféré parler d'un « parent biologique ». La Cour de cassation doit rendre son verdict le le 16 septembre.
L'immixtion des personnages "non genrés" dans l'Univers étendu : un cas d'école.
Les études de genre se prêtent à de multiples déclinaisons. Exemple : « Le discours sur la traduction a souvent été dominé par des métaphores de genre ou des métaphores liées au genre et aux relations entre les genres (fidélité, loyauté, etc.). Il est donc pertinent d'étudier le rôle que ces métaphores ont joué dans la théorie et la pratique de la traduction, la façon dont elles ont contribué à façonner les textes traduits, et dont elles ont influencé la réception des originaux. La figuration de la relation entre texte source et langue cible n'échappe pas non plus à la logique hiérarchisante qui commande le discours sur le genre et contribue à l'établissement d'un ordre du genre. Ainsi la représentation de la traduction comme une copie imparfaite de l'original, "tirée d'une côte" de l'original qui reste la seule et unique autorité informe-t-elle la conception de la traduction comme "secondaire". »
La question mérite d'être posée. Mais au lieu d'y répondre de façon sérieuse et nuancée, et malgré les relances de son interlocuteur, Sylvie Tissot se vautre dans un parti-pris grotesque : de son point de vue, un lobby serait forcément pervers ; or, à ses yeux, la cause LGBT est noble ; donc, il n'y a pas de lobby LGBT. Affligeant ! Cela n'honore pas les sociologues.
Ce nouveau langage menace de créer bien des inimitiés. En effet, selon Jean Szlamowicz, « l'écriture inclusive introduit l'idée qu'on pourrait avoir une orthographe investie d'un souci moral – et, du coup, différente selon ses sensibilités politiques : sur le plan social, c'est éminemment clivant ». Cela étant, peut-être la hantise de la binarité sauvera-t-elle le masculin neutre ? C'est ce que suggère Xavier-Laurent Salvador : « Si je dis qu'un "étudiant" vient, je signifie : un garçon, une fille ou toute autre forme de sexualité – c'est la force du masculin neutre. "L'étudiant·e" n'est que l'un ou l'autre : c'est une pauvreté inclusive. »
« Concrètement, Antidote pointe dans la page les termes pouvant être remplacés par un mot épicène, c'est-à-dire non genré. Par exemple, au lieu de parler des "enseignants", le logiciel corrigera par "le corps enseignant". Pour autant, le logiciel n'applique pas une inclusion aussi stricte que la mise à jour Word d'octobre dernier. […] Avec Antidote, pas d'accord de proximité, de doublets systématiques […] ou de points médians. »
Cette histoire pourrait avoir être tirée du Gorafi, mais elle est rapportée par Caradisiac citant CBC : un homme aurait demandé à devenir une femme au regard de l'état civil dans le seul but de payer moins cher son assurance auto.
À noter : « La Belgique offre peu d’opportunités à la campagne anti-genre, en raison […] de sa division en communautés et de la pilarisation, où les corps intermédiaires […] jouent un rôle institutionnel et social important. »
Selon Numerama, « le sexisme ambiant s'immisce jusque dans les claviers de nos smartphones ». Mais voilà qu'une application pour Android propose d'utiliser la saisie prédictive « pour éviter les stéréotypes de genre ».
Cela se passe à Nantes. En cause, selon la justice : des prises de position en faveur du recours aux mères porteuses, contraire à l'ordre public.
Le métro londonien avait ouvert la voie. Celui de New York lui emboîte le pas. Les expressions « faisant mention du genre » sont désormais bannies des annonces qui y sont prononcées.
Du moins, c'est ce que suggère Marie-Cécile Naves sur le site de l'Iris : « la masculinité toxique est un enjeu de politique publique », explique-t-elle notamment.
C'est affirmé sans détour dans cet article publié par La Vie des idées, au demeurant très élogieux : « il est difficile de ne pas lire l'Encyclopédie critique du genre comme un livre militant ».
Sciences et Avenir : « Restera à savoir si l'impératif d'égalité […] nécessitera bientôt d'ouvrir de nouvelles catégories, en fonction non plus seulement du genre ou du poids […] mais peut-être plus simplement du profil hormonal. »
Le Monde : « La municipalité néerlandaise a édité, mercredi 26 juillet, un guide linguistique pour ses fonctionnaires. […] Pour gommer la notion de genre, inutile et discriminatoire à ses yeux. »