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« Vers de possibles sanctions pour Idrissa Gueye ? Comme l'an dernier, le milieu de terrain parisien a refusé de jouer samedi [14 mai 2022] avec un maillot au flocage arc-en-ciel. […] Un "refus" qui "ne pourrait rester sans sanction !", a commenté ce lundi sur Twitter la présidente (LR) de la région d'Île-de-France, Valérie Pécresse. Au passage, la candidate malheureuse à la présidentielle a rappelé que les "joueurs d'un club de football" sont "des figures d'identification pour nos jeunes". "Un refus d'Idrissa Gana Gueye de s'associer à la lutte contre l'homophobie ne pourrait rester sans sanction !", a-t-elle jugé, interpellant directement le PSG. »
« Alors qu'il figurait initialement dans le groupe appelé à jouer, l'international sénégalais de trente-deux ans avait disparu des radars quelques heures plus tard. Interrogé sur ce forfait, Mauricio Pochettino ne s'était pas étendu mais avait évoqué "des raisons personnelles" concernant son joueur. L'entraîneur argentin, pas vraiment à l'aise, a confirmé que le milieu de terrain, n'était pas touché physiquement. Son refus d'endosser le maillot arc-en-ciel pourrait donc être la principale raison de cette absence impromptue. La volonté pour l'ancien Lillois de ne pas être associé à cette cause pourrait être motivée par ses convictions religieuses, comme nous l'évoquions déjà dimanche. »
Quand on pense que Valérie Pécresse avait jadis soutenu la Manif pour tous… On est sidéré, surtout, par le degré d'intolérance atteint dans cette affaire : apparemment, ce joueur ne s'est même pas engagé ouvertement contre la "PMA sans père", le recours aux mères porteuses, la "sensibilisation" des enfants aux thématiques LGBT, etc ; non, il a simplement refusé d'embrasser une cause qu'il récuse, et cela, avec discrétion… Mais, visiblement, c'est déjà trop !
« Alors qu'il figurait initialement dans le groupe appelé à jouer, l'international sénégalais de trente-deux ans avait disparu des radars quelques heures plus tard. Interrogé sur ce forfait, Mauricio Pochettino ne s'était pas étendu mais avait évoqué "des raisons personnelles" concernant son joueur. L'entraîneur argentin, pas vraiment à l'aise, a confirmé que le milieu de terrain, n'était pas touché physiquement. Son refus d'endosser le maillot arc-en-ciel pourrait donc être la principale raison de cette absence impromptue. La volonté pour l'ancien Lillois de ne pas être associé à cette cause pourrait être motivée par ses convictions religieuses, comme nous l'évoquions déjà dimanche. »
Quand on pense que Valérie Pécresse avait jadis soutenu la Manif pour tous… On est sidéré, surtout, par le degré d'intolérance atteint dans cette affaire : apparemment, ce joueur ne s'est même pas engagé ouvertement contre la "PMA sans père", le recours aux mères porteuses, la "sensibilisation" des enfants aux thématiques LGBT, etc ; non, il a simplement refusé d'embrasser une cause qu'il récuse, et cela, avec discrétion… Mais, visiblement, c'est déjà trop !
« Suite à la plainte déposée par un certain Tony Finn, électricien anglais traité de "connard de chauve" par son employeur, un trio de magistrats a prononcé un verdict pour le moins surprenant : qualifier un homme de "chauve" sur son lieu de travail relève du harcèlement sexuel. Mieux encore, comme le rapporte The Guardian, la juridiction a considéré que commenter la calvitie d'un collègue équivalait à faire une remarque sur… la taille de la poitrine d'une femme. »
« Lorsque Reich parle de "cupidité endémique des entreprises", il montre un graphique illustrant l'augmentation des bénéfices des entreprises. L'implication semble être que l'avidité excessive est la cause de ces profits élevés. »
« Le raisonnement est généralement le suivant : les employeurs cupides paient moins leurs salariés et font payer plus cher leurs clients afin d'augmenter leurs marges. Le problème de ce raisonnement est qu'il suppose que les dirigeants ont beaucoup plus de pouvoir pour fixer les salaires et les prix qu'ils n'en ont en réalité. »
« En réalité, les propriétaires d'entreprises sont soumis à la discipline du marché. S'ils essaient de payer leurs salariés moins que le tarif en vigueur pour leur travail, ceux-ci iront tout simplement travailler pour quelqu'un d'autre. S'ils essaient de faire payer leurs clients plus cher que le tarif en vigueur pour le produit, ces derniers iront acheter ailleurs. »
« Ainsi, un propriétaire d'entreprise peut théoriquement vouloir arnaquer ses salariés et ses clients pour augmenter ses marges, mais la réalité est qu'il ne peut pas le faire, du moins pas longtemps. »
« La phrase suivante de l'extrait vidéo est celle-ci : "Les réductions d'impôts sont allées aux PDG, sans jamais retomber sur le commun des mortels." »
« Il s'agit d'une attaque claire contre la théorie du ruissellement, qui est essentiellement l'idée que lorsque les riches deviennent encore plus riches, leur argent supplémentaire ruisselle sur la classe inférieure, ce qui améliore la situation des pauvres. »
« La gauche adore utiliser ce terme dans les débats. Dès que quelqu'un suggère de réduire l'impôt sur les sociétés ou de ménager les riches, ils affichent immédiatement un sourire en coin et disent "en fait, la théorie du ruissellement a été démystifiée". »
« Le problème de cette affirmation est très simple : la théorie du ruissellement n'existe même pas vraiment. Aucun économiste sérieux ne prétend que l'argent des riches se déverserait d'une manière ou d'une autre sur les classes inférieures si seulement elles en avaient davantage. »
« En bref, la raison pour laquelle les économistes préconisent de ménager les riches est que, contrairement à l'État, les riches ont tendance à investir dans des entreprises qui font croître l'économie, ce qui entraîne une plus grande abondance et un meilleur niveau de vie pour tous. Mais ce n'est pas de l'économie de ruissellement. C'est juste de l'économie. »
« Le raisonnement est généralement le suivant : les employeurs cupides paient moins leurs salariés et font payer plus cher leurs clients afin d'augmenter leurs marges. Le problème de ce raisonnement est qu'il suppose que les dirigeants ont beaucoup plus de pouvoir pour fixer les salaires et les prix qu'ils n'en ont en réalité. »
« En réalité, les propriétaires d'entreprises sont soumis à la discipline du marché. S'ils essaient de payer leurs salariés moins que le tarif en vigueur pour leur travail, ceux-ci iront tout simplement travailler pour quelqu'un d'autre. S'ils essaient de faire payer leurs clients plus cher que le tarif en vigueur pour le produit, ces derniers iront acheter ailleurs. »
« Ainsi, un propriétaire d'entreprise peut théoriquement vouloir arnaquer ses salariés et ses clients pour augmenter ses marges, mais la réalité est qu'il ne peut pas le faire, du moins pas longtemps. »
« La phrase suivante de l'extrait vidéo est celle-ci : "Les réductions d'impôts sont allées aux PDG, sans jamais retomber sur le commun des mortels." »
« Il s'agit d'une attaque claire contre la théorie du ruissellement, qui est essentiellement l'idée que lorsque les riches deviennent encore plus riches, leur argent supplémentaire ruisselle sur la classe inférieure, ce qui améliore la situation des pauvres. »
« La gauche adore utiliser ce terme dans les débats. Dès que quelqu'un suggère de réduire l'impôt sur les sociétés ou de ménager les riches, ils affichent immédiatement un sourire en coin et disent "en fait, la théorie du ruissellement a été démystifiée". »
« Le problème de cette affirmation est très simple : la théorie du ruissellement n'existe même pas vraiment. Aucun économiste sérieux ne prétend que l'argent des riches se déverserait d'une manière ou d'une autre sur les classes inférieures si seulement elles en avaient davantage. »
« En bref, la raison pour laquelle les économistes préconisent de ménager les riches est que, contrairement à l'État, les riches ont tendance à investir dans des entreprises qui font croître l'économie, ce qui entraîne une plus grande abondance et un meilleur niveau de vie pour tous. Mais ce n'est pas de l'économie de ruissellement. C'est juste de l'économie. »
« C'est une douloureuse histoire que rapporte le Courrier Picard ce 18 mai. Un homme malentendant et portant des appareils auditifs a en effet reçu une amende pour "port à l'oreille d'un appareil susceptible d'émettre du son". »
« L'infraction a été relevée le 7 avril dernier, à Saint-Quentin (Haute-Picardie). Dominique Moret, auteur de la prétendue infraction, va chercher son épouse au travail. "Je n'ai pas été arrêté par la police et je n'ai même pas vu l'ombre d'un képi ce jour-là", se souvient-il. […] Pourtant, une semaine plus tard, un courrier du centre des amendes de Rennes arrive dans sa boîte aux lettres. […] Bilan ? 135 euros de sanction et trois points en moins sur le permis. »
« Le quinquagénaire a immédiatement contesté cette amende. […] Le 4 mai dernier, il a donc écrit à l'officier du ministère public et rempli une contestation de son procès-verbal. Renvoyée au centre de Rennes, cette contestation contenait également son test auditif, la facture de ses deux sonotones portés depuis six ans. Mais aussi la prescription médicale afférente, ainsi que les photos de ses appareils seuls et à ses oreilles. Postée le 5 mai, la contestation n'a reçu aucune réponse en onze jours. Le commissariat de Saint-Quentin explique qu'il y a un "délai d'attente entre sa contestation parvenue à Rennes et le retour chez nous auprès de l'officier du ministère public. Mais sa requête sera étudiée et traitée. Nous communiquerons sans souci auprès de lui." »
« L'infraction a été relevée le 7 avril dernier, à Saint-Quentin (Haute-Picardie). Dominique Moret, auteur de la prétendue infraction, va chercher son épouse au travail. "Je n'ai pas été arrêté par la police et je n'ai même pas vu l'ombre d'un képi ce jour-là", se souvient-il. […] Pourtant, une semaine plus tard, un courrier du centre des amendes de Rennes arrive dans sa boîte aux lettres. […] Bilan ? 135 euros de sanction et trois points en moins sur le permis. »
« Le quinquagénaire a immédiatement contesté cette amende. […] Le 4 mai dernier, il a donc écrit à l'officier du ministère public et rempli une contestation de son procès-verbal. Renvoyée au centre de Rennes, cette contestation contenait également son test auditif, la facture de ses deux sonotones portés depuis six ans. Mais aussi la prescription médicale afférente, ainsi que les photos de ses appareils seuls et à ses oreilles. Postée le 5 mai, la contestation n'a reçu aucune réponse en onze jours. Le commissariat de Saint-Quentin explique qu'il y a un "délai d'attente entre sa contestation parvenue à Rennes et le retour chez nous auprès de l'officier du ministère public. Mais sa requête sera étudiée et traitée. Nous communiquerons sans souci auprès de lui." »
« Sonia est gestionnaire dans un collège de Seine-et-Marne depuis près d'une dizaine d'années. Adjointe du chef d'établissement, elle est notamment chargée des finances, de la sécurité, de la restauration, de l'hygiène et des ressources humaines hors enseignants. »
« Sollicitée par les enseignants en cas de projet de sortie scolaire, Sonia raconte ainsi que cette année, le projet de chorale de son établissement aurait été perturbé par des élèves pratiquant le ramadan. Certains élèves ont refusé de participer aux répétitions du spectacle de fin d'année au motif que durant la période jeûne il serait interdit de chanter ou d'écouter de la musique. »
« Récemment, dans un collège de Toulouse, des élèves ont quitté un cours, mi-mai quand leur professeur de musique leur a fait écouter une chanson des Beatles pendant le ramadan. »
« La cuisinière de l'établissement de Sonia n'hésite pas à lui raconter que certains de ses collègues cuisiniers officiant dans d'autres établissements préfèrent ne plus mettre de porc au menu. "Quand ils inscrivent "pâte carbonara", il s'agit de "lardons" au poulet. Ils remplacent aussi le chorizo dans la paella ou le jambon de porc dans les pizzas", raconte la chef de cuisine. Sonia elle-même constate que lorsqu'elle souhaite passer commande auprès des fournisseurs, les saucisses au poulet sont proposées systématiquement. "Il faut préciser "au porc" si on veut en commander, ce qui n'était pas le cas avant ! De même, la gélatine n'est plus au porc", soutiennent Sonia et sa chef de cantine. »
« Mais depuis l'année dernière, l'aide de restauration qui assiste la cuisinière a refusé de toucher au porc lors de la préparation des repas. "C'est la cuisinière qui doit le manipuler, ce qui multiplie ses tâches alors que cela relève de l'aide de restauration. Je suis bien sûr intervenue mais l'aide de restauration a campé sur ses positions, me précisant qu'elle aimerait bien voir la réaction des parents d'élèves si je persistais à l'y obliger", s'indigne Sonia. »
« Sollicitée par les enseignants en cas de projet de sortie scolaire, Sonia raconte ainsi que cette année, le projet de chorale de son établissement aurait été perturbé par des élèves pratiquant le ramadan. Certains élèves ont refusé de participer aux répétitions du spectacle de fin d'année au motif que durant la période jeûne il serait interdit de chanter ou d'écouter de la musique. »
« Récemment, dans un collège de Toulouse, des élèves ont quitté un cours, mi-mai quand leur professeur de musique leur a fait écouter une chanson des Beatles pendant le ramadan. »
« La cuisinière de l'établissement de Sonia n'hésite pas à lui raconter que certains de ses collègues cuisiniers officiant dans d'autres établissements préfèrent ne plus mettre de porc au menu. "Quand ils inscrivent "pâte carbonara", il s'agit de "lardons" au poulet. Ils remplacent aussi le chorizo dans la paella ou le jambon de porc dans les pizzas", raconte la chef de cuisine. Sonia elle-même constate que lorsqu'elle souhaite passer commande auprès des fournisseurs, les saucisses au poulet sont proposées systématiquement. "Il faut préciser "au porc" si on veut en commander, ce qui n'était pas le cas avant ! De même, la gélatine n'est plus au porc", soutiennent Sonia et sa chef de cantine. »
« Mais depuis l'année dernière, l'aide de restauration qui assiste la cuisinière a refusé de toucher au porc lors de la préparation des repas. "C'est la cuisinière qui doit le manipuler, ce qui multiplie ses tâches alors que cela relève de l'aide de restauration. Je suis bien sûr intervenue mais l'aide de restauration a campé sur ses positions, me précisant qu'elle aimerait bien voir la réaction des parents d'élèves si je persistais à l'y obliger", s'indigne Sonia. »
Voilà ce qu'affirme Bruno Bernard, le président écolo de la Métropole de Lyon. Mais il le fait pour justifier que des vélos soient mis à disposition des personnes en fauteuil roulant. Et certainement pas pour dénoncer les politiques anti-voitures qui vont directement à l'encontre de ce droit à se déplacer librement, en toute autonomie.
En résumé : la réponse est non. Et c'est heureux ! Mais dans les faits, cela n'est jamais sanctionné. Question subsidiaire : un appel à voter non pas contre mais pour Marine Le Pen serait-il traité de la même façon ?
« Mercredi 13 avril [2022], les étudiants et le personnel de Nantes Université ont tous reçu le même mail signé Carine Bernault, leur présidente. Un message "inhabituel", de son propre aveu. S'y déclarant "profondément attachée aux valeurs démocratiques et républicaines, à l'État de droit, au respect des droits fondamentaux et individuels, à un universalisme fondé sur le respect des différences, à la liberté d'expression et à la construction européenne", elle encourage les étudiants et ses personnels à se mobiliser pour le second tour de l'élection présidentielle et "à voter le 24 avril pour faire barrage à l'extrême droite et donc au Rassemblement national". Un message qui a beaucoup fait réagir les étudiants, "partagés" quant à la légitimité d'une telle démarche, rapporte l'un d'eux à Marianne. »
« Le mail a forcément attiré l'attention des soutiens de Marine Le Pen, au premier rang desquels le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui a pointé une "violation des règles de neutralité", considérant que ce message constituait une "faute lourde". Tous les agents de l'État, et donc les présidents d'université qui sont des enseignants-chercheurs ayant le statut de fonctionnaire, sont en effet soumis au principe de neutralité du service public et au devoir de réserve. Le règlement de Nantes Université rappelle d'ailleurs lui-même ce devoir dans son article 7 : "les Personnels sont notamment tenus au devoir de réserve, à la discrétion professionnelle et au respect des principes de laïcité et de neutralité politique et religieuse du service public." »
« Mais dans le cadre précis des enseignants-chercheurs, ce principe est assoupli au nom d'un autre principe à valeur constitutionnelle : celui de liberté d'expression des universitaires. Interrogée par Marianne, la docteure en droit public Camille Fernandes rappelle cependant que cette liberté du corps enseignant, qui leur permet une expression beaucoup plus libre que les autres fonctionnaires, "ne s'applique que dans le cadre de l'enseignement ou de la recherche". »
« Cette liberté ne les autorise, par ailleurs, pas à "faire usage de leur statut professionnel pour influencer le vote des électeurs", précise Camille Fernandes dans sa thèse Des libertés universitaires en France – tude de droit public sur la soumission de l'enseignant-chercheur au statut général des fonctionnaires. Autre élément d'importance : l'utilisation de l'adresse mail de l'université et des listes de contact des étudiants et personnels de l'établissement, qui "peut être considérée comme un détournement des prérogatives administratives de la présidence", complète la juriste. »
« Auprès de Ouest-France, Nantes Université assume l'initiative de Carine Bernault, l'inscrivant dans "le champ des valeurs universitaires, d'ouverture et d'universalisme". France Universités, l'association qui réunit les présidents des différents établissements universitaires français, a émis un communiqué lundi 12 avril défendant la même position. "Les idées et principes véhiculés par la candidature de Marine Le Pen sont résolument d'extrême droite indique le texte. Son programme est contraire à nos valeurs, comme chercheurs, comme enseignants, comme dirigeants d'établissements, mais d'abord comme humanistes." Et d'aller plus loin que la présidente de Nantes Université en appelant ouvertement "à voter pour Emmanuel Macron". »
« Dans les faits, il est "très rare" que des présidents d'université soient sanctionnés pour avoir violé ces principes de neutralité et de réserve, tempère Camille Fernandes. Ce type d'initiative n'est d'ailleurs pas inédit : en 2017, le président de Paris-Descartes d'alors, Frédéric Dardel, avait appelé ses étudiants à faire barrage à Marine Le Pen, dans un mail également adressé aux étudiants, aux enseignants et aux personnels. Le biologiste avait lui-même estimé qu'"en vous adressant ce message très personnel et inhabituel", il "abus[ait] de ses prérogatives de président" ; il jugeait néanmoins la situation trop grave pour ne pas prendre la parole. »
« Cette même année, déjà, France Universités (qui s'appelait à l'époque la Conférence des présidents d'université) ainsi que neuf présidents et directeurs des principaux organismes publics de recherche – CNRS, Inserm, Inra – avaient appelé, eux aussi, à faire barrage au Rassemblement national, dans un texte transmis à l'AFP. Aucune sanction n'avait été prononcée à leur encontre. Selon ces chercheurs, le programme de Marine Le Pen était "porteur de régression et de déclin sur tous les plans : économique, social, culturel et bien sûr scientifique". »
« Mercredi 13 avril [2022], les étudiants et le personnel de Nantes Université ont tous reçu le même mail signé Carine Bernault, leur présidente. Un message "inhabituel", de son propre aveu. S'y déclarant "profondément attachée aux valeurs démocratiques et républicaines, à l'État de droit, au respect des droits fondamentaux et individuels, à un universalisme fondé sur le respect des différences, à la liberté d'expression et à la construction européenne", elle encourage les étudiants et ses personnels à se mobiliser pour le second tour de l'élection présidentielle et "à voter le 24 avril pour faire barrage à l'extrême droite et donc au Rassemblement national". Un message qui a beaucoup fait réagir les étudiants, "partagés" quant à la légitimité d'une telle démarche, rapporte l'un d'eux à Marianne. »
« Le mail a forcément attiré l'attention des soutiens de Marine Le Pen, au premier rang desquels le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui a pointé une "violation des règles de neutralité", considérant que ce message constituait une "faute lourde". Tous les agents de l'État, et donc les présidents d'université qui sont des enseignants-chercheurs ayant le statut de fonctionnaire, sont en effet soumis au principe de neutralité du service public et au devoir de réserve. Le règlement de Nantes Université rappelle d'ailleurs lui-même ce devoir dans son article 7 : "les Personnels sont notamment tenus au devoir de réserve, à la discrétion professionnelle et au respect des principes de laïcité et de neutralité politique et religieuse du service public." »
« Mais dans le cadre précis des enseignants-chercheurs, ce principe est assoupli au nom d'un autre principe à valeur constitutionnelle : celui de liberté d'expression des universitaires. Interrogée par Marianne, la docteure en droit public Camille Fernandes rappelle cependant que cette liberté du corps enseignant, qui leur permet une expression beaucoup plus libre que les autres fonctionnaires, "ne s'applique que dans le cadre de l'enseignement ou de la recherche". »
« Cette liberté ne les autorise, par ailleurs, pas à "faire usage de leur statut professionnel pour influencer le vote des électeurs", précise Camille Fernandes dans sa thèse Des libertés universitaires en France – tude de droit public sur la soumission de l'enseignant-chercheur au statut général des fonctionnaires. Autre élément d'importance : l'utilisation de l'adresse mail de l'université et des listes de contact des étudiants et personnels de l'établissement, qui "peut être considérée comme un détournement des prérogatives administratives de la présidence", complète la juriste. »
« Auprès de Ouest-France, Nantes Université assume l'initiative de Carine Bernault, l'inscrivant dans "le champ des valeurs universitaires, d'ouverture et d'universalisme". France Universités, l'association qui réunit les présidents des différents établissements universitaires français, a émis un communiqué lundi 12 avril défendant la même position. "Les idées et principes véhiculés par la candidature de Marine Le Pen sont résolument d'extrême droite indique le texte. Son programme est contraire à nos valeurs, comme chercheurs, comme enseignants, comme dirigeants d'établissements, mais d'abord comme humanistes." Et d'aller plus loin que la présidente de Nantes Université en appelant ouvertement "à voter pour Emmanuel Macron". »
« Dans les faits, il est "très rare" que des présidents d'université soient sanctionnés pour avoir violé ces principes de neutralité et de réserve, tempère Camille Fernandes. Ce type d'initiative n'est d'ailleurs pas inédit : en 2017, le président de Paris-Descartes d'alors, Frédéric Dardel, avait appelé ses étudiants à faire barrage à Marine Le Pen, dans un mail également adressé aux étudiants, aux enseignants et aux personnels. Le biologiste avait lui-même estimé qu'"en vous adressant ce message très personnel et inhabituel", il "abus[ait] de ses prérogatives de président" ; il jugeait néanmoins la situation trop grave pour ne pas prendre la parole. »
« Cette même année, déjà, France Universités (qui s'appelait à l'époque la Conférence des présidents d'université) ainsi que neuf présidents et directeurs des principaux organismes publics de recherche – CNRS, Inserm, Inra – avaient appelé, eux aussi, à faire barrage au Rassemblement national, dans un texte transmis à l'AFP. Aucune sanction n'avait été prononcée à leur encontre. Selon ces chercheurs, le programme de Marine Le Pen était "porteur de régression et de déclin sur tous les plans : économique, social, culturel et bien sûr scientifique". »
« Ce Ch'ti âgé de 52 ans, qui dirigeait le site Toyota de Valenciennes jusqu'en 2020, a une sacrée mission : faire du “made in France” avec Renault. Ancien de PSA, il est en effet depuis un an et demi directeur du pôle nordiste Electricity du constructeur au losange. Avec lui, ça n'a pas traîné. L'usine de Douai “a réduit sa superficie de 250 à… 110 hectares”, expliquait-il jeudi à quelques journalistes invités à visiter le site. Même compactage en cours dans l'usine voisine de Maubeuge. “On détruit des bâtiments, réduit les stocks”, ajoute Luciano Biondo. Mais ça, ce n'est pas le plus dur. Cet homme à la carrure impressionnante, la grosse voix gouailleuse, réputé pour sa jovialité et son franc-parler jusqu'à la brutalité, a surtout… renégocié avec les syndicats. Rude gageure. »
« “Il fallait arrêter avec cinquante ans d'histoire, des accords sociaux différents selon les usines, des pratiques anciennes”. Résultat: juste après son arrivée chez Renault, il réunit les partenaires sociaux en décembre 2020. Puis, après quatre mois de discussions, il lance le round de négociations. “J'ai dit aux représentants des salariés de ne pas me menacer de faire grève et moi je ne les menaçais pas de fermer les usines”! Un discours clair et carré, cartes sur table, comme les aime ce patron habitué aux négociations syndicales. “Et, en trois semaines, on a réussi à se mettre d'accord”, raconte-t-il. Mieux: “tous les syndicats ont signé le nouvel accord”. Encore plus fort que les consensus obtenus naguère par Luciano Biondo chez Toyota, où il n'avait pas convaincu la CGT. »
« But : “il faut que les coûts de production ne dépassent pas 3% du prix de vente d'une voiture.” Et ce, alors qu'“on n'était vraiment pas à ce niveau”, reconnaît-il. En contrepartie de l'acceptation sociale: des embauches effectives de 700 personnes (sur 5.000 avec le site de mécanique proche de Ruitz), un énorme effort de formation pour faire monter les compétences des salariés. “On travaille avec les écoles, les universités”, insiste Luciano Biondo. Indispensable à la productivité. “Dès aujourd'hui, on planifie ainsi la formation pour que les opérateurs deviennent des experts dans les assemblages de systèmes à horizon 2023, 2024”, pointe Luciano Biondo. A l'image du célèbre Toyota production Way, mais aussi de l'Alliance Production Way (méthodes de production Renault-Nissan). Ce qui est important, c'est de former, “impliquer tous les salariés” en vue d'une amélioration continue, chère aux Japonais. »
« “Avant on avait 300 personnes chargées de faire de l'amélioration continue. Le but c'est que cela concerne l'ensemble des 5 000 salariés.” D'ailleurs, Douai a renforcé l'encadrement de proximité pour que les initiatives des opérateurs remontent le plus rapidement possible sur la chaîne. “On avait un leader pour quinze personnes. On passe maintenant à un pour six”. Et, pour remédier aux éventuels dysfonctionnements ou apporter des modifications bénéfiques, “on ajoute si nécessaire 15 minutes de travail supplémentaires en fin d'équipe chaque jour et on arrête les lignes 50 minutes tous les quinze jours”, renchérit Régis Monin, directeur du montage à Douai. »
« Produire en France? Oui, c'est possible! “La compétence des salariés doit compenser le différentiel de coûts avec les pays” à main-d'œuvre pas chère, veut croire Luciano Biondo, un spécialiste de l'industrie et du “made in France” puisqu'il a réalisé une grande partie de sa carrière dans des sites tricolores. “Notre Business Model sera proche de celui de Toyota à Valenciennes”, conclut-il. »
« “Il fallait arrêter avec cinquante ans d'histoire, des accords sociaux différents selon les usines, des pratiques anciennes”. Résultat: juste après son arrivée chez Renault, il réunit les partenaires sociaux en décembre 2020. Puis, après quatre mois de discussions, il lance le round de négociations. “J'ai dit aux représentants des salariés de ne pas me menacer de faire grève et moi je ne les menaçais pas de fermer les usines”! Un discours clair et carré, cartes sur table, comme les aime ce patron habitué aux négociations syndicales. “Et, en trois semaines, on a réussi à se mettre d'accord”, raconte-t-il. Mieux: “tous les syndicats ont signé le nouvel accord”. Encore plus fort que les consensus obtenus naguère par Luciano Biondo chez Toyota, où il n'avait pas convaincu la CGT. »
« But : “il faut que les coûts de production ne dépassent pas 3% du prix de vente d'une voiture.” Et ce, alors qu'“on n'était vraiment pas à ce niveau”, reconnaît-il. En contrepartie de l'acceptation sociale: des embauches effectives de 700 personnes (sur 5.000 avec le site de mécanique proche de Ruitz), un énorme effort de formation pour faire monter les compétences des salariés. “On travaille avec les écoles, les universités”, insiste Luciano Biondo. Indispensable à la productivité. “Dès aujourd'hui, on planifie ainsi la formation pour que les opérateurs deviennent des experts dans les assemblages de systèmes à horizon 2023, 2024”, pointe Luciano Biondo. A l'image du célèbre Toyota production Way, mais aussi de l'Alliance Production Way (méthodes de production Renault-Nissan). Ce qui est important, c'est de former, “impliquer tous les salariés” en vue d'une amélioration continue, chère aux Japonais. »
« “Avant on avait 300 personnes chargées de faire de l'amélioration continue. Le but c'est que cela concerne l'ensemble des 5 000 salariés.” D'ailleurs, Douai a renforcé l'encadrement de proximité pour que les initiatives des opérateurs remontent le plus rapidement possible sur la chaîne. “On avait un leader pour quinze personnes. On passe maintenant à un pour six”. Et, pour remédier aux éventuels dysfonctionnements ou apporter des modifications bénéfiques, “on ajoute si nécessaire 15 minutes de travail supplémentaires en fin d'équipe chaque jour et on arrête les lignes 50 minutes tous les quinze jours”, renchérit Régis Monin, directeur du montage à Douai. »
« Produire en France? Oui, c'est possible! “La compétence des salariés doit compenser le différentiel de coûts avec les pays” à main-d'œuvre pas chère, veut croire Luciano Biondo, un spécialiste de l'industrie et du “made in France” puisqu'il a réalisé une grande partie de sa carrière dans des sites tricolores. “Notre Business Model sera proche de celui de Toyota à Valenciennes”, conclut-il. »
« En visite à Strasbourg ce 12 avril [2022], le président-candidat a été interpellé par une jeune femme voilée, qui lui a demandé s'il était féministe. "Je suis féministe !", confirme-t-il gaiement, avant de retourner la question à son interlocutrice. "Oui, je suis féministe", lui répond-elle à son tour. Le chef de l'État enchaîne : "Je peux vous poser une question indiscrète ? Vous portez un voile par choix ou c'est imposé ?" La foule bruisse, surprise par la question du président. "Par choix, c'est par choix, c'est totalement par choix", lui répond alors la jeune femme. "C'est beau. [...] Avoir une jeune fille qui porte le voile à Strasbourg qui demande : "Est-ce que vous êtes féministe ?" C'est la meilleure réponse à toutes les bêtises que je peux entendre." Avant de poursuivre : "De l'autre côté, vous avez Marine Le Pen qui veut interdire le voile sur la place publique." »
« On l'aura compris : deuxième tour oblige, Emmanuel Macron cherche à se démarquer de son adversaire du RN. […] Mais son positionnement risque de semer le trouble...y compris dans son propre camp. […] En effet, en 2018, interrogé à ce sujet […], Emmanuel Macron estimait que le voile "insécurisait" les Français car il n'était pas "conforme à la civilité qu'il y a dans notre pays" : "Nous sommes attachés à l'égalité entre l'homme et la femme, mais je ne veux pas faire une loi qui l'interdise dans la rue car ce serait contre-productif. Ce dont je veux être sûr c'est qu'aucune femme ne soit obligée de le porter." »
« Quatre ans plus tard, il se réjouit finalement qu'une femme voilée se déclare féministe. Une seule condition : que ce ne soit pas imposé. Et pour s'en assurer, il suffit de poser une question – c'est par choix ou c'est imposé ? – et tout est résolu. Une pensée complexe… plutôt simpliste ! Et une facilité pour évacuer, au-delà du cas particulier, les réflexions de fond sur les mécanismes de promotion du voile par des tenants d'un islam politique, les déterminismes sociaux, l'effet de groupe, les conséquences du sexisme dans certains quartiers, ou la notion d'emprise religieuse et sectaire… »
« Autre brouillage : de quoi parle Emmanuel Macron lorsqu'il indique à la jeune femme que sa repartie est "la meilleure réponse à toutes les bêtises que je peux entendre" ? Est-ce une façon de mettre en cause ceux qui tiquent fortement à l'idée de superposer voile et féminisme ? Et il y en a ! Ainsi, Naëm Bestandji, militant laïque, auteur du Linceul du féminisme, écrivait dans Marianne au sujet du voilement : "que des femmes consentent à s'y soumettre ne change pas sa signification sexiste qui prétend distinguer les femmes "pudiques" de celles qui ne le seraient pas. Cette fameuse "pudeur" créée par des hommes pour dicter aux femmes comment se vêtir "librement" pour ne pas exciter les mâles." Quant à la philosophe et islamologue Razika Adnani, elle décrit le voilement, "imposé aux femmes pour rendre absent du regard de l'homme leur corps", comme "un système de claustration en vigueur aujourd'hui encore dans le monde musulman, où l'espace public en tant que lieu de loisir est interdit aux femmes qui n'ont le droit de l'utiliser que comme un lieu de passage". »
« On l'aura compris : deuxième tour oblige, Emmanuel Macron cherche à se démarquer de son adversaire du RN. […] Mais son positionnement risque de semer le trouble...y compris dans son propre camp. […] En effet, en 2018, interrogé à ce sujet […], Emmanuel Macron estimait que le voile "insécurisait" les Français car il n'était pas "conforme à la civilité qu'il y a dans notre pays" : "Nous sommes attachés à l'égalité entre l'homme et la femme, mais je ne veux pas faire une loi qui l'interdise dans la rue car ce serait contre-productif. Ce dont je veux être sûr c'est qu'aucune femme ne soit obligée de le porter." »
« Quatre ans plus tard, il se réjouit finalement qu'une femme voilée se déclare féministe. Une seule condition : que ce ne soit pas imposé. Et pour s'en assurer, il suffit de poser une question – c'est par choix ou c'est imposé ? – et tout est résolu. Une pensée complexe… plutôt simpliste ! Et une facilité pour évacuer, au-delà du cas particulier, les réflexions de fond sur les mécanismes de promotion du voile par des tenants d'un islam politique, les déterminismes sociaux, l'effet de groupe, les conséquences du sexisme dans certains quartiers, ou la notion d'emprise religieuse et sectaire… »
« Autre brouillage : de quoi parle Emmanuel Macron lorsqu'il indique à la jeune femme que sa repartie est "la meilleure réponse à toutes les bêtises que je peux entendre" ? Est-ce une façon de mettre en cause ceux qui tiquent fortement à l'idée de superposer voile et féminisme ? Et il y en a ! Ainsi, Naëm Bestandji, militant laïque, auteur du Linceul du féminisme, écrivait dans Marianne au sujet du voilement : "que des femmes consentent à s'y soumettre ne change pas sa signification sexiste qui prétend distinguer les femmes "pudiques" de celles qui ne le seraient pas. Cette fameuse "pudeur" créée par des hommes pour dicter aux femmes comment se vêtir "librement" pour ne pas exciter les mâles." Quant à la philosophe et islamologue Razika Adnani, elle décrit le voilement, "imposé aux femmes pour rendre absent du regard de l'homme leur corps", comme "un système de claustration en vigueur aujourd'hui encore dans le monde musulman, où l'espace public en tant que lieu de loisir est interdit aux femmes qui n'ont le droit de l'utiliser que comme un lieu de passage". »
« Un gouffre sépare les portraits du président ukrainien dressés par les journalistes français après son élection, parfois très critiques, et ceux publiés depuis le début de la guerre, centrés sur ses qualités. Le Zelensky proche des oligarques, pratiquant l'évasion fiscale, impliqué dans l'affaire du fils de Biden instrumentalisée par Trump, calculateur et détestant les journalistes, a disparu. »
« Serge Hastom couvre la guerre en Ukraine. Il nous raconte ce qui se raconte peu : le contrôle des journalistes de la part des autorités ukrainiennes, qui franchit chaque jour de nouveaux paliers. […] Rien de comparable avec la censure exercée par le pouvoir en Russie, mais les représentants officiels et les populations civiles exercent un droit de regard appuyé sur le travail des reporters, parfois jusqu'à l'absurde. »
« Côté ukrainien, un contrôle existe et s'amplifie. […] Pour éviter de perdre leur accréditation, les journalistes internationaux doivent souvent faire profil bas, évitant de remettre en cause les lourdes restrictions qui pèsent sur leur travail. […] Le verrouillage des autorités limite considérablement la diffusion des informations dans les zones tendues. »
« La loi martiale ukrainienne punit la publication d'informations stratégiques telles que le nombre, la localisation ou l'équipement des troupes positionnées sur le terrain. La pratique est courante en temps de guerre, pour protéger ces données militaires sensibles. Mais l'interdiction de filmer et photographier s'étend indifféremment aux "routes, entreprises ou infrastructures publiques" comme aux "villes touchées et [aux] missiles tombés dans des villes ou villages d'Ukraine avant un délai de 12 heures après la frappe", selon un mail en anglais reçu par plusieurs journalistes. »
« L'accès aux zones touchées a ainsi été interdit pendant de longues heures, parfois pour les seuls journalistes. Ceux-là n'ont pu couvrir les événements que de façon parcellaire, grâce à des images fournies par les services officiels ou réalisées bien après les faits. […] Avec un photographe français et deux collègues de la télévision belge, nous avons vainement tenté d'approcher les colonnes de fumée noire dans une voiture marquée "Presse". Nous étions systématiquement bloqués par des barrages militaires. À deux reprises, nous avons constaté, incrédules, que les passants ukrainiens circulaient librement. Seuls les journalistes était interdits d'accès. […] La dangerosité de Kiev et de sa banlieue […] justifie en partie ces restrictions d'accès. Mais certaines pratiques relèvent de l'arbitraire. […] Dans la quatrième semaine de la guerre, une réglementation est venue durcir l'encadrement des journalistes, interdisant la mention "du lieu ou du nombre de victimes d'un bombardement avant la publication d'un communiqué officiel". »
« Sur le réseau social Telegram, les journalistes internationaux sont nombreux à l'affaire d'un journaliste polonais "tabassé alors qu'il photographiait une simple file d'attente devant un supermarché". […] La crainte des espions pousse le moindre citoyen à exercer un droit de regard appuyé sur le travail des journalistes. En reportage avec le photographe Antonin Burat dans un village de la périphérie de Lviv, à l'ouest de l'Ukraine, nous avons été malmenés pendant quarante-cinq minutes par une quinzaine d'habitants puis par deux policiers. [….] la présence de notre voiture marquée "Presse" a immédiatement créé un attroupement menaçant. Nos ordinateurs, nos appareils photos et nos portables ont été inspectés minutieusement ainsi que la moindre de nos poches, nos sacs et notre voiture, jusqu'aux tréfonds du moteur. "Pourquoi vous venez ici ? Montrez-moi vos articles. Vous n'avez pas le droit de vous déplacer seuls", nous a lancé, à plusieurs reprises et dans un français parfait, une vieille dame sourde à toutes nos explications. »
« Côté ukrainien, un contrôle existe et s'amplifie. […] Pour éviter de perdre leur accréditation, les journalistes internationaux doivent souvent faire profil bas, évitant de remettre en cause les lourdes restrictions qui pèsent sur leur travail. […] Le verrouillage des autorités limite considérablement la diffusion des informations dans les zones tendues. »
« La loi martiale ukrainienne punit la publication d'informations stratégiques telles que le nombre, la localisation ou l'équipement des troupes positionnées sur le terrain. La pratique est courante en temps de guerre, pour protéger ces données militaires sensibles. Mais l'interdiction de filmer et photographier s'étend indifféremment aux "routes, entreprises ou infrastructures publiques" comme aux "villes touchées et [aux] missiles tombés dans des villes ou villages d'Ukraine avant un délai de 12 heures après la frappe", selon un mail en anglais reçu par plusieurs journalistes. »
« L'accès aux zones touchées a ainsi été interdit pendant de longues heures, parfois pour les seuls journalistes. Ceux-là n'ont pu couvrir les événements que de façon parcellaire, grâce à des images fournies par les services officiels ou réalisées bien après les faits. […] Avec un photographe français et deux collègues de la télévision belge, nous avons vainement tenté d'approcher les colonnes de fumée noire dans une voiture marquée "Presse". Nous étions systématiquement bloqués par des barrages militaires. À deux reprises, nous avons constaté, incrédules, que les passants ukrainiens circulaient librement. Seuls les journalistes était interdits d'accès. […] La dangerosité de Kiev et de sa banlieue […] justifie en partie ces restrictions d'accès. Mais certaines pratiques relèvent de l'arbitraire. […] Dans la quatrième semaine de la guerre, une réglementation est venue durcir l'encadrement des journalistes, interdisant la mention "du lieu ou du nombre de victimes d'un bombardement avant la publication d'un communiqué officiel". »
« Sur le réseau social Telegram, les journalistes internationaux sont nombreux à l'affaire d'un journaliste polonais "tabassé alors qu'il photographiait une simple file d'attente devant un supermarché". […] La crainte des espions pousse le moindre citoyen à exercer un droit de regard appuyé sur le travail des journalistes. En reportage avec le photographe Antonin Burat dans un village de la périphérie de Lviv, à l'ouest de l'Ukraine, nous avons été malmenés pendant quarante-cinq minutes par une quinzaine d'habitants puis par deux policiers. [….] la présence de notre voiture marquée "Presse" a immédiatement créé un attroupement menaçant. Nos ordinateurs, nos appareils photos et nos portables ont été inspectés minutieusement ainsi que la moindre de nos poches, nos sacs et notre voiture, jusqu'aux tréfonds du moteur. "Pourquoi vous venez ici ? Montrez-moi vos articles. Vous n'avez pas le droit de vous déplacer seuls", nous a lancé, à plusieurs reprises et dans un français parfait, une vieille dame sourde à toutes nos explications. »
« Quand, en 2013, Maïlys Cantzler cède son groupe de crèches privées Crèche Attitude (aujourd'hui Liveli) à Sodexo, elle l'a hissé parmi les premiers acteurs de la garde d'enfants, avec 100 établissements, 1 200 salariés et 45 millions d'euros de chiffre d'affaires. […] Pourtant, un an après, elle inaugure à La Croix-Valmer (Var) un premier habitat innovant qui permet à six adultes handicapés voulant s'émanciper du giron familial de se bâtir un projet de vie au sein d'une collectivité. Depuis, huit autres ont ouvert, une quinzaine est en construction et autant "en négociation", précise la quadra qui a créé plusieurs sociétés (regroupées sous la marque Homnia) pour donner corps à son concept inédit d'"inclusion par le cohabitat". Son groupe emploie aujourd'hui 90 personnes et sa société de services a dégagé un chiffre d'affaires de 1,6 million d'euros en 2021. »
« Ce "projet de cœur" est né d'une tragédie familiale. En 1999, après un accident de la route, sa jeune sœur reste lourdement handicapée. […] D'où l'idée d'une colocation d'un genre nouveau, où l'on partage un espace de vie, mais aussi "des services d'aide humaine" dans un cadre sécurisé. L'astuce ? La mise en commun des heures d'assistance auxquelles les colocataires ont droit. Chaque "Club des six" (association de colocataires) bénéficie ainsi des services d'auxiliaires de vie à plein-temps, qui se relaient sur place vingt-quatre heures sur vingt-quatre. »
« Quand l'idée germe, en 2010, la législation n'autorise pas cette mutualisation. Qu'importe : Maïlys Cantzler fonce. Pour réduire le poids des loyers, elle imagine un immeuble abritant, en plus de l'appartement en colocation, six ou sept logements sociaux. Nouvel obstacle. "Ni les promoteurs ni les bailleurs sociaux n'étaient intéressés par mon projet, jugé trop petit." Elle décide "de tout gérer elle-même" et de financer sur fonds propres le bâtiment de La Croix-Valmer. […] Elle monte même son entreprise de services à la personne, faute d'avoir trouvé une solution locale. »
« Les "progrès extraordinaires des colocataires" l'incitent à poursuivre. D'autant que l'équilibre financier est atteint dès la première année. Depuis 2016, un partenariat avec le fonds d'investissement solidaire d'Amundi, numéro 1 européen de la gestion d'actifs, lui permet de voir grand. L'évolution réglementaire, aussi. "D'ici dix ans, l'objectif est d'avoir lancé 100cohabitats inclusifs en France", souligne l'entrepreneuse, qui associe capital et social. "Le cohabitat inclusif revient à l'Etat deux fois moins cher que l'hébergement en institut", estime-t-elle. Surtout, 64adultes handicapés sont sortis de l'isolement. A terme, ils seront 600. »
« Ce "projet de cœur" est né d'une tragédie familiale. En 1999, après un accident de la route, sa jeune sœur reste lourdement handicapée. […] D'où l'idée d'une colocation d'un genre nouveau, où l'on partage un espace de vie, mais aussi "des services d'aide humaine" dans un cadre sécurisé. L'astuce ? La mise en commun des heures d'assistance auxquelles les colocataires ont droit. Chaque "Club des six" (association de colocataires) bénéficie ainsi des services d'auxiliaires de vie à plein-temps, qui se relaient sur place vingt-quatre heures sur vingt-quatre. »
« Quand l'idée germe, en 2010, la législation n'autorise pas cette mutualisation. Qu'importe : Maïlys Cantzler fonce. Pour réduire le poids des loyers, elle imagine un immeuble abritant, en plus de l'appartement en colocation, six ou sept logements sociaux. Nouvel obstacle. "Ni les promoteurs ni les bailleurs sociaux n'étaient intéressés par mon projet, jugé trop petit." Elle décide "de tout gérer elle-même" et de financer sur fonds propres le bâtiment de La Croix-Valmer. […] Elle monte même son entreprise de services à la personne, faute d'avoir trouvé une solution locale. »
« Les "progrès extraordinaires des colocataires" l'incitent à poursuivre. D'autant que l'équilibre financier est atteint dès la première année. Depuis 2016, un partenariat avec le fonds d'investissement solidaire d'Amundi, numéro 1 européen de la gestion d'actifs, lui permet de voir grand. L'évolution réglementaire, aussi. "D'ici dix ans, l'objectif est d'avoir lancé 100cohabitats inclusifs en France", souligne l'entrepreneuse, qui associe capital et social. "Le cohabitat inclusif revient à l'Etat deux fois moins cher que l'hébergement en institut", estime-t-elle. Surtout, 64adultes handicapés sont sortis de l'isolement. A terme, ils seront 600. »
« J'ai été interloquée par le caractère de plus en plus militant des publicités commerciales… Le choix de Decathlon, une marque particulièrement populaire en France, de ne plus passer de pubs sur C-News en raison de sa ligne éditoriale m'a interpellée. »
« Les entreprises les plus progressistes embrassent joyeusement l'agenda "woke", qui tend, sous couvert de lutte contre les discriminations, à promouvoir une diversité uniquement fondée sur des critères de "genre", d'orientation sexuelle, d'ethnie ou de race. La tendance est nette aux États-Unis où une entreprise comme Disney propose à ses salariés de rejoindre des groupes affinitaires, en fonction de leur origine (Asiatiques, Noirs-Américains ou Latinos), tandis que Coca-Cola dispense des formations sur le privilège blanc. Cette intense attention aux questions identitaires explique que, d'ici quelques mois, les groupes cotés au Nasdaq devront spécifier la race-ethnie et l'orientation sexuelle de tous les membres de leur conseil d'administration, dans le but de respecter dans un second temps des quotas de diversité. »
« Au-delà de son objectif de rentabilité, il me semble tout à fait légitime que les entreprises défendent des valeurs. […] À mon sens, elles doivent s'incarner dans des actions alignées sur l'objet social de l'entreprise. Il me paraît par exemple plus utile pour la société qu'un laboratoire pharmaceutique investisse pour trouver un traitement à une maladie rare qu'il se préoccupe de boycotter des États dont les lois lui déplaisent. »
« À vrai dire, je crois que l'entreprise, par définition, a toujours eu un lien fort avec la sphère politique. […] Les multinationales doivent assumer une responsabilité de plus en plus large. Par exemple, faute de régulation, ce sont désormais les grands groupes de la tech qui définissent dans tout le monde occidental les limites de la liberté d'expression. »
« Les entreprises sont tétanisées par ce qu'elles appellent le risque réputationnel. La raison en est simple. Une polémique peut durablement affecter leurs performances financières. Une étude menée par des analystes de la Société générale le démontre clairement : en moyenne, les entreprises qui ont subi une controverse liée à des sujets environnementaux, sociaux ou de gouvernance affichent une performance boursière inférieure aux indices mondiaux pendant deux ans. »
« Le "capitalisme woke" doit être combattu car la confusion généralisée entre marketing et valeurs qu'il assume affaiblit le débat démocratique, les politiques tendant en réponse à adopter des codes publicitaires pour présenter leurs propositions. L'obsession identitaire véhiculée par cette idéologie menace aussi la cohérence de nos sociétés, et particulièrement le modèle républicain français. Sur ces questions essentielles de responsabilité des entreprises, il me semble d'ailleurs essentiel que l'Europe défende sa propre culture, qui pour simplifier a toujours mis davantage l'accent sur les valeurs sociales que sociétales. »
« Les entreprises les plus progressistes embrassent joyeusement l'agenda "woke", qui tend, sous couvert de lutte contre les discriminations, à promouvoir une diversité uniquement fondée sur des critères de "genre", d'orientation sexuelle, d'ethnie ou de race. La tendance est nette aux États-Unis où une entreprise comme Disney propose à ses salariés de rejoindre des groupes affinitaires, en fonction de leur origine (Asiatiques, Noirs-Américains ou Latinos), tandis que Coca-Cola dispense des formations sur le privilège blanc. Cette intense attention aux questions identitaires explique que, d'ici quelques mois, les groupes cotés au Nasdaq devront spécifier la race-ethnie et l'orientation sexuelle de tous les membres de leur conseil d'administration, dans le but de respecter dans un second temps des quotas de diversité. »
« Au-delà de son objectif de rentabilité, il me semble tout à fait légitime que les entreprises défendent des valeurs. […] À mon sens, elles doivent s'incarner dans des actions alignées sur l'objet social de l'entreprise. Il me paraît par exemple plus utile pour la société qu'un laboratoire pharmaceutique investisse pour trouver un traitement à une maladie rare qu'il se préoccupe de boycotter des États dont les lois lui déplaisent. »
« À vrai dire, je crois que l'entreprise, par définition, a toujours eu un lien fort avec la sphère politique. […] Les multinationales doivent assumer une responsabilité de plus en plus large. Par exemple, faute de régulation, ce sont désormais les grands groupes de la tech qui définissent dans tout le monde occidental les limites de la liberté d'expression. »
« Les entreprises sont tétanisées par ce qu'elles appellent le risque réputationnel. La raison en est simple. Une polémique peut durablement affecter leurs performances financières. Une étude menée par des analystes de la Société générale le démontre clairement : en moyenne, les entreprises qui ont subi une controverse liée à des sujets environnementaux, sociaux ou de gouvernance affichent une performance boursière inférieure aux indices mondiaux pendant deux ans. »
« Le "capitalisme woke" doit être combattu car la confusion généralisée entre marketing et valeurs qu'il assume affaiblit le débat démocratique, les politiques tendant en réponse à adopter des codes publicitaires pour présenter leurs propositions. L'obsession identitaire véhiculée par cette idéologie menace aussi la cohérence de nos sociétés, et particulièrement le modèle républicain français. Sur ces questions essentielles de responsabilité des entreprises, il me semble d'ailleurs essentiel que l'Europe défende sa propre culture, qui pour simplifier a toujours mis davantage l'accent sur les valeurs sociales que sociétales. »
« Le Sri Lanka a en effet interdit l'usage des produits phytosanitaires et des engrais dans les champs de ses agriculteurs mi-2021 afin de devenir le premier producteur mondial d'aliments 100 % biologiques. Cette décision, combinée à une crise économique sans précédent causée à la fois par le Covid-19 et de très mauvais choix politiques, a mis le pays en état d'urgence alimentaire et économique. Si quelques mois plus tard le secrétaire du ministère de l'Agriculture, Udith Jayasinghe, a annoncé […] que les intrants chimiques seraient à nouveau autorisés, le mal était déjà fait. Et en avril 2022, le peuple […] manifeste, violemment, pour sa survie. »
« Cela fait "une douzaine d'années" que Jacques Dallest s'est pris de passion pour cet événement trouble et tragique. Cet événement, c'est le procès du Grand-Bornand, en août 1944, où près d'une centaine de miliciens […], qui venaient de se rendre aux Résistants, avaient été jugés, puis pour la plupart d'entre eux fusillés dans la foulée. »
« Un intérêt si vif pour ce procès historique, que le magistrat annécien en a écrit un livre, publié en février 2022 : "L'Épuration, une histoire interdite", aux éditions du Cerf. Ce qui l'a passionné, c'est de revisiter cet événement hors norme, méconnu, avec son regard de magistrat. D'aucuns l'ignorent mais le procès du Grand-Bornand est le plus important de cette période en France, de par le nombre d'accusés jugés. Il s'y est tenu une justice "expéditive" pour punir ceux qui étaient perçus comme des traîtres. »
« Un intérêt si vif pour ce procès historique, que le magistrat annécien en a écrit un livre, publié en février 2022 : "L'Épuration, une histoire interdite", aux éditions du Cerf. Ce qui l'a passionné, c'est de revisiter cet événement hors norme, méconnu, avec son regard de magistrat. D'aucuns l'ignorent mais le procès du Grand-Bornand est le plus important de cette période en France, de par le nombre d'accusés jugés. Il s'y est tenu une justice "expéditive" pour punir ceux qui étaient perçus comme des traîtres. »
« Ses propos sur le génocide, comme l'entretien dans lequel il qualifiait Poutine de tueur, ne sont pas tant des gaffes qu'un exercice maîtrise visant à diaboliser l'adversaire. Cela a évidemment un impact sur la capacité de négociation, et semble suggérer que les États-Unis se complaisent dans un conflit long et sans perspective de sortie, et dans une stratégie de diabolisation de Moscou qui peut leur permettre de renforcer leur influence en Europe. »
« Ce n'est pas rendre service au peuple ukrainien, ni même à Volodymyr Zelensky. On se souvient d'ailleurs de ce dernier, agacé des pressions américaines avant le début de l'invasion, tandis qu'il cherchait – en compagnie de Paris et Berlin – de désamorcer la crise. Aujourd'hui ce sont les villes ukrainiennes qui sont bombardées et les populations meurtries sont celles de ce pays. Pas les États-Unis. »
« Il me semble que Washington a, avant même le début de l'invasion, adopté une stratégie très offensive qui rendait le dialogue très difficile avec Moscou. Il y a donc une cohérence dans cette stratégie. On peut louer le travail des services de renseignements américains, qui ne s'étaient pas trompés sur les intentions de Vladimir Poutine, là où les Européens se sont montrés plus naïfs. Mais cela ne change pas la donne sur le fait que Washington n'a jamais été en première ligne des négociations, et sans aller jusqu'à considérer que les États-Unis ont jeté de l'huile sur le feu, ce qui serait excessif, force est de reconnaître que rien ne fut fait côté américain pour empêcher l'escalade, et aujourd'hui pour mettre un terme rapidement à cette guerre. »
« Ce n'est pas rendre service au peuple ukrainien, ni même à Volodymyr Zelensky. On se souvient d'ailleurs de ce dernier, agacé des pressions américaines avant le début de l'invasion, tandis qu'il cherchait – en compagnie de Paris et Berlin – de désamorcer la crise. Aujourd'hui ce sont les villes ukrainiennes qui sont bombardées et les populations meurtries sont celles de ce pays. Pas les États-Unis. »
« Il me semble que Washington a, avant même le début de l'invasion, adopté une stratégie très offensive qui rendait le dialogue très difficile avec Moscou. Il y a donc une cohérence dans cette stratégie. On peut louer le travail des services de renseignements américains, qui ne s'étaient pas trompés sur les intentions de Vladimir Poutine, là où les Européens se sont montrés plus naïfs. Mais cela ne change pas la donne sur le fait que Washington n'a jamais été en première ligne des négociations, et sans aller jusqu'à considérer que les États-Unis ont jeté de l'huile sur le feu, ce qui serait excessif, force est de reconnaître que rien ne fut fait côté américain pour empêcher l'escalade, et aujourd'hui pour mettre un terme rapidement à cette guerre. »
« En 2021, le ministère de l'Intérieur a recensé 174 équipements de télécommunication sabotés ou incendiés sur le territoire français. Les fins limiers du ministère de l'Intérieur attribuent ces sabotages à l'ultra-gauche. […] Si tout le pays est touché, on constate que l'essentiel des attaques a lieu en milieu rural, notamment dans les départements de la Haute-Garonne, l'Isère, l'Ardèche, la Drôme et les Bouches-du-Rhône. »
« Seules vingt-six personnes ont été interpellées en 2021. Des individus qui "semblent notamment motivés par la volonté de mettre à mal des équipements soupçonnés d'être un instrument de surveillance et d'asservissement des masses", disait France Bleu, voilà un an. Et d'expliciter : "Au-delà de ces convictions politiques, certains semblent avoir agi par peur de la collecte des données personnelles, par crainte des ondes, par refus de la pollution visuelle ou en raison de la perte de valeur de leur habitation se trouvant à proximité des infrastructures." Chez M. Darmanin, on relevait alors un ciblage resserré sur la fibre optique, "notamment en raison de la facilité à y accéder" en un temps où les Français, contraints au télétravail, "font un usage intensif d'Internet".
« Il semble qu'on soit passé, ce printemps, à la vitesse supérieure. Alors qu'on nous alerte sur la pénurie d'énergie due au conflit russo-ukrainien et qu'on nous demande d'enfiler des chaussettes avant de baisser le chauffage, c'est l'Isère qui s'embrase. Ciblée, la société ST Microelectronics, basée à Crolles, que des tags accusent d'être "un trop important consommateur d'électricité". Un premier incendie y a été allumé dans un transformateur, la nuit de dimanche à lundi. Les dégâts ayant été jugés sans doute insuffisants par les incendiaires, ce sont neuf lignes électriques, dont une à très haute tension (225 000 volts), qui ont été incendiées, la nuit suivante. […] Au matin, 5 539 clients étaient privés d'électricité ainsi que de nombreuses entreprises, parmi lesquelles, bien sûr, ST Microelectronics. Le Dauphiné libéré rapportait que le site de Soitec Bernin était également privé d'électricité et la production à l'arrêt. »
« On a compris : est visé tout ce qui sous-tend l'économie numérique. Le Parisien rapporte, d'ailleurs, qu'"une vingtaine de sabotages d'antennes-relais et de destructions symboliques ont été recensés depuis le 1er avril", sabotages qui "portent la signature de la mouvance contestataire". D'extrême gauche, précisons. »
« Seules vingt-six personnes ont été interpellées en 2021. Des individus qui "semblent notamment motivés par la volonté de mettre à mal des équipements soupçonnés d'être un instrument de surveillance et d'asservissement des masses", disait France Bleu, voilà un an. Et d'expliciter : "Au-delà de ces convictions politiques, certains semblent avoir agi par peur de la collecte des données personnelles, par crainte des ondes, par refus de la pollution visuelle ou en raison de la perte de valeur de leur habitation se trouvant à proximité des infrastructures." Chez M. Darmanin, on relevait alors un ciblage resserré sur la fibre optique, "notamment en raison de la facilité à y accéder" en un temps où les Français, contraints au télétravail, "font un usage intensif d'Internet".
« Il semble qu'on soit passé, ce printemps, à la vitesse supérieure. Alors qu'on nous alerte sur la pénurie d'énergie due au conflit russo-ukrainien et qu'on nous demande d'enfiler des chaussettes avant de baisser le chauffage, c'est l'Isère qui s'embrase. Ciblée, la société ST Microelectronics, basée à Crolles, que des tags accusent d'être "un trop important consommateur d'électricité". Un premier incendie y a été allumé dans un transformateur, la nuit de dimanche à lundi. Les dégâts ayant été jugés sans doute insuffisants par les incendiaires, ce sont neuf lignes électriques, dont une à très haute tension (225 000 volts), qui ont été incendiées, la nuit suivante. […] Au matin, 5 539 clients étaient privés d'électricité ainsi que de nombreuses entreprises, parmi lesquelles, bien sûr, ST Microelectronics. Le Dauphiné libéré rapportait que le site de Soitec Bernin était également privé d'électricité et la production à l'arrêt. »
« On a compris : est visé tout ce qui sous-tend l'économie numérique. Le Parisien rapporte, d'ailleurs, qu'"une vingtaine de sabotages d'antennes-relais et de destructions symboliques ont été recensés depuis le 1er avril", sabotages qui "portent la signature de la mouvance contestataire". D'extrême gauche, précisons. »
« Ce mardi matin [le 12 avril 2022], Nicolas Vanbremeersch, conseiller en communication numérique ayant son rond de serviette dans nombre de grands médias, a dénoncé sur son compte Twitter (certifié) ce qu'il appelle un "signe incroyable" (sic) : sur la toute nouvelle affiche de campagne de Marine Le Pen. »
« On y voit la candidate souriante adossée à un bureau, les mains en appui sur le plateau en bois derrière elle. Nicolas Vanbremeersch a fait un gros plan sur la main droite et il est formel : dans les trois doigts posés, bien droits et le pouce qui rejoint comme négligemment l'index, Nicolas Vanbremeersch a immédiatement reconnu le "signe de reconnaissance utilisé par toute l'extrême droite mondiale". »
« Eugénie Bastié commente par deux mots "complotisme chic", et Gilles-William Goldnadel n'en revient pas : "Et l'on nous explique que se serait l'extrême droite qui serait complotante. Ce tweet halluciné vient d'un compte non négligeable. Je n'ose espérer une réaction de Twitter." »
« Nicolas Vanbremeersch a fait HEC, est fondateur de l'agence numérique Spintank et du Tank, "lieu d'initiatives de la société numérique", auteur du livre De la démocratie numérique (Seuil, 2009). Sur France Culture, qui le présente comme un "acteur et observateur de la recomposition de la société par le numérique", il lui arrive, de loin en loin, de délivrer des analyses distanciées pleines de componction, comme c'est de règle sur cette radio. Au début des années 2000, et pendant cinq ans et demi, sous le pseudonyme de Versac, "il a tenu l'un des blogs politiques les plus influents, qui a été fréquenté par trois millions de visiteurs", expliquait, en 2007, Le Monde, qui voyait en lui un "blogueur consciencieux et régulier, appliqué et pédagogue, commentant et décryptant l'actualité politique et économique avec clairvoyance". En 2018, dans le numéro 200 de la revue Le Débat, il a écrit un article intitulé "De quoi les fake news sont-elles le nom ?" (interdit de rire). »
« Ce tweet est riche d'enseignements : une "fake news" délirante et complotiste, dès lors qu'elle ne provient pas de l'extrême droite mais du camp de la raison en col blanc, devient pudiquement une analyse comme une autre (au pire un peu capillotractée). Elle ne fait pousser aucun cri d'orfraie à ceux qui, d'habitude, dégainent la reductio ad complotum plus vite que leur ombre. Ce camp de la raison joue tellement à se faire peur depuis des dizaines d'années qu'il finit par croire à ses propres énormités. »
« On y voit la candidate souriante adossée à un bureau, les mains en appui sur le plateau en bois derrière elle. Nicolas Vanbremeersch a fait un gros plan sur la main droite et il est formel : dans les trois doigts posés, bien droits et le pouce qui rejoint comme négligemment l'index, Nicolas Vanbremeersch a immédiatement reconnu le "signe de reconnaissance utilisé par toute l'extrême droite mondiale". »
« Eugénie Bastié commente par deux mots "complotisme chic", et Gilles-William Goldnadel n'en revient pas : "Et l'on nous explique que se serait l'extrême droite qui serait complotante. Ce tweet halluciné vient d'un compte non négligeable. Je n'ose espérer une réaction de Twitter." »
« Nicolas Vanbremeersch a fait HEC, est fondateur de l'agence numérique Spintank et du Tank, "lieu d'initiatives de la société numérique", auteur du livre De la démocratie numérique (Seuil, 2009). Sur France Culture, qui le présente comme un "acteur et observateur de la recomposition de la société par le numérique", il lui arrive, de loin en loin, de délivrer des analyses distanciées pleines de componction, comme c'est de règle sur cette radio. Au début des années 2000, et pendant cinq ans et demi, sous le pseudonyme de Versac, "il a tenu l'un des blogs politiques les plus influents, qui a été fréquenté par trois millions de visiteurs", expliquait, en 2007, Le Monde, qui voyait en lui un "blogueur consciencieux et régulier, appliqué et pédagogue, commentant et décryptant l'actualité politique et économique avec clairvoyance". En 2018, dans le numéro 200 de la revue Le Débat, il a écrit un article intitulé "De quoi les fake news sont-elles le nom ?" (interdit de rire). »
« Ce tweet est riche d'enseignements : une "fake news" délirante et complotiste, dès lors qu'elle ne provient pas de l'extrême droite mais du camp de la raison en col blanc, devient pudiquement une analyse comme une autre (au pire un peu capillotractée). Elle ne fait pousser aucun cri d'orfraie à ceux qui, d'habitude, dégainent la reductio ad complotum plus vite que leur ombre. Ce camp de la raison joue tellement à se faire peur depuis des dizaines d'années qu'il finit par croire à ses propres énormités. »
Des associations s'érigent contre le « contrat d'engagement républicain » qui va leur être imposé. Sans doute y a-t-il matière à le critiquer 'ont intitulé est déjà un problème en soi), mais pas de cette façon-là. Pas sur ce ton. Que des gens vivant aux crochets de la société, sous perfusion publique, s'étonnent qu'on leur demande, en contrepartie, de respecter la loi… Cela en dit long sur la suffisance de leurs dirigeants, et la complaisance dont ils bénéficient généralement de la part des pouvoirs publics.
« Le contrat prévoit notamment que les associations "ne doivent entreprendre ni inciter à aucune action manifestement contraire à la loi". Cet engagement dissuade notamment les actions de désobéissance civile. […] Plus globalement, cette disposition décourage l'organisation, la participation et le soutien à des manifestations – même pacifiques et non violentes – par les associations, dès lors que celles-ci pourraient troubler l'ordre public. […] Cet engagement peut également empêcher les associations de tenir des propos contraires à la loi mais destinés à faire évoluer ou adopter une nouvelle réglementation. Inquiétant pour des associations comme Zero Waste France. […] Si une association décide de mener une action qui ne respecte pas l'un des engagements du contrat, elle risque d'être sanctionnée par l'administration… et de perdre son agrément. […] L'ensemble de ces raisons conduisent Zero Waste France, aux côtés d'autres associations, à demander l'annulation du décret du 31 décembre 2021 devant le Conseil d'État. Elle affirme son opposition à des lois et textes qui pourraient l'empêcher de s'exprimer et de mener à bien ses différentes actions en faveur de la protection de l'environnement. »
« Le contrat prévoit notamment que les associations "ne doivent entreprendre ni inciter à aucune action manifestement contraire à la loi". Cet engagement dissuade notamment les actions de désobéissance civile. […] Plus globalement, cette disposition décourage l'organisation, la participation et le soutien à des manifestations – même pacifiques et non violentes – par les associations, dès lors que celles-ci pourraient troubler l'ordre public. […] Cet engagement peut également empêcher les associations de tenir des propos contraires à la loi mais destinés à faire évoluer ou adopter une nouvelle réglementation. Inquiétant pour des associations comme Zero Waste France. […] Si une association décide de mener une action qui ne respecte pas l'un des engagements du contrat, elle risque d'être sanctionnée par l'administration… et de perdre son agrément. […] L'ensemble de ces raisons conduisent Zero Waste France, aux côtés d'autres associations, à demander l'annulation du décret du 31 décembre 2021 devant le Conseil d'État. Elle affirme son opposition à des lois et textes qui pourraient l'empêcher de s'exprimer et de mener à bien ses différentes actions en faveur de la protection de l'environnement. »
Extrait d'un communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ) publié le 28 février 2022 :
« L'Union européenne et les États membres […] s'apprêtent […] à interdire plusieurs chaînes et sites internet financés par la Russie, désignant notamment ceux de Russia Today (RT), qualifiés de "machines médiatiques" pratiquant une "désinformation toxique". »
« La rédaction de RT France, composée très majoritairement de journalistes professionnels français passés par différents médias, est clairement montrée du doigt. Cette équipe d'une centaine de journalistes est déjà la cible d'insultes intolérables sur les réseaux sociaux ("collabos", "ennemis de l'intérieur", etc.), mais également de menaces physiques. »
« Fort logiquement, le positionnement éditorial de RT France est souvent discuté et contesté (y compris au sein de la chaîne). Son traitement de l'actualité russe, en particulier, a été largement analysé, critiqué, moqué parfois. Mais s'en prendre ainsi à ses salariés est inacceptable. Les intimidations et menaces de représailles n'ont jamais fait avancer la cause de la liberté de la presse. »
« Confondre, sans la moindre nuance, le travail d'une rédaction avec la politique du pays qui la finance est un raccourci dangereux, parfois emprunté pour justifier des violences à l'égard de reporters. C'est faire peu de cas de la conscience professionnelle de ces journalistes, de leur volonté de traiter l'information avec sérieux et honnêteté. »
« En temps de guerre, la tentation est souvent grande de régler ses comptes en s'attaquant à des médias. S'en prendre à des journalistes, les expulser, interdire les chaînes ou les journaux dans lesquels ils travaillent constitue, quelles que soient les intentions affichées, un acte de censure qui réduit le pluralisme de l'information. Ce n'est jamais la bonne réponse. »
« L'Union européenne et les États membres […] s'apprêtent […] à interdire plusieurs chaînes et sites internet financés par la Russie, désignant notamment ceux de Russia Today (RT), qualifiés de "machines médiatiques" pratiquant une "désinformation toxique". »
« La rédaction de RT France, composée très majoritairement de journalistes professionnels français passés par différents médias, est clairement montrée du doigt. Cette équipe d'une centaine de journalistes est déjà la cible d'insultes intolérables sur les réseaux sociaux ("collabos", "ennemis de l'intérieur", etc.), mais également de menaces physiques. »
« Fort logiquement, le positionnement éditorial de RT France est souvent discuté et contesté (y compris au sein de la chaîne). Son traitement de l'actualité russe, en particulier, a été largement analysé, critiqué, moqué parfois. Mais s'en prendre ainsi à ses salariés est inacceptable. Les intimidations et menaces de représailles n'ont jamais fait avancer la cause de la liberté de la presse. »
« Confondre, sans la moindre nuance, le travail d'une rédaction avec la politique du pays qui la finance est un raccourci dangereux, parfois emprunté pour justifier des violences à l'égard de reporters. C'est faire peu de cas de la conscience professionnelle de ces journalistes, de leur volonté de traiter l'information avec sérieux et honnêteté. »
« En temps de guerre, la tentation est souvent grande de régler ses comptes en s'attaquant à des médias. S'en prendre à des journalistes, les expulser, interdire les chaînes ou les journaux dans lesquels ils travaillent constitue, quelles que soient les intentions affichées, un acte de censure qui réduit le pluralisme de l'information. Ce n'est jamais la bonne réponse. »