4242 shaares
4 résultats
taggé
géopolitique
« Tout est parti du terrain. Les envoyés spéciaux, en prise directe avec les Ukrainiens à fleur de peau, ont fait état de cette revendication locale : que les médias occidentaux cessent d'appeler leur ville "Kiev" et qu'on lui préfère "Kyiv", sa forme ukrainienne. De nombreux médias anglophones s'étaient mis à l'adopter ces dernières années. L'agence Associated Press dès la fin août 2019. Puis d'autres ont suivi : le Wall Street Journal, le New York Times, le Guardian… jusqu'à la BBC fin janvier 2022, comme le rappelle L'Obs. »
« Comme souvent à Libé, l'émotion est de la partie. […] C'est le premier média français à le faire. Quelques jours plus tôt, le journal danois Jyllands-Posten, avait également fait le choix de Kyiv, comme le rappellent les correcteurs du Monde. […] Dans les heures qui suivent, d'autres rédactions font le choix de débattre de l'arbitrage entre Kiev et Kyiv. Jeudi 3 mars, Le Figaro annonce que ses "rédacteurs écriront désormais "Kyiv" pour désigner la capitale du pays, [dans] la bouche d'un Ukrainien (interview ou tribune). Dans les autres cas, nous maintiendrons la graphie française "Kiev". »
« Le choix de Libération ne fait pas que des émules. Sitôt annoncé, il suscite des critiques comme celle d'Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques et maîtresse de conférences à l'université de Paris X-Nanterre. Pour elle, l'Ukraine est un pays bilingue. Opter pour l'une ou l'autre graphie, explique-t-elle sur Twitter, c'est "souscrire à la lecture promue par le Kremlin d'une rupture entre russophonie et ukrainophonie». François Héran, professeur au collège de France, accuse le quotidien de sortir de son rôle informatif pour faire ce qu'il a coutume de nommer "la police des mots". À Libé, Michel Becquembois encaisse et répond : "C'est aussi le rôle des journaux de faire bouger les lignes. Nous avons imposé la féminisation des fonctions et elles sont entrées dans la langue courante. Écrire, nommer, ça forge un usage. Nous ne disons pas London, Munchen ou Barcelona. Mais nous faisons une exception pour Kyiv, et nous assumons ce geste éminemment politique". »
« Donneur de leçon, Libé ? L'AFP avait décidé en début d'année d'écrire désormais "Kyiv" pour ses articles en anglais, s'alignant sur "des standards internationaux", mais de conserver "Kiev" en français " transcription alors majoritaire dans les médias et en vigueur à l'ONU", expliquait l'agence dans une dépêche le 1er mars. Reste l'imaginaire collectif. Michel Becquembois taquine : "Le Dynamo de Kyiv, ça, c'est sûr, ça prendra jamais !" »
« Comme souvent à Libé, l'émotion est de la partie. […] C'est le premier média français à le faire. Quelques jours plus tôt, le journal danois Jyllands-Posten, avait également fait le choix de Kyiv, comme le rappellent les correcteurs du Monde. […] Dans les heures qui suivent, d'autres rédactions font le choix de débattre de l'arbitrage entre Kiev et Kyiv. Jeudi 3 mars, Le Figaro annonce que ses "rédacteurs écriront désormais "Kyiv" pour désigner la capitale du pays, [dans] la bouche d'un Ukrainien (interview ou tribune). Dans les autres cas, nous maintiendrons la graphie française "Kiev". »
« Le choix de Libération ne fait pas que des émules. Sitôt annoncé, il suscite des critiques comme celle d'Anna Colin Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques et maîtresse de conférences à l'université de Paris X-Nanterre. Pour elle, l'Ukraine est un pays bilingue. Opter pour l'une ou l'autre graphie, explique-t-elle sur Twitter, c'est "souscrire à la lecture promue par le Kremlin d'une rupture entre russophonie et ukrainophonie». François Héran, professeur au collège de France, accuse le quotidien de sortir de son rôle informatif pour faire ce qu'il a coutume de nommer "la police des mots". À Libé, Michel Becquembois encaisse et répond : "C'est aussi le rôle des journaux de faire bouger les lignes. Nous avons imposé la féminisation des fonctions et elles sont entrées dans la langue courante. Écrire, nommer, ça forge un usage. Nous ne disons pas London, Munchen ou Barcelona. Mais nous faisons une exception pour Kyiv, et nous assumons ce geste éminemment politique". »
« Donneur de leçon, Libé ? L'AFP avait décidé en début d'année d'écrire désormais "Kyiv" pour ses articles en anglais, s'alignant sur "des standards internationaux", mais de conserver "Kiev" en français " transcription alors majoritaire dans les médias et en vigueur à l'ONU", expliquait l'agence dans une dépêche le 1er mars. Reste l'imaginaire collectif. Michel Becquembois taquine : "Le Dynamo de Kyiv, ça, c'est sûr, ça prendra jamais !" »
« Le Poutine de 2022 est largement le résultat, tel un monstre à la Frankenstein, des errements, de la désinvolture et des erreurs occidentales de puis trente ans. Cela dit, je constate qu'il vient de prendre une décision non seulement condamnable mais absurde de son point de vue. »
« C'est un tacticien, mais pas un stratège. La plupart des dirigeants occidentaux pensaient que Poutine agitait la menace d'une agression depuis le début pour, à force de provocations, de menaces, de manœuvres, obtenir que la Russie soit de nouveau reconnue comme un partenaire clé par les États-Unis. Il était sur le point d'obtenir, notamment, grâce au travail de Macron avec l'accord de Biden, une vraie discussion sur la sécurité en Europe. Objectif ambitieux, perturbant pour les Occidentaux, mais pas irrationnel de la part des Russes. Mais l'agression d'hier va bien au-delà de la reconnaissance d'une pseudo-indépendance d'entités que la Russie contrôlait déjà. C'est une erreur historique. »
« La localisation des systèmes antimissiles pour inhiber les systèmes russes au prétexte de contrer les systèmes iraniens, la négociation de l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne, conçue sous influence polonaise pour couper l'Ukraine de la Russie, ont été des erreurs. Puis il y a eu l'engrenage en 2014, qui aurait pu être évité, mais qui a eu lieu et qui a abouti à des sanctions et à une surenchère de Poutine. Je ne suis pas manichéen. Mais ce n'est pas parce qu'on a contribué à créer un monstre qu'il ne faut pas lui résister. »
« C'est un tacticien, mais pas un stratège. La plupart des dirigeants occidentaux pensaient que Poutine agitait la menace d'une agression depuis le début pour, à force de provocations, de menaces, de manœuvres, obtenir que la Russie soit de nouveau reconnue comme un partenaire clé par les États-Unis. Il était sur le point d'obtenir, notamment, grâce au travail de Macron avec l'accord de Biden, une vraie discussion sur la sécurité en Europe. Objectif ambitieux, perturbant pour les Occidentaux, mais pas irrationnel de la part des Russes. Mais l'agression d'hier va bien au-delà de la reconnaissance d'une pseudo-indépendance d'entités que la Russie contrôlait déjà. C'est une erreur historique. »
« La localisation des systèmes antimissiles pour inhiber les systèmes russes au prétexte de contrer les systèmes iraniens, la négociation de l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne, conçue sous influence polonaise pour couper l'Ukraine de la Russie, ont été des erreurs. Puis il y a eu l'engrenage en 2014, qui aurait pu être évité, mais qui a eu lieu et qui a abouti à des sanctions et à une surenchère de Poutine. Je ne suis pas manichéen. Mais ce n'est pas parce qu'on a contribué à créer un monstre qu'il ne faut pas lui résister. »
« Pour le chef d'état-major de la Marine nationale (CEMM), l'amiral Pierre Vandier, il ne "faut pas se tromper de cible" dans cette affaire. C'est en effet ce qu'il a déclaré lors d'une audition à l'Assemblée nationale. »
« "Je vous invite à relire le discours du général de Gaulle, prononcé au lendemain de l'attaque de Mers-el-Kébir", a en effet dit le CEMM aux députés, qui l'interrogeaient sur l'alliance AUKUS, en faisant référence à "l'affreuse canonnade d'Oran", au cours de laquelle la Royal Navy mit hors de combat l'escadre française qui y était basée, le 3 juillet 1940. »
« "En dépit du caractère funeste de cet épisode, au cours duquel près de 1 300 marins français ont été tués alors qu'ils tentaient de contrer l'assaut des Britanniques, le général avait appelé à ne pas se tromper de cible : l'Allemagne demeurait le véritable ennemi de la France. Il convient d'aborder l'AUKUS avec la même prudence", a poursuivi l'amiral Vandier. »
« S'il a estimé que cette affaire était "inacceptable entre alliés", "tant sur le fond que sur la forme", celui-ci a fait valoir qu'elle était néanmoins un "très bon indicateur de la perception de l'accroissement des tensions par de nombreux pays dans la zone indo-pacifique". »
« "Je vous invite à relire le discours du général de Gaulle, prononcé au lendemain de l'attaque de Mers-el-Kébir", a en effet dit le CEMM aux députés, qui l'interrogeaient sur l'alliance AUKUS, en faisant référence à "l'affreuse canonnade d'Oran", au cours de laquelle la Royal Navy mit hors de combat l'escadre française qui y était basée, le 3 juillet 1940. »
« "En dépit du caractère funeste de cet épisode, au cours duquel près de 1 300 marins français ont été tués alors qu'ils tentaient de contrer l'assaut des Britanniques, le général avait appelé à ne pas se tromper de cible : l'Allemagne demeurait le véritable ennemi de la France. Il convient d'aborder l'AUKUS avec la même prudence", a poursuivi l'amiral Vandier. »
« S'il a estimé que cette affaire était "inacceptable entre alliés", "tant sur le fond que sur la forme", celui-ci a fait valoir qu'elle était néanmoins un "très bon indicateur de la perception de l'accroissement des tensions par de nombreux pays dans la zone indo-pacifique". »
« C'est un des nombreux télégrammes diplomatiques révélés par les Wikileaks. Daté de mai 2009, il résume des discussions entre des officiels britanniques et leurs homologues américains, à propos de leur base militaire commune de Diego Garcia, sur l'archipel des Chagos, dans l'océan Indien. Pour la construire, en 1971, le gouvernement britannique a exproprié les Chagossiens. Soutenus par l'État mauricien, où ils ont trouvé refuge, ces derniers ont inlassablement demandé à récupérer leur atoll. Afin de les contrer, en 2009, les Britanniques proposent aux Américains de créer une aire marine protégée. »
« Ils font valoir que l'argument de la protection de l'environnement rendra moins audibles les revendications des pêcheurs chagossiens. Puissante ONG américaine, le Pew Charitable Trust est d'accord pour "financer une campagne de relations publiques supportant cette idée", écrit Londres. Un officiel britannique souligne que "le lobby environnemental au Royaume-Uni est beaucoup plus influent que les avocats des Chagossiens". Et de citer en exemple la réussite des sanctuaires marins de Papahanaumokuakea et des îles Marianne, qui limitent les activités civiles autour des bases US d'Hawaii et de Guam. »
« "Les nations qui portent des revendications dans le domaine des frontières maritimes utilisent systématiquement l'argument de la protection de la nature", admettait en 2015 le député Paul Giacobbi, président de l'Agence des aires marines protégées, devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Il citait la création d'un parc national aux îles Malouines par le Royaume-Uni, "certainement pas motivée uniquement par des enjeux de protection de la nature". »
« Ils font valoir que l'argument de la protection de l'environnement rendra moins audibles les revendications des pêcheurs chagossiens. Puissante ONG américaine, le Pew Charitable Trust est d'accord pour "financer une campagne de relations publiques supportant cette idée", écrit Londres. Un officiel britannique souligne que "le lobby environnemental au Royaume-Uni est beaucoup plus influent que les avocats des Chagossiens". Et de citer en exemple la réussite des sanctuaires marins de Papahanaumokuakea et des îles Marianne, qui limitent les activités civiles autour des bases US d'Hawaii et de Guam. »
« "Les nations qui portent des revendications dans le domaine des frontières maritimes utilisent systématiquement l'argument de la protection de la nature", admettait en 2015 le député Paul Giacobbi, président de l'Agence des aires marines protégées, devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Il citait la création d'un parc national aux îles Malouines par le Royaume-Uni, "certainement pas motivée uniquement par des enjeux de protection de la nature". »