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« Le dernier livre de Daniel Chirot montre brillamment, à travers de multiples exemples historiques – la Révolution française comme cas archétypal, mais aussi les révolutions marxistes russe et chinoise, la montée du nazisme, la révolution iranienne et quelques autres –, que les utopies politiques radicales mènent presque inexorablement à des catastrophes, à la dictature et à des massacres de masse. »
« Ces faits sont aujourd'hui bien connus. L'intérêt du livre de Daniel Chirot n'est pas d'en raconter à nouveau l'histoire, mais de montrer que ces errements dramatiques à partir d'un modèle supposément idéal, ne sont pas des dérives mais ont un caractère systémique. »
« Daniel Chirot montre, exemples historiques à l'appui, que les élites révolutionnaires, au moins au début, croient dans leur projet messianique. Elles ne sont pas cyniques et c'est ce qui les rend d'autant plus dangereuses. Les Khmers rouges avaient un projet délirant d'une société agraire idéale et étaient convaincus de sa justesse ce qui les a conduit à mettre en œuvre une émigration forcée des populations urbaines qui a occasionné à peu près de deux millions de morts, un quart de la population totale du pays. »
« Un des enseignements du livre de Chirot est également que les libéraux ou les conservateurs qui ont fait alliance avec les révolutionnaires en pensant pouvoir les contrôler ont toujours fini par être éliminés. »
« Pour se prémunir contre le risque des utopies politiques radicales, il faut, dit Daniel Chirot, lire les ouvrages de leurs promoteurs et les prendre au sérieux. Ces derniers annoncent le plus souvent explicitement ce qu'ils comptent faire, comme l'a fait Hitler dans Mein Kampf publié en 1925. Le tort des démocrates et des modérés est bien souvent de ne pas prendre les extrémistes au sérieux. »
« Le "grand bond en avant" de Mao est un autre exemple de folie révolutionnaire ayant conduit à la mort des millions de personnes. Mao "était convaincu qu'un engagement idéologique indéfectible en faveur de sa propre version de la théorie marxiste pouvait venir à bout […] des obstacles naturels et humains limitant le production agricole". Pour arriver à ce but Mao détruisit les liens familiaux traditionnels – les enfants furent séparés de leurs parents, les familles dispersées – au profit de lieux de vie collectifs, les communes populaires. Comme l'idéologie devait faire plier la réalité, des objectifs de production inatteignables furent assignés aux communes populaires. Les cadres locaux, craignant eux-mêmes pour leur vie, s'efforçaient de satisfaire aux quotas de production, au détriment des populations locales qui mourraient de faim. Le désastre fut complet et se solda par plusieurs dizaines de millions de mort de malnutrition et de famine. »
« Si les idéalistes révolutionnaires ont foi dans leur programme radical, cette foi finit néanmoins par s'éroder et par disparaître complètement, chez eux ou chez leurs successeurs. La corruption finit alors par s'installer tandis que les institutions répressives se maintiennent et se renforcent. »
« Quelles leçons tirer pour aujourd'hui du vaste panorama historique des utopies révolutionnaires que livre Daniel Chirot ? L'auteur en propose lui-même plusieurs dans la conclusion de son ouvrage en mettant notamment en garde contre la tentation "de croire que ce qui nous semble extrémiste n'est guère qu'une exagération opportuniste". "C'est encore vrai aujourd'hui", poursuit-il. "Il suffit de scruter attentivement ce que les leaders politiques du moment écrivent ou déclarent : si leurs propos semblent excessifs, il ne faut jamais y voir une simple gesticulation politique sans conséquence, mais partir au contraire du principe que tout encouragement à la violence laisse entrevoir ce que sera la réalité de leur politique." »
« On peut en évoquer une autre leçon pour aujourd'hui dont il ne parle pas. […] La nouvelle utopie qui émerge est l'utopie écologiste. Elle est séduisante, car comme les doctrines socialistes autrefois avec la question sociale, elle repose sur des faits avérés concernant l'environnement et la nature. […] Pour peu que des prêtres émergent pour célébrer ce culte et faire respecter ses lois, on risque fort de se trouver sous la domination de nouveaux dictateurs ou du moins sous la férule d'une société autoritaire. Il faut donc suivre le conseil de Daniel Chirot et lire attentivement ce que disent et annoncent les nouveaux prêtres les plus fervents de l'écologie profonde, pour au besoin s'en prémunir. »
« Ces faits sont aujourd'hui bien connus. L'intérêt du livre de Daniel Chirot n'est pas d'en raconter à nouveau l'histoire, mais de montrer que ces errements dramatiques à partir d'un modèle supposément idéal, ne sont pas des dérives mais ont un caractère systémique. »
« Daniel Chirot montre, exemples historiques à l'appui, que les élites révolutionnaires, au moins au début, croient dans leur projet messianique. Elles ne sont pas cyniques et c'est ce qui les rend d'autant plus dangereuses. Les Khmers rouges avaient un projet délirant d'une société agraire idéale et étaient convaincus de sa justesse ce qui les a conduit à mettre en œuvre une émigration forcée des populations urbaines qui a occasionné à peu près de deux millions de morts, un quart de la population totale du pays. »
« Un des enseignements du livre de Chirot est également que les libéraux ou les conservateurs qui ont fait alliance avec les révolutionnaires en pensant pouvoir les contrôler ont toujours fini par être éliminés. »
« Pour se prémunir contre le risque des utopies politiques radicales, il faut, dit Daniel Chirot, lire les ouvrages de leurs promoteurs et les prendre au sérieux. Ces derniers annoncent le plus souvent explicitement ce qu'ils comptent faire, comme l'a fait Hitler dans Mein Kampf publié en 1925. Le tort des démocrates et des modérés est bien souvent de ne pas prendre les extrémistes au sérieux. »
« Le "grand bond en avant" de Mao est un autre exemple de folie révolutionnaire ayant conduit à la mort des millions de personnes. Mao "était convaincu qu'un engagement idéologique indéfectible en faveur de sa propre version de la théorie marxiste pouvait venir à bout […] des obstacles naturels et humains limitant le production agricole". Pour arriver à ce but Mao détruisit les liens familiaux traditionnels – les enfants furent séparés de leurs parents, les familles dispersées – au profit de lieux de vie collectifs, les communes populaires. Comme l'idéologie devait faire plier la réalité, des objectifs de production inatteignables furent assignés aux communes populaires. Les cadres locaux, craignant eux-mêmes pour leur vie, s'efforçaient de satisfaire aux quotas de production, au détriment des populations locales qui mourraient de faim. Le désastre fut complet et se solda par plusieurs dizaines de millions de mort de malnutrition et de famine. »
« Si les idéalistes révolutionnaires ont foi dans leur programme radical, cette foi finit néanmoins par s'éroder et par disparaître complètement, chez eux ou chez leurs successeurs. La corruption finit alors par s'installer tandis que les institutions répressives se maintiennent et se renforcent. »
« Quelles leçons tirer pour aujourd'hui du vaste panorama historique des utopies révolutionnaires que livre Daniel Chirot ? L'auteur en propose lui-même plusieurs dans la conclusion de son ouvrage en mettant notamment en garde contre la tentation "de croire que ce qui nous semble extrémiste n'est guère qu'une exagération opportuniste". "C'est encore vrai aujourd'hui", poursuit-il. "Il suffit de scruter attentivement ce que les leaders politiques du moment écrivent ou déclarent : si leurs propos semblent excessifs, il ne faut jamais y voir une simple gesticulation politique sans conséquence, mais partir au contraire du principe que tout encouragement à la violence laisse entrevoir ce que sera la réalité de leur politique." »
« On peut en évoquer une autre leçon pour aujourd'hui dont il ne parle pas. […] La nouvelle utopie qui émerge est l'utopie écologiste. Elle est séduisante, car comme les doctrines socialistes autrefois avec la question sociale, elle repose sur des faits avérés concernant l'environnement et la nature. […] Pour peu que des prêtres émergent pour célébrer ce culte et faire respecter ses lois, on risque fort de se trouver sous la domination de nouveaux dictateurs ou du moins sous la férule d'une société autoritaire. Il faut donc suivre le conseil de Daniel Chirot et lire attentivement ce que disent et annoncent les nouveaux prêtres les plus fervents de l'écologie profonde, pour au besoin s'en prémunir. »
Des associations s'érigent contre le « contrat d'engagement républicain » qui va leur être imposé. Sans doute y a-t-il matière à le critiquer 'ont intitulé est déjà un problème en soi), mais pas de cette façon-là. Pas sur ce ton. Que des gens vivant aux crochets de la société, sous perfusion publique, s'étonnent qu'on leur demande, en contrepartie, de respecter la loi… Cela en dit long sur la suffisance de leurs dirigeants, et la complaisance dont ils bénéficient généralement de la part des pouvoirs publics.
« Le contrat prévoit notamment que les associations "ne doivent entreprendre ni inciter à aucune action manifestement contraire à la loi". Cet engagement dissuade notamment les actions de désobéissance civile. […] Plus globalement, cette disposition décourage l'organisation, la participation et le soutien à des manifestations – même pacifiques et non violentes – par les associations, dès lors que celles-ci pourraient troubler l'ordre public. […] Cet engagement peut également empêcher les associations de tenir des propos contraires à la loi mais destinés à faire évoluer ou adopter une nouvelle réglementation. Inquiétant pour des associations comme Zero Waste France. […] Si une association décide de mener une action qui ne respecte pas l'un des engagements du contrat, elle risque d'être sanctionnée par l'administration… et de perdre son agrément. […] L'ensemble de ces raisons conduisent Zero Waste France, aux côtés d'autres associations, à demander l'annulation du décret du 31 décembre 2021 devant le Conseil d'État. Elle affirme son opposition à des lois et textes qui pourraient l'empêcher de s'exprimer et de mener à bien ses différentes actions en faveur de la protection de l'environnement. »
« Le contrat prévoit notamment que les associations "ne doivent entreprendre ni inciter à aucune action manifestement contraire à la loi". Cet engagement dissuade notamment les actions de désobéissance civile. […] Plus globalement, cette disposition décourage l'organisation, la participation et le soutien à des manifestations – même pacifiques et non violentes – par les associations, dès lors que celles-ci pourraient troubler l'ordre public. […] Cet engagement peut également empêcher les associations de tenir des propos contraires à la loi mais destinés à faire évoluer ou adopter une nouvelle réglementation. Inquiétant pour des associations comme Zero Waste France. […] Si une association décide de mener une action qui ne respecte pas l'un des engagements du contrat, elle risque d'être sanctionnée par l'administration… et de perdre son agrément. […] L'ensemble de ces raisons conduisent Zero Waste France, aux côtés d'autres associations, à demander l'annulation du décret du 31 décembre 2021 devant le Conseil d'État. Elle affirme son opposition à des lois et textes qui pourraient l'empêcher de s'exprimer et de mener à bien ses différentes actions en faveur de la protection de l'environnement. »
À garder en tête quand on parle d'obsolescence programmée, même si l'article en lien traite d'un sujet qui n'a rien à voir.
« Dans son ouvrage De source sûre (Éditions Payot et Rivages), co-écrit avec Jean-Bruno Renard, la sociologue [Véronique Campion-Vincent] définit la légende urbaine comme "une anecdote de la vie moderne, d'origine anonyme, présentant de multiples variantes, au contenu surprenant mais faux ou douteux, racontée comme vraie et récente dans un milieu social dont elle exprime symboliquement les peurs et les aspirations." »
« Dans son ouvrage De source sûre (Éditions Payot et Rivages), co-écrit avec Jean-Bruno Renard, la sociologue [Véronique Campion-Vincent] définit la légende urbaine comme "une anecdote de la vie moderne, d'origine anonyme, présentant de multiples variantes, au contenu surprenant mais faux ou douteux, racontée comme vraie et récente dans un milieu social dont elle exprime symboliquement les peurs et les aspirations." »
Un sentiment de moins en moins partagé ?
« La démocratie est importante ! Elle est plus importante que ma vie. Si je vais au travail, c'est pour montrer et instaurer un débat dans ce pays. S'il n'y avait pas cet engagement derrière cette émission, je n'y serais pas." "Il faut le débat dans la vie, et aujourd'hui dans la société, on a deux parties, ceux qui veulent le débat et ceux qui le refusent", a déploré la journaliste. Et de poursuivre: "Je suis pour le moment quel qu'il soit, avec qui que ce soit, argument contre argument. Comment peut-on refuser le débat aujourd'hui ?" "Rien ni personne ne m'empêchera de m'engager pour mon pays et pour la démocratie", a-t-elle affirmé. »
« "Il y en a marre dans ce pays d'avoir une infantilisation du Français, du téléspectateurs, des gens qui nous regardent. Ils sont intelligents, proposons leur du débat. Arrêtons de censurer des programmes avant même qu'ils passent à l'antenne.", a fustigé Christine Kelly. »
« La démocratie est importante ! Elle est plus importante que ma vie. Si je vais au travail, c'est pour montrer et instaurer un débat dans ce pays. S'il n'y avait pas cet engagement derrière cette émission, je n'y serais pas." "Il faut le débat dans la vie, et aujourd'hui dans la société, on a deux parties, ceux qui veulent le débat et ceux qui le refusent", a déploré la journaliste. Et de poursuivre: "Je suis pour le moment quel qu'il soit, avec qui que ce soit, argument contre argument. Comment peut-on refuser le débat aujourd'hui ?" "Rien ni personne ne m'empêchera de m'engager pour mon pays et pour la démocratie", a-t-elle affirmé. »
« "Il y en a marre dans ce pays d'avoir une infantilisation du Français, du téléspectateurs, des gens qui nous regardent. Ils sont intelligents, proposons leur du débat. Arrêtons de censurer des programmes avant même qu'ils passent à l'antenne.", a fustigé Christine Kelly. »
Selon Thomas Sowell, « la question la plus fondamentale n'est pas de savoir ce qui est le mieux, mais qui doit décider de ce qui est le mieux ». Et pour y répondre, peut-être faut-il mentionner cette conviction exprimée par Milton Friedman : « Personne ne dépense l'argent d'autrui aussi soigneusement qu'il dépense le sien. Personne n'utilise les ressources de quelqu'un d'autre aussi soigneusement qu'il utilise les siennes. Donc, si vous voulez de l'efficience et de l'efficacité, si vous voulez que les connaissances soient correctement utilisées, vous devez le faire par le biais de la propriété privée. »
« On peut évidemment discuter le diagnostic de Zemmour. On peut aussi considérer que, malgré sa main tendue "aux musulmans qui s'assimilent" […], il sous-estime leur diversité et ne voit pas qu'une petite majorité d'entre eux est en bonne voie d'assimilation. […] Du coup, il prend le risque de heurter beaucoup de gens et d'apparaître comme un adversaire non pas de l'islam politique, mais de la religion musulmane. […] Pour autant, est-il raisonnable d'accuser le crypto-candidat de vouloir expulser (voire pire) tous les musulmans ou fermer toutes les mosquées ? […] Ceux qui dénoncent en boucle "le candidat de la peur" n'ont pas grand-chose d'autre à vendre que la peur de Zemmour. »
« Sur la question des prénoms, sa position n'est pas exempte de critiques. Comme souvent, il refuse de partir de la réalité de la société, méconnaissant que l'individualisme a fait son œuvre et que bien peu de Français accepteraient aujourd'hui que l'État se mêle de prénommer leurs gosses. […] Mais on riposte toujours avec la même méthode. Pour commencer, on nie le problème, puisque, c'est bien connu, les petits-enfants d'immigrés s'appellent tous Nicolas. [...] Ensuite, on travestit ses propositions, puis le téléphone arabe fait le reste. De sorte que, bien qu'il ait formellement affirmé le contraire, de nombreux musulmans sont convaincus qu'il les obligerait à changer de prénom. »
« Il faut enfin s'arrêter sur le sujet sensible de "Zemmour et la question juive", qui a donné lieu à sa passe d'armes avec BHL, mais aussi à la scandaleuse intervention du CRIF dont le président a lancé "Pas une voix juive pour Zemmour", comme si le CRIF était le Parti des juifs. »
« Commençons par l'affaire Pétain, si on peut dire. Non, Zemmour ne réhabilite nullement le régime qui a privé son père de nationalité française, il parle même à son sujet d'ignominie morale. Conformément à son habitus, il n'en analyse pas moins très (trop ?) froidement sa politique. Là encore ses accusateurs sautent comme des cabris : "Le salaud, il dit que Pétain a sauvé des juifs !" Mais ils ne se demandent nullement si c'est vrai, la question même serait criminelle. Faute des connaissances suffisantes, je ne saurais le démentir ni l'approuver, mais Gil Mihaely a eu la bonne idée de demander à Stéphane Amar, notre correspondant en Israël, d'interviewer Alain Michel, le rabbin-historien dont Zemmour reprend les thèses. […] Ses propos, qui vont à l'encontre de certitudes inculquées depuis l'adolescence, ne laissent pas de troubler. Mais n'est-ce pas le propre de toute pensée stimulante ? Rappelons ce qu'écrit Raymond Aron en 1979, dans un article intitulé "Les Juifs, Vichy et Israël", où il critique un livre d'Alfred Fabre-Luce : "Fabre-Luce cite une phrase d'un historien non suspect d'antisémitisme, Léon Poliakov : 'Du sort relativement plus clément des juifs de France, Vichy fut en fait le facteur prépondérant.' On peut discuter l'adjectif prépondérant, pas réfuter les chiffres." Peut-être Raymond Aron se trompe-t-il, mais nos belles âmes résistantes d'aujourd'hui auraient-elles le front de l'accuser d'antisémitisme et de pétainisme ? On ne suivra pas Zemmour, même dans son questionnement, quand il fait de Pétain, signataire du statut des Juifs, un chantre de l'assimilation. Mais pousser le bouchon trop loin ne fait pas de lui un criminel contre l'humanité. Et s'il ébranle nos certitudes, c'est peut-être qu'elles sont fautives. »
« On ne saurait cependant passer sous silence le malaise que provoque le cas Zemmour chez nombre de juifs de France qui ne sont plus vraiment des israélites selon son cœur, ce qui ne les empêche pas d'être pleinement français. […] Si beaucoup partagent son inquiétude, et c'est un faible mot, face à l'islamisation qui en a tué certains et fait partir d'autres, en Israël ou vers des zones moins hostiles que leur banlieue, ils n'ont pas envie de voir ressurgir le soupçon de double allégeance ni de renoncer à l'attachement que beaucoup éprouvent pour Israël, refuge éventuel où la plupart n'iront jamais s'installer. Eh bien, dira-t-on, n'est-ce pas la définition même de la double-allégeance ? Sauf que, d'une part, le souci d'Israël n'emporte nullement la haine de la France et que, d'autre part, l'amour de sa patrie doit, comme celui d'un être cher, souffrir l'ambiguïté et même une certaine dose de contradiction. Or, habité par une conception quasi mathématique de la nation et de l'histoire, Zemmour refuse cette zone grise où les choses ne se démontrent pas mais se ressentent. Ce qui explique son incapacité à prendre en compte les tourments des identités minoritaires (et cela s'applique à nombre de juifs aussi bien qu'à beaucoup de musulmans) comme une partie intégrante de la réalité. Cela ne signifie pas que l'on doive accepter toutes les réclamations qui en découlent, mais qu'il faut les comprendre. »
« Sur la question des prénoms, sa position n'est pas exempte de critiques. Comme souvent, il refuse de partir de la réalité de la société, méconnaissant que l'individualisme a fait son œuvre et que bien peu de Français accepteraient aujourd'hui que l'État se mêle de prénommer leurs gosses. […] Mais on riposte toujours avec la même méthode. Pour commencer, on nie le problème, puisque, c'est bien connu, les petits-enfants d'immigrés s'appellent tous Nicolas. [...] Ensuite, on travestit ses propositions, puis le téléphone arabe fait le reste. De sorte que, bien qu'il ait formellement affirmé le contraire, de nombreux musulmans sont convaincus qu'il les obligerait à changer de prénom. »
« Il faut enfin s'arrêter sur le sujet sensible de "Zemmour et la question juive", qui a donné lieu à sa passe d'armes avec BHL, mais aussi à la scandaleuse intervention du CRIF dont le président a lancé "Pas une voix juive pour Zemmour", comme si le CRIF était le Parti des juifs. »
« Commençons par l'affaire Pétain, si on peut dire. Non, Zemmour ne réhabilite nullement le régime qui a privé son père de nationalité française, il parle même à son sujet d'ignominie morale. Conformément à son habitus, il n'en analyse pas moins très (trop ?) froidement sa politique. Là encore ses accusateurs sautent comme des cabris : "Le salaud, il dit que Pétain a sauvé des juifs !" Mais ils ne se demandent nullement si c'est vrai, la question même serait criminelle. Faute des connaissances suffisantes, je ne saurais le démentir ni l'approuver, mais Gil Mihaely a eu la bonne idée de demander à Stéphane Amar, notre correspondant en Israël, d'interviewer Alain Michel, le rabbin-historien dont Zemmour reprend les thèses. […] Ses propos, qui vont à l'encontre de certitudes inculquées depuis l'adolescence, ne laissent pas de troubler. Mais n'est-ce pas le propre de toute pensée stimulante ? Rappelons ce qu'écrit Raymond Aron en 1979, dans un article intitulé "Les Juifs, Vichy et Israël", où il critique un livre d'Alfred Fabre-Luce : "Fabre-Luce cite une phrase d'un historien non suspect d'antisémitisme, Léon Poliakov : 'Du sort relativement plus clément des juifs de France, Vichy fut en fait le facteur prépondérant.' On peut discuter l'adjectif prépondérant, pas réfuter les chiffres." Peut-être Raymond Aron se trompe-t-il, mais nos belles âmes résistantes d'aujourd'hui auraient-elles le front de l'accuser d'antisémitisme et de pétainisme ? On ne suivra pas Zemmour, même dans son questionnement, quand il fait de Pétain, signataire du statut des Juifs, un chantre de l'assimilation. Mais pousser le bouchon trop loin ne fait pas de lui un criminel contre l'humanité. Et s'il ébranle nos certitudes, c'est peut-être qu'elles sont fautives. »
« On ne saurait cependant passer sous silence le malaise que provoque le cas Zemmour chez nombre de juifs de France qui ne sont plus vraiment des israélites selon son cœur, ce qui ne les empêche pas d'être pleinement français. […] Si beaucoup partagent son inquiétude, et c'est un faible mot, face à l'islamisation qui en a tué certains et fait partir d'autres, en Israël ou vers des zones moins hostiles que leur banlieue, ils n'ont pas envie de voir ressurgir le soupçon de double allégeance ni de renoncer à l'attachement que beaucoup éprouvent pour Israël, refuge éventuel où la plupart n'iront jamais s'installer. Eh bien, dira-t-on, n'est-ce pas la définition même de la double-allégeance ? Sauf que, d'une part, le souci d'Israël n'emporte nullement la haine de la France et que, d'autre part, l'amour de sa patrie doit, comme celui d'un être cher, souffrir l'ambiguïté et même une certaine dose de contradiction. Or, habité par une conception quasi mathématique de la nation et de l'histoire, Zemmour refuse cette zone grise où les choses ne se démontrent pas mais se ressentent. Ce qui explique son incapacité à prendre en compte les tourments des identités minoritaires (et cela s'applique à nombre de juifs aussi bien qu'à beaucoup de musulmans) comme une partie intégrante de la réalité. Cela ne signifie pas que l'on doive accepter toutes les réclamations qui en découlent, mais qu'il faut les comprendre. »
« Un dirigeant doit-il s'excuser ? Si on le pense, c'est qu'on confond la politique avec la politesse. En dépit de leur ressemblance, elles n'ont rien à voir : la seconde concerne le "lisse" (politus en latin), puisqu'elle vise à polir les mœurs ; la première désigne la cité (polis en grec) et recherche, pour elle, la paix, la puissance et la prospérité. Sans doute est-il bon que le politique soit poli, mais il n'est certainement pas élu pour l'être. Sans doute la pratique de l'excuse rend-t-elle le gouvernant plus proche, plus accessible, plus humain – ce qui va bien avec l'esprit des temps démocratiques – , mais qu'est-ce qu'un élu qui s'excuse, sinon un élu qui a failli ? Et s'il a failli pourquoi resterait-il en poste ? La seule manière pour lui de s'excuser, c'est de démissionner. »
« Je ne veux pas dire qu'un responsable politique ne doit pas admettre des erreurs ou des mauvais choix : il doit le faire si cela apaise et renforce, bref si c'est un acte de politique et non de contrition – ; mais je veux surtout dire qu'un citoyen a le devoir de comprendre que la décision politique ne se fait jamais entre une bonne et une mauvaise option : elle tranche entre une mauvaise et une pire. C'est pour cela qu'elle déçoit toujours. "Rien ne marque tant le jugement solide d'un homme que de savoir choisir entre les grands inconvénients", écrivait le Cardinal de Retz dans ses Mémoires. Et Churchill ajoutait : "Le plus dur c'est de prendre des décisions quand un tiers des informations dont vous disposez sont incomplètes, un tiers sont contradictoires, un tiers sont fausses". Alors à qui faudrait-il demander pardon ? Au réel ? »
« Je ne veux pas dire qu'un responsable politique ne doit pas admettre des erreurs ou des mauvais choix : il doit le faire si cela apaise et renforce, bref si c'est un acte de politique et non de contrition – ; mais je veux surtout dire qu'un citoyen a le devoir de comprendre que la décision politique ne se fait jamais entre une bonne et une mauvaise option : elle tranche entre une mauvaise et une pire. C'est pour cela qu'elle déçoit toujours. "Rien ne marque tant le jugement solide d'un homme que de savoir choisir entre les grands inconvénients", écrivait le Cardinal de Retz dans ses Mémoires. Et Churchill ajoutait : "Le plus dur c'est de prendre des décisions quand un tiers des informations dont vous disposez sont incomplètes, un tiers sont contradictoires, un tiers sont fausses". Alors à qui faudrait-il demander pardon ? Au réel ? »
« Dans les années 2010, le web changea drastiquement. On se mit à concevoir de véritables logiciels accessibles depuis le navigateur. […] Des plates-formes de plus en plus fragiles par leur taille et critiques par leurs usages. De ces problématiques naquit le micro-service, une architecture logicielle qui n'a rien à envier aux théories libérales. […] Par exemple, un site marchand d'un seul bloc se retrouve découpé en micro plateformes indépendantes. Un micro-service qui gère le catalogue, un qui gère le panier utilisateur, un qui gère le paiement, un qui gère le suivit de la commande, etc. »
« Ce fut déjà une révolution, mais un verrou freinait encore la résilience. Les micro-services envoyaient des ordres aux autres micro-services, créant une chaîne de commandement trop rigide face aux aléas. La solution fut de ne plus envoyer des ordres, mais des événements.é
« Avec un ordre, chaque micro-service doit avoir un plan global de la plate-forme pour savoir qui doit recevoir l'ordre, et savoir que faire si l'ordre n'est pas exécuté correctement. Un événement évite les problèmes, vous le propagez à toute la plate(forme, chaque micro-service décide ce qu'il en fait. […] La nature n'appelle pas les arbres un par un pour ordonner la floraison. Elle fait monter la température et l'ensoleillement. Chaque arbre réagit à ces événements selon ses caractéristiques. Il n'y a que les humains pour affectionner les systèmes hiérarchiques top-bottom… Chaque micro-service devient autonome, il est maître de son domaine et réagit aux signaux externes. […] Les théories libérales appliquées à l'informatique. »
« Ce fut déjà une révolution, mais un verrou freinait encore la résilience. Les micro-services envoyaient des ordres aux autres micro-services, créant une chaîne de commandement trop rigide face aux aléas. La solution fut de ne plus envoyer des ordres, mais des événements.é
« Avec un ordre, chaque micro-service doit avoir un plan global de la plate-forme pour savoir qui doit recevoir l'ordre, et savoir que faire si l'ordre n'est pas exécuté correctement. Un événement évite les problèmes, vous le propagez à toute la plate(forme, chaque micro-service décide ce qu'il en fait. […] La nature n'appelle pas les arbres un par un pour ordonner la floraison. Elle fait monter la température et l'ensoleillement. Chaque arbre réagit à ces événements selon ses caractéristiques. Il n'y a que les humains pour affectionner les systèmes hiérarchiques top-bottom… Chaque micro-service devient autonome, il est maître de son domaine et réagit aux signaux externes. […] Les théories libérales appliquées à l'informatique. »
« Dans ma revue de l'excellent livre Democracy for Realists, j'expliquais que les attentes envers la démocratie sont beaucoup trop élevées. […] Dans le livre 10 % Less Democracy, l'économiste Garett Jones aborde le problème sous un autre angle. L'idée centrale du livre est que dans la plupart des pays développés, la démocratie est allée trop loin. Il défend l'opinion que les politiciens élus et les citoyens qui votent pour eux devraient être tenus un peu plus éloignés des leviers du pouvoir en faveur de technocrates de carrière. Autrement dit, Jones préfère des bureaucrates indépendants et non-élus et souhaite que soit rallongé le mandat des élus. »
« Pour qu'une démocratie fonctionne bien, il faut que les électeurs soient bien informés. Par contre, le vote de ces derniers a le même poids que celui des électeurs les moins informés. Jones souhaiterait faire pencher un petit peu plus la balance du côté des électeurs mieux informés. […] L'autre moyen de donner davantage de poids aux élites dans la gestion du gouvernement est d'avoir une chambre haute au Parlement qui approuve les lois. La House of Lords au Royaume-Uni et le Sénat au Canada permettent d'attribuer davantage de pouvoir et une influence concrète sur le gouvernement à une certaine élite non élue. Selon Jones, ce concept devrait être renforcé. »
« Jones fait remarquer que dans certains pays, le dirigeant de la banque centrale conserve une certaine indépendance du gouvernement, alors que dans d'autres pays l'influence du gouvernement sur la politique monétaire est prépondérante. »
« On peut être en désaccord avec la manière d'opérer de la Federal Reserve ou de la Banque centrale européenne, mais il n'en demeure pas moins que l'inflation a été historiquement beaucoup plus faible dans les pays où la banque centrale est plus indépendante du gouvernement, que dans ceux où le gouvernement a le contrôle de la planche à billets. […]
Jones en conclut que la structure plutôt anti-démocratique de certaines banques centrales favorise de meilleures politiques économiques. »
« Selon Jones, Singapour a moitié moins de démocratie que les pays Occidentaux, ce qui est peut-être un peu trop extrême. Cependant, ce pays présente deux atouts importants lui permettant de bien fonctionner : des citoyens parmi les plus éduqués au monde et un système judiciaire considéré comme très indépendant par des organismes tels que le World Justice Project et la Banque Mondiale (Rule of Law Index). Donc Jones ne recommande pas un système comme Singapour du fait de son déficit de démocratie. Il préconise seulement un petit pas dans cette direction afin d'atteindre le seuil de 10 % de démocratie en moins. »
« Pour qu'une démocratie fonctionne bien, il faut que les électeurs soient bien informés. Par contre, le vote de ces derniers a le même poids que celui des électeurs les moins informés. Jones souhaiterait faire pencher un petit peu plus la balance du côté des électeurs mieux informés. […] L'autre moyen de donner davantage de poids aux élites dans la gestion du gouvernement est d'avoir une chambre haute au Parlement qui approuve les lois. La House of Lords au Royaume-Uni et le Sénat au Canada permettent d'attribuer davantage de pouvoir et une influence concrète sur le gouvernement à une certaine élite non élue. Selon Jones, ce concept devrait être renforcé. »
« Jones fait remarquer que dans certains pays, le dirigeant de la banque centrale conserve une certaine indépendance du gouvernement, alors que dans d'autres pays l'influence du gouvernement sur la politique monétaire est prépondérante. »
« On peut être en désaccord avec la manière d'opérer de la Federal Reserve ou de la Banque centrale européenne, mais il n'en demeure pas moins que l'inflation a été historiquement beaucoup plus faible dans les pays où la banque centrale est plus indépendante du gouvernement, que dans ceux où le gouvernement a le contrôle de la planche à billets. […]
Jones en conclut que la structure plutôt anti-démocratique de certaines banques centrales favorise de meilleures politiques économiques. »
« Selon Jones, Singapour a moitié moins de démocratie que les pays Occidentaux, ce qui est peut-être un peu trop extrême. Cependant, ce pays présente deux atouts importants lui permettant de bien fonctionner : des citoyens parmi les plus éduqués au monde et un système judiciaire considéré comme très indépendant par des organismes tels que le World Justice Project et la Banque Mondiale (Rule of Law Index). Donc Jones ne recommande pas un système comme Singapour du fait de son déficit de démocratie. Il préconise seulement un petit pas dans cette direction afin d'atteindre le seuil de 10 % de démocratie en moins. »
Contribution au débat : « Si celui qui décide librement de protéger les autres sans y être moralement ou légalement obligé peut être félicité pour sa bonté, il n'en est rien de celui qui use de la violence (ou simplement, qui collabore avec lui) pour imposer une contrainte inique aux autres, aussi bonnes que soient ses intentions. »
Illustration commentée dans l'article : « Vous vous réveillez un matin alité aux côtés d'un célèbre violoniste inconscient. Il souffre d'une maladie rénale mortelle. La Society of Music Lovers a examiné tous les dossiers médicaux disponibles et a conclu que vous seul aviez un groupe sanguin compatible avec le sien. Vous avez donc été kidnappé, et hier soir vos deux systèmes circulatoires ont été reliés afin que vos reins puissent éliminer les déchets toxiques de son sang. Le directeur de l'hôpital vous dit : "Écoutez, nous sommes désolés que la Society of Music Lovers vous ait fait subir ça – nous ne l'aurions jamais permis si nous l'avions su. Mais c'est fait, et le violoniste est maintenant branché sur vous. Débrancher le tuerait. Mais tant pis, ce n'est que pour neuf mois. D'ici là, il sera guéri et pourra être débranché de vous en toute sécurité." Thomson avance qu'il serait indéniablement très aimable de consentir à rester branché neuf mois au violoniste… Mais qu'il ne s'agit pas pour autant d'un devoir moral. »
Illustration commentée dans l'article : « Vous vous réveillez un matin alité aux côtés d'un célèbre violoniste inconscient. Il souffre d'une maladie rénale mortelle. La Society of Music Lovers a examiné tous les dossiers médicaux disponibles et a conclu que vous seul aviez un groupe sanguin compatible avec le sien. Vous avez donc été kidnappé, et hier soir vos deux systèmes circulatoires ont été reliés afin que vos reins puissent éliminer les déchets toxiques de son sang. Le directeur de l'hôpital vous dit : "Écoutez, nous sommes désolés que la Society of Music Lovers vous ait fait subir ça – nous ne l'aurions jamais permis si nous l'avions su. Mais c'est fait, et le violoniste est maintenant branché sur vous. Débrancher le tuerait. Mais tant pis, ce n'est que pour neuf mois. D'ici là, il sera guéri et pourra être débranché de vous en toute sécurité." Thomson avance qu'il serait indéniablement très aimable de consentir à rester branché neuf mois au violoniste… Mais qu'il ne s'agit pas pour autant d'un devoir moral. »
Selon Mike Lee, sénateur républicain de l'Utah : « Notre objectif n'est pas la démocratie, mais la liberté, la paix et la prospérité. Nous cherchons l'épanouissement de la condition humaine. L'excès de démocratie peut contrecarrer cet objectif. »
Lequel comporte, entre autres, une dimension… féministe.
Les explications de Gilles Boin, avocat.
« Pendant le confinement, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a publié la nouvelle version de sa recommandation "développement durable" applicable à compter du 1er août 2020. Ce document est important en France car il rappelle que le développement durable comporte trois piliers : environnemental, économique et social. Ce n'est pas le cas dans d'autre pays. Les allégations "sustainable development" venant de l'étranger ne peuvent donc pas être traduites telles quelles pour la France, si la démarche mise en avant dans la communication ne comporte pas cette triple dimension. Trois nouveautés méritent d'être relevées. »
« La première est que l'ARPP fait désormais référence aux dix-sept principes de développement durable de l'ONUD et non plus à la Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015–2020. Des objectifs comme l'autonomie des femmes et des filles, l'emploi des jeunes, ou les mobilités douces urbaines sont désormais intégrés à la notion de développement durable. La deuxième est que la publicité doit tenir compte des principes de l'économie circulaire et ne pas inciter à la mise au rebut ou à la destruction sans tenir compte de la durabilité du produit, de sa réutilisation ou de sa seconde vie. Le champ d'application de la recommandation a été remanié pour rappeler que le respect du développement durable doit être pris en compte dans la publicité, même si elle n'y fait pas expressément référence. Plus que jamais, la publicité doit être "sustainable by design". La troisième nouveauté concerne la justification des allégations. Il faut être en mesure d'apporter des éléments "objectifs, fiables, véridiques et vérifiables" au soutien de son allégation, et non plus seulement des éléments "sérieux, objectifs et vérifiables". »
« Ces éléments doivent être "transmissibles". Petits changements sémantiques, mais grande portée. Le message est clair : construisez solidement vos allégations écologiques ! »
Les explications de Gilles Boin, avocat.
« Pendant le confinement, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) a publié la nouvelle version de sa recommandation "développement durable" applicable à compter du 1er août 2020. Ce document est important en France car il rappelle que le développement durable comporte trois piliers : environnemental, économique et social. Ce n'est pas le cas dans d'autre pays. Les allégations "sustainable development" venant de l'étranger ne peuvent donc pas être traduites telles quelles pour la France, si la démarche mise en avant dans la communication ne comporte pas cette triple dimension. Trois nouveautés méritent d'être relevées. »
« La première est que l'ARPP fait désormais référence aux dix-sept principes de développement durable de l'ONUD et non plus à la Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015–2020. Des objectifs comme l'autonomie des femmes et des filles, l'emploi des jeunes, ou les mobilités douces urbaines sont désormais intégrés à la notion de développement durable. La deuxième est que la publicité doit tenir compte des principes de l'économie circulaire et ne pas inciter à la mise au rebut ou à la destruction sans tenir compte de la durabilité du produit, de sa réutilisation ou de sa seconde vie. Le champ d'application de la recommandation a été remanié pour rappeler que le respect du développement durable doit être pris en compte dans la publicité, même si elle n'y fait pas expressément référence. Plus que jamais, la publicité doit être "sustainable by design". La troisième nouveauté concerne la justification des allégations. Il faut être en mesure d'apporter des éléments "objectifs, fiables, véridiques et vérifiables" au soutien de son allégation, et non plus seulement des éléments "sérieux, objectifs et vérifiables". »
« Ces éléments doivent être "transmissibles". Petits changements sémantiques, mais grande portée. Le message est clair : construisez solidement vos allégations écologiques ! »
« À ce stade, le Covid-19 est une épidémie assez peu grave, mesurée à l'aune des grandes épidémies que l'humanité a pu connaître et même simplement à l'aune des causes de mortalité en général. Ce qui a dicté notre réaction extrême, consistant à enfermer chez elles autoritairement et pour une durée indéterminée des dizaines de millions de personnes, n'est pas la dangerosité du Covid-19, mais notre rapport à la maladie et à la médecine. Ce qui a changé, par rapport aux épidémies des siècles précédents, c'est que nous avons perdu l'habitude de mourir des maladies infectieuses. »
« Nous nous sommes affolés lorsque nous nous sommes rendus compte que le nombre de cas graves allait dépasser notre capacité de les traiter. Ce qui nous est apparu comme insupportable, c'est l'idée de mourir alors que la médecine aurait pu nous sauver, c'est la perspective de voir les médecins trier parmi les malades ceux qu'ils essayeraient de soigner. Bref, notre affolement est avant tout le résultat des progrès de la médecine et du fait que ces progrès, pour admirables qu'ils soient, nous désapprennent à mourir et érodent notre courage. Plus précisément, puisque la décision du confinement appartient au Gouvernement, le Gouvernement a pensé qu'il serait tenu pour responsable de tous les décès "évitables", de tous les gens qui seraient morts du Covid-19 parce que les services de réanimation n'auraient pas pu les prendre en charge. »
« Brusquement, toute la vie de la nation s'est mise à tourner autour des services de réanimation de nos hôpitaux, l'objectif suprême et éclipsant tous les autres est devenu d'éviter leur saturation. Ce qui est compréhensible, peut-être, mais pas raisonnable. […] Il est normal, il est bon que les médecins répugnent à l'idée de laisser mourir des gens qu'ils auraient pu sauver "s'il avaient eu plus de moyens". Mais il est anormal que les responsables politiques se mettent à raisonner comme des médecins et se laissent obnubiler par une seule chose : les "vies qui auraient pu être sauvées". Une telle manière de prendre des décisions est d'autant plus absurde qu'il y a et il y aura toujours des gens qui auraient pu être sauvés par la médecine "avec plus de moyens". Il y a et il y aura toujours des gens qui mourront "à cause des choix budgétaires", parce qu'il y aura toujours des choix budgétaires à faire. Les "besoins" (c'est-à-dire en fait les désirs, et en l'occurrence notre désir de vivre) sont illimités et les ressources limitées, telle est la loi d'airain de la condition humaine. En fait, chaque vote du budget de la nation peut être considéré comme une condamnation à mort pour un certain nombre de malades, présents ou futurs, car chaque vote du budget opère des arbitrages entre les différents biens que nous essayons de nous procurer avec nos ressources limitées, parmi lesquels la santé. La vraie différence avec la situation actuelle, c'est que d'habitude ces choix sont implicites. »
« Il est d'autant moins rationnel de se laisser obnubiler par les ressources actuelles des services de santé que, même si nous raisonnons en termes d'espérance de vie, même si nous considérons que la survie est un bien qui devrait avoir priorité sur tous les autres, la médecine n'est pas forcément la chose la plus importante. […] L'économie, c'est aussi "des vies". Le confinement induira une récession, et une récession ce sont des années de vies en moins pour un nombre indéterminé de personnes par la dégradation de leurs conditions de vie. Une récession aujourd'hui ce sont des ressources en moins demain, car même si le gouvernement ouvre actuellement en grand le robinet du déficit et de la dette, l'argent gratuit n'existe pas, tout finit par se payer. Donc ce seront des ressources en moins aussi pour financer toutes sortes d'investissements qui auraient pu "sauver des vies", y compris bien sûr des investissements dans le système de santé. »
« Nous nous sommes affolés lorsque nous nous sommes rendus compte que le nombre de cas graves allait dépasser notre capacité de les traiter. Ce qui nous est apparu comme insupportable, c'est l'idée de mourir alors que la médecine aurait pu nous sauver, c'est la perspective de voir les médecins trier parmi les malades ceux qu'ils essayeraient de soigner. Bref, notre affolement est avant tout le résultat des progrès de la médecine et du fait que ces progrès, pour admirables qu'ils soient, nous désapprennent à mourir et érodent notre courage. Plus précisément, puisque la décision du confinement appartient au Gouvernement, le Gouvernement a pensé qu'il serait tenu pour responsable de tous les décès "évitables", de tous les gens qui seraient morts du Covid-19 parce que les services de réanimation n'auraient pas pu les prendre en charge. »
« Brusquement, toute la vie de la nation s'est mise à tourner autour des services de réanimation de nos hôpitaux, l'objectif suprême et éclipsant tous les autres est devenu d'éviter leur saturation. Ce qui est compréhensible, peut-être, mais pas raisonnable. […] Il est normal, il est bon que les médecins répugnent à l'idée de laisser mourir des gens qu'ils auraient pu sauver "s'il avaient eu plus de moyens". Mais il est anormal que les responsables politiques se mettent à raisonner comme des médecins et se laissent obnubiler par une seule chose : les "vies qui auraient pu être sauvées". Une telle manière de prendre des décisions est d'autant plus absurde qu'il y a et il y aura toujours des gens qui auraient pu être sauvés par la médecine "avec plus de moyens". Il y a et il y aura toujours des gens qui mourront "à cause des choix budgétaires", parce qu'il y aura toujours des choix budgétaires à faire. Les "besoins" (c'est-à-dire en fait les désirs, et en l'occurrence notre désir de vivre) sont illimités et les ressources limitées, telle est la loi d'airain de la condition humaine. En fait, chaque vote du budget de la nation peut être considéré comme une condamnation à mort pour un certain nombre de malades, présents ou futurs, car chaque vote du budget opère des arbitrages entre les différents biens que nous essayons de nous procurer avec nos ressources limitées, parmi lesquels la santé. La vraie différence avec la situation actuelle, c'est que d'habitude ces choix sont implicites. »
« Il est d'autant moins rationnel de se laisser obnubiler par les ressources actuelles des services de santé que, même si nous raisonnons en termes d'espérance de vie, même si nous considérons que la survie est un bien qui devrait avoir priorité sur tous les autres, la médecine n'est pas forcément la chose la plus importante. […] L'économie, c'est aussi "des vies". Le confinement induira une récession, et une récession ce sont des années de vies en moins pour un nombre indéterminé de personnes par la dégradation de leurs conditions de vie. Une récession aujourd'hui ce sont des ressources en moins demain, car même si le gouvernement ouvre actuellement en grand le robinet du déficit et de la dette, l'argent gratuit n'existe pas, tout finit par se payer. Donc ce seront des ressources en moins aussi pour financer toutes sortes d'investissements qui auraient pu "sauver des vies", y compris bien sûr des investissements dans le système de santé. »
Extrait d'un entretien avec Olivier Dard, où sont également cités le colonel Rémy et Pierre de Bénouville.
Salazar a-t-il été formé à l'école de Maurras ? La question lui a été posée. « Salazar n'esquive pas mais précise les choses : "J'ai lu les livres politiques de Maurras ; ils séduisent par la clarté, par la logique de la construction… si on en admet les prémices. Mais entre les admirateurs inconditionnels du doctrinaire français et moi, il y a une différence, disons d'attitude, qui a une influence dominante dans le champ de l'action." En réalité, Salazar ne partage pas le primat maurrassien du "politique d'abord". Salazar explique ainsi que Maurras lui a permis de rééquilibrer la place du facteur politique dans sa réflexion générale. Il admet que "la politique a sa place, remplit sa fonction", ajoutant même : "Sans elle il n'y aurait pas de Dictature et sans doute je ne serais pas ici… ".
Mais c'est pour souligner immédiatement que "la vie d'un pays est plus complexe, plus large, échappe plus aux organes et à l'action du pouvoir que beaucoup ne pourraient le croire". Salazar en réalité, tout en étant antidémocrate, refuse de considérer que l'histoire se décide uniquement par en haut : "L'histoire d'une nation n'est pas seulement l'histoire de ses conquérants, de ses grands rois ; elle est, surtout, la résultante du travail que le milieu impose aux hommes, et des qualités et défauts des hommes qui y vivent." Ces réserves effectuées, Salazar fut toute sa vie de dirigeant en contact avec les maurrassiens français qui, à l'instar d'Henri Massis, vinrent le visiter à différentes reprises et lui dire toute leur admiration pour lui et son régime. Car si Salazar a été marqué par Maurras, ce dernier l'a été tout autant, dédicaçant ainsi son recueil de poésie la Balance intérieure à celui qui "a rendu à l'autorité le visage le plus humain des visages". »
Salazar a-t-il été formé à l'école de Maurras ? La question lui a été posée. « Salazar n'esquive pas mais précise les choses : "J'ai lu les livres politiques de Maurras ; ils séduisent par la clarté, par la logique de la construction… si on en admet les prémices. Mais entre les admirateurs inconditionnels du doctrinaire français et moi, il y a une différence, disons d'attitude, qui a une influence dominante dans le champ de l'action." En réalité, Salazar ne partage pas le primat maurrassien du "politique d'abord". Salazar explique ainsi que Maurras lui a permis de rééquilibrer la place du facteur politique dans sa réflexion générale. Il admet que "la politique a sa place, remplit sa fonction", ajoutant même : "Sans elle il n'y aurait pas de Dictature et sans doute je ne serais pas ici… ".
Mais c'est pour souligner immédiatement que "la vie d'un pays est plus complexe, plus large, échappe plus aux organes et à l'action du pouvoir que beaucoup ne pourraient le croire". Salazar en réalité, tout en étant antidémocrate, refuse de considérer que l'histoire se décide uniquement par en haut : "L'histoire d'une nation n'est pas seulement l'histoire de ses conquérants, de ses grands rois ; elle est, surtout, la résultante du travail que le milieu impose aux hommes, et des qualités et défauts des hommes qui y vivent." Ces réserves effectuées, Salazar fut toute sa vie de dirigeant en contact avec les maurrassiens français qui, à l'instar d'Henri Massis, vinrent le visiter à différentes reprises et lui dire toute leur admiration pour lui et son régime. Car si Salazar a été marqué par Maurras, ce dernier l'a été tout autant, dédicaçant ainsi son recueil de poésie la Balance intérieure à celui qui "a rendu à l'autorité le visage le plus humain des visages". »
« Le premier argument en faveur d'un traitement immédiat et systématique des patients présentant un risque de développer une forme sévère de détresse respiratoire, sans attendre que ce soit le cas, est l'asymétrie. D'un côté, une situation potentiellement explosive : des personnes infectées en contaminent d'autres, de sorte qu'à partir d'un petit nombre de personnes atteintes par le virus, un très grand nombre de personnes peuvent être contaminées. De l'autre côté, même en admettant un risque mal estimé d'accidents du traitement, aucun risque de contamination : un accident de traitement n'en provoque pas chez le voisin. En statistiques, ces situations ont un nom. D'un côté, une incertitude incontrôlée, à "queues de distribution épaisses" : l'incertitude, à partir d'une centaine de cas observés peut potentiellement devenir millions. De l'autre côté, une incertitude contrôlée, "à queues de distribution fine" : le pourcentage d'accidents peut, peut-être, doubler, mais ne va pas se multiplier indéfiniment. Dans ce type de situation asymétrique, le principe de précaution place la charge de la preuve du côté qui porte le risque incontrôlé. En d'autres termes, le principe de base de l'éthique de la prise de décision scientifique en situation d'incertitude asymétrique dit que ce n'est pas au professeur Raoult de démontrer l'efficacité de son traitement, dès lors que certaines indications convergentes laissent penser qu'il fonctionne, mais au contraire, à ceux qui le refusent de démontrer qu'il présente plus de dangers que l'absence de traitement . On commence par traiter puis, en cas de gros problèmes, on fait marche arrière. Le risque de cette approche est infiniment moins grand que celui de l'approche inverse. »
« Le concept de transhumanisme n'est ni récent, ni américain : il apparaît pour la première fois en 1937 sous la plume d'un ingénieur et polytechnicien français, Jean Coutrot. Il ne traversera l'Atlantique qu'en 1951, porté par le biologiste Julian Huxley, dont le frère Aldous écrivit Le Meilleur des mondes. […] Pendant un demi-siècle, l'idée que le progrès scientifique doit faire naître une "nouvelle humanité" sera portée par de nombreux auteurs à succès, du biologiste Alexis Carrel au journaliste Louis Pauwels, créateur de la revue de science-fiction Planète en 1961, en passant par le prêtre et philosophe Pierre Teilhard de Chardin. »
« La réaction des Français et de leur gouvernement au coronavirus est généreuse, mais n'est-elle pas aussi téméraire ? "Quoi qu'il en coûte" a dit le jeune homme présidentiel au milieu d'une des longues phrases soporifiques dont il a le secret. Quoi qu'il en coûte, vraiment ? Au prix de sacrifier l'économie française, la justice et l'éducation qui sont elles aussi très malades depuis longtemps ? Même si ça a l'air mesquin, il faut pourtant se poser ces questions essentielles. Le philosophe André Comte-Sponville […] a eu le courage de briser le consensus national sur le soutien total à la vieillesse et à la grande vieillesse. Dans "Face à la crise du coronavirus, gare au pan-médicalisme", il écrit : "Le pan-médicalisme, c'est tout demander à la médecine, non plus seulement notre santé, mais le bonheur lui-même", et : "La médecine coûte cher, et de plus en plus. Comment pourrait-elle abolir les exigences de l'économie, qui permet seule de la financer ?" »
« Il y a en effet quelque chose de fondamentalement différent entre l'impôt et le don. Le premier est obligatoire et sert à financer des actions sélectionnées unilatéralement par les gens au pouvoir selon une seule échelle de valeur, la leur. Dès lors, les contribuables n'ont plus aucune possibilité de choix. Au-delà des compétences régaliennes de l'État, en plus du tonneau des Danaïdes que représentent l'Éducation nationale ou la sécurité sociale et en dépit des échecs répétés de l'État-stratège, sans compter toutes les gabegies et toutes les indélicatesses financières des syndicats et des élus, ils en sont à financer à contrecœur – par exemple, telle exposition pompeuse d'art moderne qu'ils n'iront voir en aucun cas ou tel spectacle affligeant de bien-pensance qui leur paraît ennuyeux à mourir. À l'inverse, le don restitue les citoyens dans leur liberté de choix et leur permet d'aller directement vers ce qui leur tient à cœur ou leur semble le plus rationnel. […] C'est précisément cette liberté de choix inhérente au don qui irrite considérablement nos censeurs. Non pas que l'argent du contribuable, surtout si ce dernier fait partie des "riches", ne constitue pas l'objet de tous les désirs de la gauche. Bien au contraire. Mais en aucune façon cet argent ne doit provenir d'un choix effectué librement en ce qui concerne son moment, son montant et sa destination. En aucun cas il ne doit permettre au donateur d'être identifié comme un généreux donateur. »