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sciences
« Il faut dépasser le sourire : l'enjeu est vital. Le 14 mai dernier, une équipe de scientifiques japonais a publié une étude dont on ne doit pas sous-estimer l'importance. […] Cherchant des alternatives à l'intubation dans les cas de détresse respiratoire, l'équipe s'est ingéniée à mettre à profit la vascularisation des intestins : les échanges entre la paroi intestinale et le système sanguin sont importants et rapides. L'idée de ces chercheurs était donc d'utiliser ce point d'entrée pour tenter de faire passer l'oxygène dans le sang. […] L'expérimentation sur des cochons démontra alors la possibilité d'une "respiration" intestinale, sans conséquence néfaste. »
« Il s'agit maintenant de voir dans quelles conditions et avec quel succès la technique peut être employée sur des êtres humains – et espérer que l'impact qu'elle aura, dans le monde médical et dans les médias, dépassera effectivement l'anecdote d'actualité et le sourire. L'histoire des sciences montre que le lien entre idée, efficacité et adoption d'une pratique est bien plus complexe qu'on pourrait le croire. Et le cas de la réanimation "inversée" est à ce titre exceptionnel. »
« En effet, ces chercheurs japonais ont renoué sans le savoir avec une tradition médicale européenne méconnue, qui proposait de ramener à la vie des asphyxiés en soufflant dans le derrière dès la fin du XVe siècle. Cette pratique, rarement mentionnée, ne prit une réelle importance qu'au XVIIIe siècle, lorsque la réanimation des noyés devint un véritable enjeu pour les Lumières – jusque-là, on ne pensait guère à réanimer. Les savants innovèrent en changeant l'injection d'air par l'injection de fumée de tabac : l'idée n'était pas d'injecter de l'oxygène, celui-ci, et la chimie de la respiration, ne furent découverts que dans les années 1770. Sous cette forme tabagique, l'insufflation anale fut jusqu'au milieu du XIXe siècle la pratique phare de la réanimation médicale, avant de disparaître, sans réelle explication. »
« Il serait assez tentant de voir là un récit en pointillé sur des siècles et à l'échelle mondiale : une vieille intuition médicale de la fin du Moyen Âge, développée enfin au siècle des Lumières, perdue, puis retrouvée au temps du coronavirus par des Japonais. C'est une narration possible, mais ce n'est ni la plus probable, ni surtout la plus intéressante : il faut choisir les questions que l'on pose à l'histoire. Si l'on ne cherche pas à lui faire dire que la vérité et l'efficacité scientifiques apparaissent progressivement, surmontant les obstacles que les époques leur tendent (une vision biaisée et linéaire qu'on appelle téléologique), on voit apparaître des chemins méandreux, des motifs et des interactions inattendus entre la culture et la science. »
« Toujours est-il que la pratique connut un succès incroyable : lorsque, à la fin des années 1760, les sociétés de secours aux noyés commencent à se répandre en Europe, l'insufflation anale est toujours la première technique recommandée. Comme les défibrillateurs publics de nos jours, on vit alors, à Amsterdam, Paris, Londres, Berne, Venise et dans des centaines d'autres villes, apparaître des "boîtes fumigatoires". Il s'agissait de caisses contenant le nécessaire à réanimation, c'est-à-dire, avant tout, un soufflet adapté à un brûleur de tabac. À Paris, Amsterdam et Londres, ces sociétés, plus ou moins soutenues par le pouvoir, recensèrent scrupuleusement leurs activités : noyés repêchés, techniques mises en œuvre, succès… à en croire ces documents, les cas prouvant l'efficacité de l'insufflation anale se mesurent en centaines. On ne saurait les prendre pour argent comptant cependant. […] Les cas de "réussite" peuvent correspondre à de simples réveils, dus à la douleur provoquée par l'insufflation anale. Si l'on ne peut pas apporter de réponse certaine à la question de l'efficacité ou de l'inefficacité de cette étrange pratique, les indices tendent plus vers une efficacité très modérée ou nulle. »
« Quoi qu'il en soit, et quelles que soient ses sources d'inspiration, l'équipe japonaise aboutit bien à un résultat très prometteur. Celui-ci pose une question vertigineuse. La respiration intestinale des loches n'est pas une découverte. Le perfluorocarbone non plus – on trouve dès les années 1960 des études sur la capacité de mammifères à respirer ce liquide par les poumons, un motif mis en scène dans le film Abyss (1989). Quant à la connaissance de la capacité d'absorption du rectum, cela est vieux comme les suppositoires. La question est : pourquoi ces éléments simples, parfaitement connus, n'ont pas été rassemblés plus tôt, qui plus est quand l'enjeu est celui d'une alternative à l'intubation dont les risques sont tout autant connus ? Dire ceci ne retire rien au mérite de l'étude japonaise, au contraire. Mais sur le temps long, ce sera peut-être moins cette étude qui paraîtra étonnante que sa genèse tardive. »
« Il s'agit maintenant de voir dans quelles conditions et avec quel succès la technique peut être employée sur des êtres humains – et espérer que l'impact qu'elle aura, dans le monde médical et dans les médias, dépassera effectivement l'anecdote d'actualité et le sourire. L'histoire des sciences montre que le lien entre idée, efficacité et adoption d'une pratique est bien plus complexe qu'on pourrait le croire. Et le cas de la réanimation "inversée" est à ce titre exceptionnel. »
« En effet, ces chercheurs japonais ont renoué sans le savoir avec une tradition médicale européenne méconnue, qui proposait de ramener à la vie des asphyxiés en soufflant dans le derrière dès la fin du XVe siècle. Cette pratique, rarement mentionnée, ne prit une réelle importance qu'au XVIIIe siècle, lorsque la réanimation des noyés devint un véritable enjeu pour les Lumières – jusque-là, on ne pensait guère à réanimer. Les savants innovèrent en changeant l'injection d'air par l'injection de fumée de tabac : l'idée n'était pas d'injecter de l'oxygène, celui-ci, et la chimie de la respiration, ne furent découverts que dans les années 1770. Sous cette forme tabagique, l'insufflation anale fut jusqu'au milieu du XIXe siècle la pratique phare de la réanimation médicale, avant de disparaître, sans réelle explication. »
« Il serait assez tentant de voir là un récit en pointillé sur des siècles et à l'échelle mondiale : une vieille intuition médicale de la fin du Moyen Âge, développée enfin au siècle des Lumières, perdue, puis retrouvée au temps du coronavirus par des Japonais. C'est une narration possible, mais ce n'est ni la plus probable, ni surtout la plus intéressante : il faut choisir les questions que l'on pose à l'histoire. Si l'on ne cherche pas à lui faire dire que la vérité et l'efficacité scientifiques apparaissent progressivement, surmontant les obstacles que les époques leur tendent (une vision biaisée et linéaire qu'on appelle téléologique), on voit apparaître des chemins méandreux, des motifs et des interactions inattendus entre la culture et la science. »
« Toujours est-il que la pratique connut un succès incroyable : lorsque, à la fin des années 1760, les sociétés de secours aux noyés commencent à se répandre en Europe, l'insufflation anale est toujours la première technique recommandée. Comme les défibrillateurs publics de nos jours, on vit alors, à Amsterdam, Paris, Londres, Berne, Venise et dans des centaines d'autres villes, apparaître des "boîtes fumigatoires". Il s'agissait de caisses contenant le nécessaire à réanimation, c'est-à-dire, avant tout, un soufflet adapté à un brûleur de tabac. À Paris, Amsterdam et Londres, ces sociétés, plus ou moins soutenues par le pouvoir, recensèrent scrupuleusement leurs activités : noyés repêchés, techniques mises en œuvre, succès… à en croire ces documents, les cas prouvant l'efficacité de l'insufflation anale se mesurent en centaines. On ne saurait les prendre pour argent comptant cependant. […] Les cas de "réussite" peuvent correspondre à de simples réveils, dus à la douleur provoquée par l'insufflation anale. Si l'on ne peut pas apporter de réponse certaine à la question de l'efficacité ou de l'inefficacité de cette étrange pratique, les indices tendent plus vers une efficacité très modérée ou nulle. »
« Quoi qu'il en soit, et quelles que soient ses sources d'inspiration, l'équipe japonaise aboutit bien à un résultat très prometteur. Celui-ci pose une question vertigineuse. La respiration intestinale des loches n'est pas une découverte. Le perfluorocarbone non plus – on trouve dès les années 1960 des études sur la capacité de mammifères à respirer ce liquide par les poumons, un motif mis en scène dans le film Abyss (1989). Quant à la connaissance de la capacité d'absorption du rectum, cela est vieux comme les suppositoires. La question est : pourquoi ces éléments simples, parfaitement connus, n'ont pas été rassemblés plus tôt, qui plus est quand l'enjeu est celui d'une alternative à l'intubation dont les risques sont tout autant connus ? Dire ceci ne retire rien au mérite de l'étude japonaise, au contraire. Mais sur le temps long, ce sera peut-être moins cette étude qui paraîtra étonnante que sa genèse tardive. »
« La Terre devient un système géophysiologique incontrôlable » : voilà ce qu'écrit Frédéric Joignot dans les colonnes du Monde, en rendant compte d'un livre signé Donna Haraway. Seuls les premiers paragraphes de cet article nous sont accessibles. Mais cela nous laisse pantois : comment peut-on laisser entendre que l'humanité ait jamais exercé un véritable contrôle sur le climat ?
Selon cet article, « un objectif majeur de la biologie de l'évolution » serait « de comprendre si certaines caractéristiques spécifiques du corps se sont adaptées à un but, ou si elles se sont simplement développées au hasard » (sic).
Explication : ils « utilisent en fait davantage leur métabolisme aérobie pour produire l'énergie nécessaire à l'effort » ; « les enfants sont donc particulièrement bien armés pour pratiquer une activité physique qui dure ».
Pour faire des recherches sur des populations au patrimoine génétique homogène. C'est en tout cas l'explication avancée par ces Chinois qui viennent d'y parvenir.
Dans les sous-sols du palais du Louvre, on trouve un accélérateur de particules (vingt-sept mètres de long). Un appareil censé percer les mystères des antiquités. Dénommé Aglaé, il vient d'être mis à jour.
Magie des OGM : « Transportées et laissées à l'air libre, les morceaux de pommes ne changent pas d'aspect et gardent leur côté croquant. » Seuls les États-Unis semblent concernés pour le moment.
Pourquoi la Terre tourne-t-elle autour du Soleil ? « Ce n'est pas dû à l'attraction de notre étoile, mais à la courbure de l'espace-temps. » Euh… Ne s'agit-il pas en fait de décrire un même phénomène d'une façon différente ?
Lu dans Sciences & Avenir : « Nul besoin de fiction pour donner corps à des créatures terrifiantes. » En effet, certains modes de reproduction sont étonnants, sinon effrayants.
Quelques parallèles peuvent être établis entre les monstres d'Alien et des créatures bien réelles. À commencer par les guêpes parasitoïdes, dont les larves se développent aux dépens de leurs hôtes.
La vitesse de la lumière est une constante de la physique. Du moins la plupart des scientifiques s'accordent-ils sur ce point. Mais il demeure des contestataires. Le débat pourrait être définitivement tranché prochainement.
Une onde gravitationnelle a enfin été détectée ! Aperçu des techniques mises en œuvre dans les observatoires à l'affût des "vibrations de l'espace-temps".
Tout n'est pas facile à suivre dans cet article, mais cela semble remarquable : « introduire une modification génétique peut désormais se faire en une semaine, contre plusieurs mois auparavant », selon un représentant l'Institut Pasteur.
« Que vaut "Climat Investigation" ? », se demande Rachel Mulot. « Est-ce réellement un brûlot ? Pas vraiment. C'est plutôt un opus qui digère bien mal la science et une pseudo-enquête qui accuse maladroitement et à tort. »
« Les diversités génétique et physique humaines sont plus fortes entre les individus d'une même population qu'entre les populations. Ceci rend l'espèce inclassable en races cohérentes, malgré de nombreuses tentatives. »
Avis aux fans d'Interstellar : quelque chose peut-il s'échapper d'un trou noir ? Stephen Hawking pense que oui, et propose son explication. Pas facile à comprendre, mais néanmoins fascinant !
Réduit à la taille d'une fourmi, un individu présenterait une densité supérieure à celle d'une naine blanche ! Mais il n'aurait plus rien d'humain...
De quoi nourrir la réflexion sur la boiéthique et la « santé reproductive », comme on dit dans les organisations internationales. Avis aux pourfendeurs du « meilleur des mondes » !
Le temps n'existe pas, nous disent les physiciens. D'ailleurs, pour continuer à faire "comme si", il faut tricher avec les horloges : celles-ci viennent d'être décalées d'une seconde dans la nuit du 30 juin au 1er juillet (2015).
Cent ans après sa formulation, la relativité générale se trouve vérfiée par une nouvelle observation encore inédite : celle d'une lentille gravitationnelle.